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mercredi 29 mai 2019

Cherries on the cake !


  En philatélie, lorsque l'on a la bonne idée de se spécialiser et de passer plusieurs années à étudier un certain type de timbres, une période ou une émission, lorsque l'on prend la peine de se documenter, et du plaisir à échanger ses connaissances avec d'autres amateurs, une chose est certaine : on y trouve au fil du temps de plus en plus de satisfaction !

  Certes cela prend beaucoup de temps, et plus ou moins d'argent, mais je peux vous assurer que ce que l'on investit nous est toujours rendu, et souvent avec des intérêts non négligeables !

  Personnellement, j'ai choisi la Semeuse étant enfant, et je lui reste fidèle depuis. J'ai eu la chance que mon grand-père en soit lui aussi un grand passionné : il s'était lancé principalement dans la collection des coins datés, mais n'avait pas pour autant négligé les autres présentations en carnets, roulettes, ou en feuilles.
Et c'est certainement cette diversité qui m'a plu lorsque je m'y suis intéressé à mon tour.

  Ma passion n'a fait que croître, en même temps que mon savoir, et mon budget a fait de son mieux pour essayer de s'y adapter. J'ai écumé les marchés au timbres avec quelques francs en poche à mes débuts, pour finir par faire des virements en euros aux quatre coins du monde !

Le plaisir est resté le même, que ce soit en vidant mon petit porte monnaie ou en donnant ces derniers temps des sueurs froides à ma banquière : chercher et dénicher une jolie pièce qui me plait (ou qui me manque) et la classer ensuite dans mes albums. Après l'avoir étudiée et appréciée à sa juste valeur.

  Par exemple, ajouter un coin daté supplémentaire payé un euro, à mon ensemble du très courant 15 centimes brun qui en comprend déjà plus de 3000, me procure pratiquement la même joie que de devoir économiser pendant plusieurs mois pour m'offrir un joli carnet rare !

  Forcément, après toutes ces années, parmi les différentes valeurs de cette Semeuse, on devient plus sensible à certaines de ses couleurs chatoyantes, on en vient à préférer certaines présentations plutôt que d'autres, à regarder plus volontiers les jolies publicités de certains carnets ou une belle variété, qu'un banal bas de feuille, même s'il porte la date d'impression.

  L'aspect spectaculaire de certains défauts d'impression ou de piquage a toujours eu pour moi un attrait particulier. Ça me plait d'imaginer ce qui a bien pu se produire dans la chaîne de fabrication, de deviner à quel moment le grain de sable a bien pu se glisser dans les rouages, malgré toutes les attentions prises par les employés de l'atelier du boulevard Brune à l'époque.

Il m'a fallu du temps pour connaître, apprécier et bien comprendre, mais à présent j'en récolte souvent les fruits.

  Je ne suis pas le seul dans ce cas, mais cela fait de très nombreuses années que je m'intéresse aux carnets, et ce pour plusieurs raisons :
- l'aspect esthétique de beaucoup de leurs couvertures, avec les annonces publicitaires amusantes des marques de l'époque : médicaments incroyables, pièces pour automobiles, produits alimentaires etc..
- la rareté de certaines pièces et donc la possibilité de trouvailles, même encore après presque un siècle de recherches philatéliques : on en découvre encore !
- les types des timbres souvent spécifiques, différents de ceux des feuilles et des roulettes.
- leurs différents modèles, imprimés à plat ou bien rotative.

  Mais le plus remarquable pour cette présentation en carnets, c'est la rareté des jolies variétés, du fait de tirages bien plus restreints que pour les feuilles. Peut-être aussi que le contrôle de la qualité était plus rigoureux ? Toujours est-il que l'on en trouve d'assez discrètes, nécessitant une loupe, mais très peu de spectaculaires.
Même si sur ce "blog", vous allez en voir des sympas...

Que dire alors de celles qui sautent aux yeux, 
touchant les carnets les plus rares ?
On n'en voit quasiment jamais !

  Je vous laisse imaginer ma joie d'avoir vu se présenter récemment dans une vente le bloc suivant :


Un magnifique pli accordéon survenu sur la partie gauche 
d'un carnet du n°140 YT sans publicité et au petit format 110 x 60 mm, 
haut de feuille (bord supérieur non perforé verticalement).
Ce qui est déjà exceptionnel !

