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jeudi 25 décembre 2014

Sacré Virgile - Sacré Maurice !

Pierre Virgile Chareyre.
Maurice Digeaux.

Beaucoup des philatélistes collectionnant les timbres dits "semi-modernes" doivent connaître, au moins de nom, cet industriel de l'Ardèche et ce négociant parisien que les timbres ont fait se réunir.

P. V. C. est à l'origine de deux superbes carnets publicitaires vantant les produits de sa marque de produits à base de "soie artificielle".

Ils sont tous deux constitués de deux panneaux imprimés à plat :
- celui de droite constitué de 10 timbres avec bande publicitaire
- et celui de gauche de 10 jolies vignettes des différents produits de la marque

Le tout agrafé dans une couverture polychrome du plus bel effet.
La belle idée que voilà !
Bonnes idées de cadeaux pour philatélistes avertis, et sorties juste avant Noël !

L'un contient 10 timbres à 15 c. brun Semeuse camée (YT n°189) type I
Imprimé le 5 décembre 1928, et tiré à 4300 exemplaires :


L'autre 10 timbres à 50 c. rouge Semeuse lignée (YT n°199) type II B
Imprimé le 1er décembre 1928, et tiré à 8400 exemplaires :



L'idée commerciale était de fournir ces carnets "à ses agents et ses clients de gros" (je cite un extrait de la lettre reproduite) afin qu'ils utilisent les timbres et les vignettes pour faire de la publicité à son entreprise !


Cette lettre répond déjà à la demande d'un philatéliste de 1929.

Les philatélistes (et les marchands de timbres) ont été tellement séduits qu'ils ont beaucoup conservé de ces carnets intacts, ce qui fait qu'aujourd'hui, ils ne sont pas très rares.

On trouve d'ailleurs assez peu fréquemment au contraire les timbres ayant bel et bien servi sur le courrier, à la fois pour l'affranchissement et pour la publicité !

Je ne suis donc  pas sûr du tout que le but recherché de "cette publicité spéciale très coûteuse" ait été un jour atteint...

Et comme nul n'est aussi bien servi que par soi-même :



Là où cela se gâte un peu, c'est lorsque l'on déplie le petit fragment de journal collé sur la lettre !
Il s'agit d'un extrait de l'Echo de la Timbrologie du 15 février 1929, montrant une annonce d'un célèbre négociant en timbres du boulevard Magenta à Paris, le fameux Maurice Digeaux.

Non seulement celui-ci propose à la vente ces deux carnets, à un assez bon prix (pour lui) : 36 fois la valeur des timbres pour le 189, et 10 fois leur valeur pour le 199 !
Ce qui laisse d'ailleurs à penser qu'il ne lui reste déjà plus beaucoup de carnets du 189...

Fichtre que voilà une belle affaire !
Mais pour qui ?

Ne pensez-vous pas que les deux hommes se sont un petit peu acoquinés, non ?

Peut-être pour que P.V.C. puisse finalement rentrer dans ses frais, après l'échec relatif de sa campagne publicitaire ?
L'histoire ne le dit pas, mais elle le laisse bien deviner...

Comme il est écrit dans l'annonce, ces carnets avaient déjà bien été repérés par les philatélistes grâce à la complicité (si j'ose dire) du même journal dès le début de l'année 1929 !


  Cet intéressant courrier avec cette petite annonce extraite d'un journal nous permet également de savoir que ces sacrés lascars ont également tous les deux (de concert oserais-je même dire) aimablement distribué à leurs clients ou amis, des couvertures de ces deux carnets qui devaient leur rester sur les bras.
Couvertures contenant cette fois-ci non pas 10 timbres et 10 vignettes, mais 20 vignettes non dentelées, sans aucune valeur d'affranchissement bien entendu :


Il s'agit des mêmes vignettes que celles des carnets avec timbres

Il existe deux variantes de chacun de ces deux carnets de vignettes.
Avec ou sans un trait d'encre annulant sur la couverture la valeur des timbres qu'ils ne contiennent pas :


Et, au dos des vignettes, soit un texte imprimé explicatif de P. V. C.


soit la simple mention "Sans valeur d'affranchissement"


Ils ne sont pas très connus ces carnets sans timbres, mais force est de reconnaître qu'ils ne courent pas la rue Drouot, contrairement à ceux qui en contiennent...  Bizarre !...

