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samedi 17 octobre 2020

J'aime bien les prématurés !

 

  Tout amateur de la Semeuse connait sa date de naissance philatélique : c'est le 2 avril 1903 que furent mis en vente les premiers timbres à son effigie. Il s'agit du 15 c. vert de la Semeuse lignée, dont la teinte a été choisie après de multiples essais.

Pour ne pas dénaturer l'oeuvre de son célèbre créateur Oscar Roty, le graveur Mouchon s'est donné bien du mal pour rendre au mieux l'effet de relief sur ce fond ligné, et cela a également donné lieu à de multiples essais. Nous y reviendrons à l'occasion...

  Il parait que le timbre devait initialement être tiré sur un papier teinté jaune vif, du plus bel effet, mais qui se serait avéré trop coûteux. On en connait quelques rares exemplaires.

  Tout ça pour dire que bien des tâtonnements furent nécessaires avant de livrer ce nouveau timbre à sa destinée, restée unique dans les annales de la Poste du fait de sa diversité et de sa durée d'utilisation extraordinaire !

  L'accueil du public fut enthousiaste, et les ventes se sont envolées. Au point que le premier jour de mise en vente, dans les quelques bureaux parisiens qui avaient été approvisionnés, il fallait faire la queue pour s'en procurer aux guichets. Du coup, on en trouve assez souvent sur des lettres (puisque 15 c. était le tarif de la lettre pour l'intérieur) oblitérées de ce célèbre jeudi. Les gens, philatélistes ou pas, les ayant précieusement conservées.



  Moi, vous le savez, je m'intéresse beaucoup aux dates. Celles situées au bas des feuilles ou des carnets imprimés à plat, aussi bien que les coins datés des feuilles rotatives. Je répertorie absolument TOUT ! C'est mon dada, comme disaient les anciens. Ça me plait, et ça m'apporte souvent des renseignements très utiles sur mes timbres préférés.

Vous comprendrez que lorsque j'ai su que j'avais raté la vente sur internet de ce joli panneau, je m'en sois mordu les doigts :

Il a été imprimé la veille de l'émission du timbre, le 1er avril, ce joli poisson ! 

Millésime 3 pour 1903, tirage sur la presse 1, conduite par un ouvrier identifié par la lettre Q.

 C'était il y a quelques années, et mes doigts ont tant bien que mal cicatrisés depuis, ce qui me permet de vous en parler aujourd'hui. Mais il me manque toujours...


  J'ai eu l'occasion ces derniers jours de me rattraper, grâce à la mise en vente simultanée (étonnante coïncidence) de plusieurs autres "prématurés" que je tiens à vous montrer. 

 Voici tout d'abord ce tiers inférieur d'une feuille que les trois capitaines auraient appelée vilaine :


  Regardez bien dans la marge du bas : la date du jeudi 26 mars est la toute première connue à ce jour pour ce timbre, une semaine avant sa sortie ! Cette feuille n'a pas satisfait aux exigences rigoureuses de qualité de l'atelier de fabrication des timbres-poste, et a été annulée à la main par ces hexagones concentriques, apposés à l'aide d'un rouleau encré de noir. On appelle ça une "paraoblitération".  
Son prix étant un peu trop élevé pour moi, compte-tenu de son mauvais état de conservation, je me suis contenté d'un fragment, déniché ailleurs, et caché dans un lot :

La toute première date d'impression de toutes les Semeuses !
Une semaine avant leur naissance officielle.

Qui pourra nous montrer une date encore plus prématurée ?


  Et comme le hasard fait toujours bien les choses, j'ai également mis la main au même moment sur cet autre bloc, daté du lendemain, le vendredi 27 mars :


  Cette date là aussi m'avait glissé entre les doigts par le passé, mais en moins jolie :


  Toutes ces feuilles annulées qui auraient dû être détruites, se sont faufilées entre les mailles du filet pour sortir de l'atelier et parvenir entre les mains de quelques philatélistes avertis. 

  Ce n'est pas moi qui vais m'en plaindre, même si elles ont été découpées. Heureusement pour moi, leur marge inférieure a été conservée !

Une seule date par feuille. Probablement quelques feuilles existantes, témoignant des difficultés techniques rencontrées.

N'allez pas croire en les voyant ici réunies qu'on en voit souvent : elles sont vraiment rares !

  Lorsque le tirage tourne à plein régime, l'atelier peut imprimer à l'époque jusqu'à 30 000 feuilles de 150 timbres par jour. De quoi satisfaire tous les français.

Peut-être existe t'il des feuilles non annulées aussi précoces ? 
Mais je n'en ai jamais vu...



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