  Ce type d'anomalies liée à un froissage de la feuille au moment de l'impression se rencontre presque toujours au niveau des coins des feuilles, vous comprendrez aisément pourquoi : pas facile de manipuler et de positionner à la main ces grandes feuilles de papier à la perfection !

  Je l'avais déjà repéré dans une vente londonienne prestigieuse à la fin de l'année dernière, mais hélas au sein d'un lot important, bien au-dessus de mon budget. Le lot avait été acquis par un négociant, qui a donc ensuite eu la bonne idée de le détailler. Pour mon plus grand plaisir.

Il aurait pu s'agir de timbres au type II, le plus "courant" des carnets de ce 25 c. bleu (comme devait d'ailleurs le penser le vendeur). 
Mais non : il s'agit au contraire du plus rare, le type I B, datant de 1921 !

Voici pour le gâteau !


Mais le plus amusant est à venir...

  Vous pensez bien que j'ai tout fait pour le faire venir dans ma collection. J'ai fait une offre, et je me suis rongé les ongles d'impatience jusqu'à la clôture de la vente.
Il suffisait qu'un autre petit malin comme moi reconnaisse le type pour que le prix s'envole, ou bien pire : qu'il ne m'échappe !

Heureusement, cela n'a pas été le cas, et je l'ai emporté. Il faut dire qu'il y avait tant de jolies variétés proposées dans cette vente, qu'il fallait savoir y faire son choix.
Le mien avait été fait, et bien fait : il s'agit vraiment d'une pièce unique !

  Lorsque je l'ai reçu, je suis resté longtemps à l'admirer sous toutes les coutures, avant de le retourner. Il était décrit comme sans charnière, ce qui m'importait assez peu, mais j'ai fini par jeter un œil au dos. C'est là que j'ai découvert une légère trace de charnière.

Quel malotru a donc bien pu oser coller un jour une charnière sur cette jolie gomme ?


Vous croyez sincèrement que c'est ça, ma cerise sur le gâteau ?
C'est mal me connaître !
Regardez plutôt...
Juste à coté de la trace de charnière, la voici :


Un joli recto-verso partiel, passé inaperçu lui aussi !
Étonnant, non ?
Je vous avais pourtant déjà conseillé de toujours regarder au dos, 
et pas uniquement pour y chercher des défauts sur la gomme.

Du coup, je n'ai pas rouspété pour la trace de charnière !...

  Il faut croire que lors de l'impression ce jour-là, la feuille qui a immédiatement précédé la nôtre s'est retrouvée discrètement repliée sur elle même au niveau de son coin supérieur gauche, entraînant le dépôt de l'encre sur le support de la presse. Notre feuille est alors venue ensuite se poser à cet endroit, et a reçu cette petite portion d'impression bleue au verso, en coin.

Ensuite, l'ouvrier responsable de la presse qui s'est aperçu du pli accordéon, a pris la peine de soigneusement le défroisser. Il ne fallait surtout pas gâcher !

La feuille a ainsi pu être gommée puis perforée normalement, avant d'être agrafée dans une feuille de couvertures, et finalement découpée en 6 carnets. 

  Celui du haut était certes un peu raté, avec son gros pli accordéon, mais une fois enfermé dans sa couverture, il a su se faufiler à travers les contrôles. 
Il a été vendu normalement au guichet d'un bureau de poste. 
Les 16 autres timbres, normaux, réussis, ont pu être utilisés pour le courrier de son acheteur, qui a mis de côté ce superbe bloc de 4 : c'est pour ça que je l'aime tant !

Avouez qu'il aura fallu un sacré concours 
de circonstances pour qu'il voie le jour...

*****

  A présent, vous devez peut-être vous demander pourquoi, dans mon titre, j'avais mis cerises au pluriel, et en anglais.
C'est en raison d'une autre jolie surprise, ayant pour seul point commun avec la précédente que d'être arrivée à peu près au même moment, et au même heureux philatéliste...

  J'avais repéré dans une vente américaine (d'où les cherries et le cake) cette jolie boîte à timbres en fer, compartimentée et décorée, proposée pour quelques dollars :


Une case pour les cartes postales, une pour les lettres pour la France, 
et une pour celles pour l'étranger.