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  Maurice Digeaux, décidemment grand "amateur" de carnets, est passé à la postérité en faisant lui aussi sa publicité personnelle sur un nombre volontairement restreint de carnets dont les bords de feuille avaient été laissés vierges lors de leur fabrication.
Carnets imprimés à plat ou en rotatif par l'atelier, mais sur lesquels il a dû ensuite se débrouiller avec ses propres moyens pour y apposer son nom et sa publicité.

En voici un exemple :

  
Pas terrible comme pub !
Cela n'a pas dû lui coûter bien cher. Ni lui faire d'ailleurs tellement de publicité !

Contrairement aux jolis carnets de P.V.C. il en a conservé les couvertures d'origine, pourtant assez moches, et au nombre de 9 différentes comme il l'explique sur ce feuillet :


200 carnets exactement, tous bien recensés, soit 4000 timbres,
et tous bien "destinés à être distribués gratuitement aux collectionneurs"

Avec des timbres à 10 c. vert au type Pasteur ou Semeuse imprimés à plat
et des timbres imprimés en rotatif, Semeuse lignée 50 c. rouge au type IV

D'ailleurs, si vous croisez un jour un de ces timbres sur lettre d'époque, je suis preneur, même d'une photo : je n'en ai jamais vu. C'est dire s'ils étaient bien destinés aux collectionneurs !

  Mais, vu les prix demandés aujourd'hui pour ces carnets, il y a certainement quelqu'un qui a dû faire une bonne affaire au passage...

D'ailleurs les vrais amateurs ne s'y trompent pas : ces carnets Digeaux ne se vendent pratiquement jamais lorsqu'ils sont proposés sur le marché de nos jours.
Bien fait !   Na !


Il y a plusieurs décennies, jeune philatéliste, je me suis permis de contacter Monsieur Digeaux, mais il ne disposait hélas plus depuis longtemps d'aucun de ces timbres ni carnets.
Il m'avait très aimablement répondu.

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Un grand MERCI à mon ami Lucien qui m'a permis de vous faire découvrir cette lettre !
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vendredi 19 décembre 2014

Carnets de Porte-Timbres : un beau bébé à mettre dans la crêche !

  Ceux qui ont suivi la découverte progressive de ces porte-timbres avec la Semeuse avec sol à 10 c. rouge (n°134) vont être ravis, au moins autant que celui de la crêche !  :

On vient de voir apparaître ces jours-ci, dans une vente parisienne, ce magnifique carnet :



Jusqu'à présent, il n'était connu qu'a un seul exemplaire, qui lui hélas ne contenait que 5 timbres, mais qui avait en outre l'avantage d'être au sein d'une très jolie collection, et non pas abandonné sur le marché (de Noël).

Celui-ci ressort après de nombreuses années passées dans les albums d'un grand amateur, et ami collectionneur y ayant apposé son cachet à l'époque.
Mais il s'en était déjà séparé il y a longtemps, sur les hauteurs de la côte d'azur...

Alors, où était-il passé depuis ce carnet ?
Chez un autre grand collectionneur qui lui, ne lit pas mon "blog" en tout cas !

Et qui a reçu en échange 4358 euros (moins les frais de vente)
pour faire ses emplêtes de fin d'année peut-être ?
Qui sait ?




mardi 30 septembre 2014

Suite de la découverte d'avril...

Au vu de ce bas d'une feuille de roulettes, imprimée en 1914, on s'aperçoit que l'identification du conducteur de la presse se faisait déjà avec un chiffre ( 4 ) et non pas avec une lettre !

Pas vu d'autre depuis ?...


