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samedi 29 avril 2017

Surprise !


  Encore une fois, internet m'a permis de dénicher une lettre assez curieuse et originale, datant de 1924, et affranchie avec ma très chère Semeuse bleue à 25 centimes.

  Comme vous allez le découvrir, même après l'avoir examinée de près, elle garde encore sa part de mystère.


  C'est la raison pour laquelle je vous la présente ici, dans l'espoir que l'un d'entre vous aura peut-être une explication à nous fournir, car je vous l'avoue déjà, ce n'est pas mon cas !


  En zoomant un peu, on aperçoit et on découvre avec stupeur qu'elle est affranchie avec une superposition de deux timbres :


  Il s'agit du type IA qui n'a été imprimé à plat que sous la forme de feuilles de 150 timbres, mais on sait qu'il y a eu deux présentations : les feuilles-vente normales, et celles destinées à la fabrication des roulettes. Vous devinez où je veux en venir ?
Non ? 
Pas encore ?...

  Le décentrage vers le bas étant exactement le même sur les deux, on peut en déduire sans trop se tromper qu'ils proviennent de la même partie d'une feuille.

Mais si on réfléchit un peu, on se demande bien qui aurait eu l'idée saugrenue de dépenser le double de ce qui était nécessaire pour envoyer une lettre !

Alors, on extrapole : on se dit qu'il pourrait bien s'agir d'une partie d'une bande verticale pour roulettes, puisque l'on sait que leur réalisation était totalement manuelle à l'époque : on collait bout à bout les panneaux constituant les feuilles pour roulettes, puis on les découpait en bandes verticales de 15, que l'on raboutait une à une pour en faire une roulette de plusieurs centaines de timbres !

  Et si c'était le cas, alors ce serait une belle rareté, car les types IA provenant de roulettes sont quasiment impossibles à identifier, à de rares exceptions près !


  D'autant plus que les amateurs auront remarqué que les dents horizontales paraissent bien avoir été découpées mécaniquement (et non déchirées). Du moins celles du bas du timbre de dessus, et celles du haut du timbre de dessous. Un peu en arc de cercle d'ailleurs.

N.B. Les dents verticales déchirées se rencontrent avec les roulettes à plat, contrairement aux roulettes rotatives.

  Mais ne croyez surtout pas que la poste était stupide à ce point pour gaspiller un timbre à chaque fois qu'elle voulait rabouter ses bandes verticales ! C'est à dire une fois sur 15, puisque les bandes verticales étaient de 15 timbres. Cela aurait représenté pour elle 6,66 % de pertes, ce qui est absolument impensable !

  Pas du tout : elle se servait pour ses raboutages des bas de feuilles volontairement laissés non imprimés. Voici d'ailleurs la seule feuille connue de ce type IA pour roulettes (elle est au musée postal depuis longtemps) :
Au bas il existe 2 rangées supplémentaires, dentelées non imprimées, 
que l'on ne voit pas hélas sur cette image, et destinées aux raboutages.


 Je me suis donc dit, en achetant cette lettre, qu'il y avait sous le premier timbre, non pas un autre timbre semblable au premier, mais un "timbre" non imprimé, tout blanc, correspondant au bas de la feuille. Ce qui aurait prouvé la provenance d'une de ces fameuses roulettes à plat.

  On devine sur les 2 timbres, grâce au zoom et à cause du décentrage, les signatures de Roty et Mouchon du timbre de la rangée du dessus, mais peut-être qu'il n'y a rien d'autre d'imprimé sur le timbre qui est recouvert par l'autre ?...

Un petit rappel pour vous donner une idée de leur rareté : on ne connait que 3 de ces bandes verticales (mais on m'a dit qu'il en existait d'autres...). 
Une seule s'est vendue publiquement, autour de 65 000 euros !


 Je m'imaginais déjà, à la réception de cette lettre, en train de décoller précautionneusement cette superposition, et j’espérais fort ne trouver dessous qu'un simple bord de feuille vierge !

Et bien non : c'est raté !


Il y a bien un autre timbre dessous !

  Il faut croire que la Compagnie Française de Radiophonie n'en était pas à 25 centimes près !

D'ailleurs, la date de 1924 correspond à une époque où les roulettes étaient assez à la mode, mais alors imprimées par les nouvelles machines rotatives.

L'entreprise devait donc à mon avis se fabriquer elle même ses propres bandes de roulettes, à partir de bandes verticales découpées dans des feuilles-vente normales achetées à la poste. Ensuite, elle n'avait plus qu'à insérer ses roulettes bricolées dans de petits appareils distributeurs de timbres, qui devaient rendre un peu plus facile la vie de tous les jours des secrétaires, chargées de l'expédition du courrier.

  D'ailleurs, la poste faisait techniquement bien mieux au niveau de l''alignement de ses raboutages, afin de ne pas bloquer le fonctionnement de ses distributeurs automatiques. Ici, force est de reconnaître que c'est du bricolage, de l'à peu près : la superposition est loin d'être parfaite.

En gaspillant au passage un timbre de temps en temps !
Peut-être même un timbre sur cinq, soit 20 % de perte !
Puisque les feuilles-vente normales ne pouvaient fournir, elles, que des bandes de 5...

Certes, c'est un peu tiré par les cheveux, et pas logique ni rentable du tout, mais vous me voyez désolé, je n'ai pas trouvé de meilleure explication !

Et vous ?