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mardi 26 octobre 2010

Des p'tits trous, toujours des pt'its trous...

Il paraît que beaucoup de géniaux inventeurs revendiquent la paternité de l'utilisation d'une dentelure pour séparer les timbres, mais ceci remonte à bien avant nos chères Semeuses, au cours du siècle qui les précède. Nous ne nous mêlerons donc pas de ce débat, même si les postiers leurs sont encore reconnaissants de nos jours, pour n'avoir plus à viser entre deux timbres avec leurs ciseaux. Les perforations étaient nées et bien nées !


En revanche, de petits malins ont eu, eux, l'idée encore plus saugrenue de se servir du même principe, et de le copier pour faire des trous dans les timbres, et non plus seulement autour !


Cela nous a donné les fameux timbres perforés, et ceux au type Semeuse sont probablement les plus courants d'entre eux. On en trouve facilement, et plusieurs centaines de différents sont répertoriés !
Leur valeur est le plus souvent minime, bien que les amateurs soient nombreux.
Il est vrai que rien n'est plus facile que d'en fabriquer à volonté à partir de timbres normaux de peu de valeur...


Les collectionneurs les recherchent surtout sur courrier d'époque.



Rappelons que le but était de rendre les timbres inutilisables par des employés éventuellement malhonnêtes d'une société qui, elle, les achetait pour son courrier professionnel, et les perforait avec ses initiales, ou des sigles divers, afin que le personnel ne puisse s'en servir pour son propre compte, et ne soit donc trop tenté de les dérober...


Idéalement, le courrier doit être marqué de l'entreprise en question, de même que le timbre, ce qui n'est pas toujours le cas.

Mais même avec ces exigences, il est difficile de trouver de vraies raretés parmi ceux-ci !


En voici pourtant quelques exemples, rarissimes :



Sur cette lettre de la compagnie d'assurance "Le secours", vous reconnaitrez peut-être un joli timbre à 25 c. bleu au type II, issu des 3èmes carnets ayant été émis avec ce timbre, en 1922, sans publicité sur la bandelette, et perforé S. A. pour "Secours Assurance ou Accident ?".

C'est vraiment très peu courant à mon avis : je n'en ai jamais vu d'autre !

Encore fallait-il avoir repéré qu'il s'agissait d'un timbre de carnet...

Pour l'apprécier à sa juste valeur, il vous faut savoir que ces perforations n'étaient que très exceptionnellement réalisées sur des timbres issus de carnets.
Les entreprises stockaient en effet bien plus volontiers des feuilles que des carnets.
Et la perforation devait être bien plus facile techniquement sur des feuilles.


Une nouvelle fois se vérifie le vieil adage des philatélistes amateurs et connaisseurs :
"Tout est dans la fabrication des timbres"



Ensuite, les timbres issus de carnets ont parfois eu l'inconvénient de porter une bandelette publicitaire, publicité vantant les mérites d'une autre société parfois.
Alors on la coupait et on la jetait à la poubelle : tant pis pour ceux qui avaient payé une publicité pour se faire connaître !


Comme sur cette autre lettre :


On voit à peine apparaître la publicité au dessus du timbre : fallait avoir l'oeil !...


Tant pis pour la revue "Les Annales" qui voulait faire sa pub dans ses carnets, et dont on a volontairement éliminé la bandelette tenant au timbre.
Heureusement, le décalage vertical la laisse entrevoir, sinon ce timbre de carnet aurait été bien moins facile à repérer. Il s'agit là encore d'un type II, mais issu d'un carnet avec publicité, émis en 1924.

Le timbre est perforé N. G. utilisé sur un courrier des Nouvelles Galeries Réunies.
Vraiment pas courant non plus...


Les plus attentifs d'entre vous auront noté la date erronée sur le dateur du centre : le 39 mars 1925 !!!

Si vous en connaissez de similaires, je suis preneur, même d'une photo...


Comme quoi, en ayant l'oeil bien attentif, et en étant bien averti, l'on peut encore, et pour quelques euros seulement, réunir ainsi de jolies raretés dans sa collection, alors qu'elles sont probablement passées inaperçues sous le nez de bien des collectionneurs !


Un dernier exemple, encore plus rare, sans être pourtant issu de carnets :


Le timbre est un 10 c. rouge issu de feuille, mais cette fois-ci perforé Ltre 5 cmes par une entreprise "La lettre à 5 centimes" qui vendait à moitié prix, en 1912-1913, une enveloppe trouée prête à être utilisée, dans laquelle se trouvait une lettre pour la correspondance des acheteurs. Les deux étant couvertes de diverses publicités commerciales. Une merveille à voir !

Ce n'est ici hélas qu'un fragment.

Divers petits cadeaux étaient offerts par la même occasion par le journal "La Dépêche" de Toulouse qui appelait ça une pochette-prime (un buvard et un joli crayon dans ce cas) !


Les deux modèles existant, dont on ne connait que quelques exemplaires, sont visibles complets à la rubrique "Entiers" du 10 c. rouge sur le fameux site http://www.semeuse.com

Leur tirage aurait pourtant été de 10000 exemplaires ( x 2 modèles différents).

A mon avis, vous n'en verrez pas ailleurs d'aussi jolis : personnellement, voila une bonne vingtaine d'années que je cours après, sans jamais avoir pu en attraper un entier !