On remarquera aussi la position en bas à droite de ces caractères, ce qui est assez rare (en général, ils sont situés en bas à gauche), mais ce qui est curieusement assez souvent le cas pour les feuilles de roulettes
(si l'on peut dire fréquent pour de telles raretés !)

vendredi 19 septembre 2014

La Poste ne chipotait pas en 1906 !

 
  Pourtant l'émission du 10 centimes rouge Semeuse avec sol (YT134) a été réalisée un peu dans l'urgence cette année-là.
La loi abaissant le tarif de la lettre simple pour l'intérieur avait été votée le 6 mars, avec une mise en application dès le 16 avril.
Il fallait à tout prix "marquer le coup" en émettant un nouveau timbre.

De nombreux essais furent réalisés, qui ne donnèrent pas satisfaction, et la Semeuse choisie, celle dite "maigre", ne sera pas prête à temps.
Il faudra mettre en vente en attendant cette Semeuse avec sol, dérivée de la Semeuse à fond ligné, avec son fameux "téton" dont nous avons déjà parlé.

Son procédé d'impression reste un cas unique : un seul galvano de 50 timbres a tout d'abord été constitué, sur lequel ne figure pas encore le millésime. On parle de planche I.


A partir du mardi 10 avril ( trois jours seulement avant le jour d'émission fixé au vendredi 13 ) et pendant quinze jours, deux millions de timbres furent tirés avec le seul galvano disponible de 50 timbres.

L'impression a été réalisée sur la base du même format que les feuilles classiques pour l'époque de 300 timbres, en aile de moulin. C'est à dire en position tête-bêche.

Mais au lieu d'imprimer deux fois 150 timbres, comme l'atelier ne disposait que d'un seul galvano de 50 et non pas des trois qu'il lui aurait fallu, ce ne sont que deux fois 50 timbres qui ont été imprimés sur ces grandes feuilles, selon le shéma suivant :


                                                              20 000 feuilles au total !

Aprés séparation en deux de la feuille au format de 300 timbres, les deux feuilles-ventes au format habituel de 150 timbres pouvaient ainsi être gommées et dentelées par les machines habituelles.

Sauf qu'elles avaient cette particularité restée unique, de ne comporter qu'un seul panneau de 50 timbres situé en haut de la feuille, et sans millésime.

Il n'existe donc pour cette première planche, que des panneaux "haut de feuille" que l'on reconnait facilement puisque la bordure du haut reste toujours non dentelée.
Par ailleurs, du fait de l'impression en aile de moulin, il ne peut exister que des feuilles-vente de droite, avec un grand bord de feuille à droite et un petit à gauche (voir le pointillé sur le schéma).


   Même s'il devait initialement ne s'agir que d'un essai, non destiné à la vente, et comme l'on ne rechignait pas devant le travail à l'époque, l'atelier a décidé de s'en servir pour confectionner à la main des feuilles de 150 timbres, qu'elle pourra mettre en vente comme les autres !
C'est toujours ça de réalisé comme économie, aprés avoir gaspillé tout ce papier...

Il y avait effectivement un fort gaspillage de papier, puisque les deux tiers inférieurs de chaque feuille, ne comportant aucun timbre imprimé, étaient perdus !
Et en plus, on avait décidé d'abaisser de 15 à 10 centimes le prix du timbre.
Mais au moins l'on s'y retrouvait un peu en vendant malgré tout ce qui avait déjà été imprimé !

L'histoire ne dit pas, en revanche, si ces feuilles comportaient ou non, en bas, les caractères habituels permettant d'identifier leur date d'impression, le conducteur de la machine, et le numéro de la presse, puisque toute cette partie des feuilles était jetée.
Il aurait fallu pouvoir jeter un oeil dans leurs poubelles...

1er jour d'émission
             A t'on choisi un vendredi 13 pour lui porter chance ?

   Cependant, comme nous l'avions déjà vu dans un précédent article, quelques temps auparavant, l'atelier avait aussi imprimé de la même façon, des essais de feuilles comportant
- en haut un panneau de 50 timbres avec sol,
- au milieu 50 effigies avec le soleil devant (non émis),
- et rien dans leur tiers inferieur.