J'ai là encore eu la chance de l'obtenir, et pour pas cher du tout.
Les frais de port m'ont coûté 2 fois plus que le lot, c'est vous dire !

Me voilà donc en train d'ouvrir hier le paquet reçu par la poste : tout au fond j'y trouve bien protégée une enveloppe renforcée. Je l'ouvre, et surprise : il y'en a deux !


Deux pour le prix de même pas une !
Et deux différentes qui plus est !

Décidément, me voici bien gâteau  gâteux  gâté !


*****
  Terminons avec un festival de tous les jolis plis accordéons que j'ai rencontrés sur les carnets de ce 25 c. bleu :

Type IV :
(défroissé après le piquage celui-ci)

Type II :



Type II avec pub :



Si vous en connaissez d'autres, n'hésitez pas à me contacter 
en cliquant sur "Aucun commentaire" ci-dessous 

!
!
V

mardi 14 mai 2019

Filigrane Aussedat : du nouveau !


   Déjà repéré en 1910, et signalé aux collectionneurs de timbres-poste par Arthur Maury comme une rareté, il le reste plus d'un siècle plus tard.
Le 10 c. rose Semeuse lignée YT n°129 imprimé exceptionnellement sur un papier filigrané du fabriquant Aussedat, est indéniablement une vedette !

  Nous en avons déjà parlé ici, c'est vrai, mais nous restons vigilants et cela nous permet d'en apprendre un peu plus à chaque fois.

Notamment que l'illustre Arthur avait vu à l'époque un bloc avec millésime 5 pour 1905, ce qui vient contredire mes déductions, dont je vous avais fait part. Je croyais, à tort, que l'utilisation de ce papier n'avait eu lieu qu'entre 1906 et 1907...

Hélas, aucun des exemplaires oblitérés que j'ai pu voir ne porte un cachet dont la date soit bien lisible, ce qui ne nous aide pas !

   Vous savez bien que j'adore vous faire partager le résultat de mes recherches, et les informations que je glane de-ci de-là, cahin caha (pour ceux qui apprécient l'opérette).

C'est ainsi qu'en me lançant dans la numérisation de mes archives photographiques, j'ai retrouvé le seul exemplaire neuf que j'ai jamais vu se vendre de ce timbre, fin 2009.
Et le voici :


  Il faut vous dire que depuis des décennies, je conserve les photos des pièces que je trouve intéressantes, découpées dans les catalogues ou les revues, avec le plus souvent la date et le prix. 

Vous imaginez la place que cela pouvait prendre, alors qu'à présent tout est stocké sur un petit disque dur externe. C'est plus moderne, et surtout beaucoup mieux rangé !

En revanche, et croyez bien que j'en suis désolé, on ne voit pas franchement le filigrane sur cette image, pourtant en haute résolution. Peut-être le trait en diagonale dans le bas de la robe ?...

Si jamais son heureux propriétaire le reconnait, 
et même s'il préfère rester anonyme, 
qu'il me contacte pour m'en offrir une meilleure vue, 
cela me ferait le plus grand plaisir...

*****

   Un correspondant m'a tout récemment fait découvrir un texte de V. Bourselet datant de 1936, décrivant un timbre porteur du fameux filigrane qu'on lui a soumis, et qu'il nous dessine :


On y devine la fin de AUSSEDAT et le tout début de à (Annecy).
Dans le sens vertical du timbre.

   Nous savions déjà que l'on pouvait rencontrer ce filigrane aussi bien dans ce sens là que dans le sens horizontal, mais ce qu'il y a d'extraordinaire dans cet article (à part son absence de photo), c'est que le timbre en question n'est pas un YT n°129 mais un n°130 ! ! !


Oui, vous m'avez bien lu : une Semeuse lignée oui, mais verte et à 15 centimes existe : personne n'en a plus jamais parlé nulle part, et personne ne l'a plus jamais vu non plus ! 
Pfffouuit ! Pas vu, pas pris, disparu !

Possible même qu'il ait été perdu au milieu d'une collection, sans que celui qui en a hérité ne s'y intéresse d'assez près pour en reconnaître la rareté... 

Si jamais vous vous mettez à retourner tous vos 130 
et que vous n'en croyez pas vos yeux, 
ou bien si vous savez où celui-ci se cache,
là encore n'hésitez pas à me contacter...