Y a d'quoi devenir dingue

De quoi prendre un flingue.

S'faire un trou, un p'tit trou, un dernier p'tit trou.

Un p'tit trou, un p'tit trou, un dernier p'tit trou

Et on me mettra dans un grand trou.

Et j'n'entendrais plus parler de trous

Des petits trous, des petits trous Des petits trous, des petits trous....

...comme chantait le regretté Serge Gainsbourg !

vendredi 1 octobre 2010

La bien curieuse Semeuse à 1 Franc 50

En 1930, l'affranchissement d'une lettre simple pour l'intérieur ne coûtait que 50 centimes de notre ancien Franc : soit environ 760 fois moins qu'aujourd'hui si l'on considère que le tarif actuel de 58 centimes d'euro = 3,80 nouveaux Francs !

La première guerre et ensuite la crise économique de 1929 avaient laissé en piteux état les finances de notre pays, et beaucoup de moyens plus ou moins justifiés, ont été jugés bons à l'époque pour tenter de combler les déficits.

Cela ne vous rappelle t'il pas quelque chose ?...

La Poste va alors participer - modestement mais à plusieurs reprises - à la nécessaire récolte de fonds publics, notamment par l'intermédiaire de diverses émissions de timbres porteurs d'une surtaxe plus ou moins importante.

Ces timbres, dont les tirages étaient le plus souvent assez limités, sont restés célèbres depuis, surtout aux yeux des collectionneurs, et ont d'ailleurs été assez peu utilisés sur le courrier, ce qui en fait parfois de jolies raretés.

D'autant plus que leur valeur faciale ne correspondait pas réellement à un tarif bien déterminé, et d'autant surtout que la surtaxe en question n'avait aucune valeur d'affranchissement : elle restait aux frais des acheteurs, en pure perte ! Tout le bénéfice devant aller aux caisses de l'état.

La générosité des clients de la Poste n'étant pas légendaire, ces timbres eurent très peu de succès, ils étaient chers, peu utiles, et leurs chiffres de vente sont restés bien faibles... sauf auprès des philatélistes de l'époque, qui eux les ont souvent stockés.
Ils ne sont donc pas vraiment rares, mais restent chers cependant. Trop ???


Parmi ces timbres à surtaxe, figureront 5 émissions successives, de 3 timbres chaque année, vendues entre 1927 et 1931 au profit de la Caisse d'amortissement.

La Caisse d’Amortissement était un organisme officiel destiné à « amoindrir » la dette intérieure de l’Etat (conséquence des emprunts répétés émis lors de la Première Guerre mondiale et de la période qui suivit). Elle était alimentée par des taxes sur les tabacs et diverses denrées, mais aussi par ces surtaxes sur les timbres.

Sur ces 15 timbres, il se trouve que 12 sont au type Semeuse qui nous intéresse tant.

En effet, en 1927, 1928 et 1929, c'est le type Pasteur qui avait été choisi à trois reprises pour le timbre à 1 f. 50 mais ensuite la Semeuse a pris le relai. Pourquoi ???

Ce qu'il y a de plus curieux dans cette affaire, c'est que le timbre Pasteur à 1 f. 50 existait bel et bien avant ces émissions (et on n'a eu qu'à en changer la couleur), alors qu'aucun timbre au type Semeuse à 1 f. 50 n'avait jamais été envisagé jusque là !!!

Il a donc fallu le fabriquer exprès !

Et, plus curieux encore, il s'avère que celui-ci n'existera jamais sans surcharge !

On a donc pris la peine de fabriquer dans cet étrange but, un nouveau poinçon spécial à 1 f. 50 au type Semeuse, puis, par galvanoplastie, soigneusement réalisé un cylindre complet appelé A+B, permettant d'imprimer 2 feuilles de 100 timbres à chaque tour de rotative.

Vu les faibles ventes de ces timbres, il n'est pas certain du tout que cette affaire ait été finalement bien rentable pour nos finances de l'époque !
Il est même probable que le bilan en soit même déficitaire !

Alors, on a bien essayé de rentabiliser un peu plus cette chère Semeuse de déficits :

En 1930, après un premier tirage en violet pour la Caisse d'amortissement, on en a tiré un deuxième en bleu pour Andorre (dès le lendemain !), puis un troisième et dernier l'année suivante, en rouge cette fois-ci, afin de terminer en beauté la cinquième série de la Caisse d'amortissement.

Au total 4 jours de tirage seulement pour cette singulière Semeuse aux trois couleurs, et toujours surchargée ! Un cas unique dans l'histoire de la philatélie !

Et donc seulement huit coins datés possibles, que voici réunis pour vous :


Croyez en un féru de coins datés, réunir ces 3 tirages n'a pas été une mince affaire, mais fut en tout cas une véritable partie de plaisir, ayant duré pour moi environ 3 décennies !

Amusant : le plus rare de ces trois tirages, et de loin, se trouve être, comme c'est souvent le cas hélas, celui à qui l'on donne le moins de valeur dans nos célèbres catalogues : il s'agit du bleu d'Andorre.
La rotative ayant certainement dû tourner bien moins longtemps pour cette principauté, que pour la Caisse d'amortissement que l'on espérait renflouer...

En Andorre aussi les philatélistes s'en sont donné à coeur joie, et leurs courriers se retrouvent de nos jours dans les belles ventes !... hors de prix !...