Ces feuilles-là étaient bien pourvues des dits caractères :

Celle-ci a été imprimée le samedi 7 avril 1906 par Monsieur N, sur la presse 13

Toujours est-il que le panneau que nous vous avons montré témoigne bien du travail fastidieux réalisé à la main pour les premières feuilles émises de cette Semeuse avec sol : après dentelure, un ouvrier séparait le tiers supérieur normalement imprimé, des deux tiers inférieurs restés vierges destinés quant à eux à la poubelle.

Ensuite, il se servait des bords de feuilles de ces panneaux de 50, pour rabouter trois par trois les panneaux entre eux, et ainsi parvenir à former des feuilles de 150 !

En regardant à présent ce panneau du coté gomme, on y retrouve bien les raboutages en haut et en bas.


Et, en zoomant sur le haut de notre panneau, on s'aperçoit également du raboutage qui fait toute la particularité de ce premier tirage :



   A partir du 26 avril, une deuxième planche fabriquée à l'aide de trois galvanos de 50, comportant bien le millésime 6 cette fois-ci, va prendre le relai.
Son tirage sera de 28 millions de timbres, émis dès le 17 mai.

Cette planche II va permettre, comme cela était l'usage, d'imprimer en une seule fois et surtout bien plus simplement, toujours en aile de moulin, les feuilles de 150 timbres.


                   Celle-ci a été imprimée le mardi 29 mai 1906 par Monsieur Q, sur la  même presse 13.

Le tout sans gaspiller de papier, ni occuper inutilement les pauvres ouvriers.

Ceux-ci ne pouvaient tout de même pas épuiser toute leur salive dans la bataille, à force de lêcher à longueur de journée les bords de feuilles gommés de 40 000 panneaux !
Espérons qu'ils avaient un autre moyen à leur disposition...


   La distinction entre les timbres issus de la planche I et ceux de la planche II n'est pas évidente du tout !
Les catalogues parlent même de types I et II.
 Ceux qui ont bien suivi auront retenu que si vous avez un millésime 6, il s'agit à coup sûr de timbres provenant du second tirage, alors que si vous trouvez un bloc sans millésime, il doit s'agir en revanche du premier tirage.

Quoique !...
Pour certains, l'absence de millésime pourrait également se rencontrer avec la planche II.
Mais il s'agirait d'une variété, le chiffre 6 n'ayant parfois pas été imprimé.

Cela demande encore à être confirmé...

Qui aurait déjà vu un bloc sans millésime de ce timbre MAIS au type II  ?

jeudi 10 avril 2014

Carnets imprimé à plat daté : une trouvaille + besoin de votre aide !


Bonjour,

Comme la plupart d'entre vous le sait, les premiers carnets de France ont été imprimés en typographie à plat. Le petit format 110x60 mm des tout premiers, du fait de leur découpe, ne fournit que très exceptionnellement des informations aux philatélistes dans leurs marges, qui sont quasi inexistantes !

En revanche, les suivants au format 115x72 mm peuvent, lorsqu'ils sont bas de feuille, et coupés un peu de façon asymétrique avec un bord de feuille inférieur suffisamment grand, laisser aperçevoir, ou voir, le groupe de caractères bien connu qui est commun à toutes les feuilles imprimées à plat à l'époque :
Il s'agit, de la gauche vers la droite, de l'identification par son initiale du technicien responsable de l'impression, suivie de la date (jour et mois séparés par un 0), puis de l'indicatif de la presse utilisée. Rarement, l'initiale et la presse sont inversés.

Un carnet sur six est bas de feuille (impression en feuilles de 120 timbres = 6 carnets de 20), et souvent la date n'est pas lisible car elle se retrouve massicotée, ce qui fait que les carnets datés ne sont pas si courants que çà...
Nous en connaissons cependant déjà plusieurs centaines, de dates ! Sur les feuilles, avec le millésime, on avait aussi l'année. Pas sur les carnets puisque jamais de millésime.