*****
  
   Vous allez penser que j'abuse à lancer ainsi des appels aux quatre vents, et que cela ne sert à rien au vu de la rareté de ces timbres filigranés. 
Mais non !

Il est certain que la probabilité est infime d'en trouver un en retournant toutes les Semeuses concernées qui nous passent entre les mains. 
En revanche, parfois mes appels et mes articles sont entendus ou lus, et ils me permettent d'en savoir un peu plus. Vous allez voir...

   C'est ainsi qu'un collectionneur que je ne connaissais pas, m'a fait le plaisir de m'écrire tout récemment suite à la lecture de ce blog. 

Et oui ! En surfant sur le net, il est tombé sur mes articles concernant ce fameux filigrane, en particulier celui sur la Semeuse camée 5 c. vert YT n°137, et cela lui a rappelé de vieux souvenirs.
Lorsqu'il me les a racontés, j'étais stupéfait.
Du coup, je vous en fais profiter, avec son autorisation.

   Dans les années 80, au cours d'une réunion de son club philatélique, il est tombé par hasard dans un album sur un trésor ! Et ce trésor, vous en connaissez une partie...

Son œil a été attiré par une Semeuse verte avec CDF et croix de repère, qu'il a achetée, pour presque rien j'imagine. La voici :


  Ce n'est que revenu à son domicile qu'il a remarqué la présence d'un filigrane sur son bas de feuille, ce qu'il a jugé suffisamment curieux pour en discuter avec un collègue du club. 
Il en ignorait la rareté et la valeur, mais avait bien compris l'intérêt philatélique que pouvait avoir ce filigrane. 
S'il n'en avait jamais entendu parler, son collègue, lui, oui...

Parfois, il faut savoir tenir sa langue !

  De plus, se souvenant de la présence dans l'album juste à côté de sa merveilleuse découverte, d'une bande de 3 avec bas de feuille, il avait bien l'intention de l'acheter elle aussi lors de la réunion suivante du club, pensant qu'elle devait logiquement être également porteuse du filigrane. 
Il avait absolument raison, et avait même fait part de son intention à son collègue...

  Hélas pour lui, ce dernier (qui n'est en aucune façon resté son ami), s'est empressé de lui piquer ladite bande de 3, juste sous son nez ! Et sans s'en cacher qui plus est !

Je vous laisse le soin de qualifier l'attitude de ce philatéliste certes averti, mais qui n'en valait pas le quart de la moitié d'un !

  C'est l’appât du gain qui a dû amener l'énergumène en question à faire publier 2 ans plus tard la photo de cette bande de 3 dans "Timbroscopie", en novembre 1986, comme si c'était sa trouvaille. 

Il a ensuite essayé d’allécher certains marchands parisiens qui se sont montrés intéressés, mais heureusement pour moi, pas acheteurs.

C'est finalement à moi, via internet, que la bande a été vendue au début de l'année 2015. 
Vous l'aviez deviné.

  Et c'est encore la magie d'internet qui me permet de réunir plus de trente ans après le début de ces péripéties, les quatre timbres dont il est question, et de vous en faire profiter :


Aucun doute possible : il s'agit des cases 146 et 147-148-149 et du même bas de feuille, avec sur le petit dernier, la presque fin du nom AUSSEDAT. Comme le reste, lisible à l'envers.

Les timbres qui étaient initialement situés encore plus à gauche, étaient attenant à un bas de feuille portant la fin du filigrane : à Annecy, mais ils courent toujours dans la nature. 
Si toutefois ils existent encore...

  Hélas, ceci n'est qu'un montage photo, et les timbres sont encore tristes et désespérés, enfermés dans deux collections différentes. 
Mais on va tout faire pour organiser un jour leurs retrouvailles !... 
En tout cas, c'est ce que j'espère de tout mon cœur ! 

Car, franchement, quels parents indignes oseraient 
mettre au monde de si jolis quadruplés 
pour les laisser vivre séparément 
pendant plus de 3 décennies, 
et finalement s'opposer 
à ce que la vie les réunisse enfin ?

Non, ce ne serait pas humain...


Un grand MERCI à l'inventeur (comme l'on dit) de cette magnifique variété, sans qui elle aurait pu ne jamais être découverte, et qui m'a fait le plaisir à la fois de me lire, de me conter son aventure, et de m'envoyer la photo de son 137 !