Cependant, nous arrivons +/- toujours à connaitre les années en question notamment grace aux pubs et aux séries des couvertures.

L'initiale du conducteur de la presse était, par définition, une lettre (ou deux parfois).
L'exemple qui suit, découvert ces jours-ci, nous prouve qu'il peut aussi s'agir d'un chiffre : ici le 4.


Carnet imprimé le 17 avril 1925 sur la presse 10, par Monsieur "4".

Comme quoi, on fait encore des trouvailles au bout de 90 ans...

Si vous possedez de tels carnets datés, je vous serai très reconnaissant de bien vouloir me contacter, car le recensement est toujours en cours, et de nouvelles dates sont certainement encore à découvrir !...
Et des raretés aussi !

Merci de prendre la peine de regarder vos bas de feuilles de carnets !
Pour l'instant, ne parlons pas de carnets rotatifs, avec "coin daté"...

samedi 15 mars 2014

Les toutes premières et belles pubs de l'époque !...


Proust avait ses madeleines.
Voyons un peu les nôtres...

Tout collectionneur qui se respecte garde forcément dans un coin de sa mémoire le souvenir du jour où une pièce particulière est entrée dans ses albums. On se souvient comme si c'était hier du lieu et du moment précis où l'on a enfin déniché l'oiseau rare : lors d'une vente, en entrant dans une boutique, ou encore sur le stand d'un négociant.

Le plaisir de cet instant là nous revient alors, à chaque fois que nos yeux se posent sur cette pièce, parfois empreint du léger sentiment d'angoisse qui l'a accompagné : "Vais-je pouvoir me l'offrir ? Est-ce bien raisonnable ? Combien cela va t'il me coûter ?" etc...

Mais avec les années, seul le coté agréable nous reste, et c'est une des raisons pour lesquelles la collection garde tout son attrait, même si le nombre de philatélistes se réduit semble t'il...
 
C'est pour tenter de susciter de nouvelles vocations de philatélistes, pour donner envie à certains de s'y remettre, et pour faire partager les bons moments que les timbres savent nous offrir, que ce "blog" a vu le jour.
 
Ma madeleine à moi, c'est un carnet. Un des plus jolis que je connaisse, et même après plus de quarante ans de vie commune, il me plait toujours autant !
 
Non pas parce qu'il est rare et beau (bien que cela ne gâche en rien mon plaisir), mais parce qu'il me rappelle mon enfance et mes débuts dans la philatélie. Mon grand-père qui me l'a transmis, avec sa passion pour le type Semeuse.
 
A l'époque j'ignorais tout de Carlos Courmont et de ses centaines de séries de couverture !
Et je n'étais pas le seul !...
C'était le bon vieux temps où l'on pouvait faire des affaires extraordinaires car pas grand monde ne s'intéressait aux carnets.
Je n'avais pas encore en tête toutes ces publicités qui sont venues à partir de 1924, en quelque sorte "taguer" les bords de feuille de ces fameux carnets que je ne connaissais qu'en photos.

Les catalogues n'étaient pas autant détaillés que de nos jours.
Jamais je ne regretterai de m'être plongé tôt dans cette collection des pubs et des carnets !

Et puis il y a eu la sortie des deux tomes de l'ouvrage de Storch et Françon, dans lequel j'ai retrouvé mon carnet-madeleine en bonne place, et qui fut comme un détonateur pour mon amour des Semeuses : tant d'érudition et de précisions que j'ai dû les relire dix fois chacun !  

Les pubs qui sont donc apparues début 1924 sur les marges (sup. et inf.) des carnets de notre chère Semeuse à 25 c. bleu au type II ont été de véritables pionnières, et il me semble à ce titre tout à fait justifié de leur rendre ici l'hommage qu'elles méritent !

Durant plus d'un an et demi, elles vont rester attachées à notre Semeuse lorsque celle-ci était vendue en carnets, alors qu'elle représentait le tarif de la lettre simple pour l'intérieur.

On pourrait penser que son utilisation a été massive, car on ne retrouve plus guère de carnets entiers de cette époque, devenus de vraies raretés !
Ce n'est pas pour autant que l'on en voit beaucoup sur lettres...

Voici pour commencer un détail de la célèbre couverture de mon 1er carnet :    

Reconnaissez qu'il y avait de quoi en tomber amoureux : une belle auto et une scène animée, façon bande dessinée, en polychromie, et un carnet rare à l'intérieur, avec les pubs Eco et Olibet
(en minuscules, cela a son importance).

Il faut dire que ces publicités des années vingt avaient bien du charme, comme nous allons le voir...
Dans ce premier carnet, on n'a pas hésité à mélanger une pompe à essence et des biscuits pour le thé !

      

Cette même marque de biscuits (en majuscules cette fois-ci) a ensuite été associée à une eau minérale, nettement plus buvable !
  

Et à une compagnie d'assurances, le tout dans le même carnet !
 
     

A moins que Le Secours ne trouve plus rentable de se retrouver tout seul dans un carnet, ou de tenir compagnie, dans un autre, à de célèbres marques de bretelles ou de stylos !
  










 

            


   
 

 
Il paraitrait même que ces bretelles nous ont aidé à gagner la guerre ! 



 
 On a eu aussi des producteurs de condiments, une boisson pour les amoureux...

  

 
 

Mais ce n'est pas tout, cela va se compliquer encore, du fait du succès obtenu par ces pubs : les annonceurs se multiplient, certains signent une nouvelle commande, et l'on trouve donc dans certains carnets jusqu'à 4 annonceurs différents, comme par exemple Grey-Poupon et Olibet avec la source agréable de Vichy et les dentifrices des Bénédictins. Quel éclectisme !
 
 


Ce n'est pas l'eau qui est bénite, c'est le dentifrice !




Mais à l'inverse, certaines grandes marques ont préféré être les seules à faire leur publicité dans un seul carnet, comme l'eau d'Evian ou le cognac Bisquit. Ce sont les pubs et les carnets les moins rares.




Les carnets Evian sont particulièrement nombreux : on les trouve avec une multitude de couvertures, toutes plus jolies les unes que les autres ! Mais je m'égare...
 
Certaines autres entreprises ne feront leur propagande que sur la moitié ou même sur le quart seulement de quelques rares carnets, ce qui les rend bien plus difficiles à trouver de nos jours.
 

 











                                                                        



 
 



 
 

 

Les grands magasins du Louvre ont eu droit, fait exceptionnel, à un traitement particulier, style "V.I.P." rien que pour eux : un carnet de 20 timbres + un autre devenu carrément introuvable, ne contenant lui que 10 timbres, et dont le tirage aurait été très limité, pour être distribué gratuitement, et non pas vendu aux guichets de la poste comme tous les autres !
De quoi mériter de nos jours une place au musée d'en face !


 



 
Et pour finir, voici quelques jolis courriers affranchis à l'aide de ces rares pubs.
 
 
 
Sachant que le tarif pour l'étranger était de 50 c., on en voit parfois 2 qui ont fait un beau voyage.
 
 
 
Ou même 4 (rarissimes) avec ici un tarif recommandé :
 


Si après tout ça, je n'ai pas réussi à vous donner l'envie de collectionner les pubs,
c'est à désespérer...
 
Surtout que je n'ai fait qu'aborder le problème, en me limitant à un seul timbre !
 
Il existe 13 carnets différents avec ce timbre
(si l'on ne se réfère qu'aux pubs qu'ils contiennent)
 
Sauf erreur, on a déjà répertorié environ 160 couvertures.
 
Un même carnet a presque toujours existé avec bien des couvertures,
et une même couverture a tout à fait pu contenir plusieurs carnets différents
ce qui fait au moins 258 carnets différents,
sans compter ceux qui ont été surchargés pour l'Algérie...
 
Croyez-moi, il y a de quoi occuper toute une vie de collectionneur !