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vendredi 27 avril 2012

Comment expliquer cette variété de piquage ?


Ahh, les variétés !
Quel collectionneur oserait dire ici qu'il n'a jamais été tenté par une jolie variété ?
Certainement pas moi !
J'en suis un grand amateur, et pas seulement pour leur coté esthétique, mais aussi car elles nous apprennent souvent bien des choses sur les modes de fabrication de nos chers timbres...

Certes, il en existe beaucoup. Des rares et des moins rares. Des spectaculaires et des microscopiques. Des "pur jus" et des "trafiquées". Et surtout des plus "philatéliques" que "postales" ayant certainement fait davantage le bonheur des marchands ou des postiers que celui des philatélistes, mais leur charme reste souvent indéniable, et leur attrait ne se démentit pas !

On se demande comment certaines ont pu échapper aux contrôles de l'administration pour arriver jusque dans nos albums, tellement elles défigurent notre chère Semeuse, et rendent parfois le timbre inutilisable !

Toujours est-il qu'il en existe de très honnêtes, qui ont su se faufiler entre les mailles et sous les yeux des contrôleurs : souvent ce sont celles qui ne touchent pas trop le timbre lui-même, qui n'empêchent pas son usage pour l'affranchissement, et ne pénalisent donc pas l'acheteur qui, ne l'oublions pas, avait l'intention de s'en servir sur son courrier ! Elles ont alors tout à fait pu être vendues au guichet.
Cela arrive encore de nos jours.

Les deux magnifiques carnets ci-dessus en sont à mon avis un excellent exemple.
Ils ont même été répertoriés : Yvert 199 C71 a et Maury 119 b.
Le premier vient tout juste de se vendre, alors que le second était déjà reproduit dans le volume 2 du Yvert spécialisé. En existe t'il d'autres ? Certainement pas beaucoup !

Il s'agit de carnets du 50c. rouge au type IIA, imprimés en typographie rotative vers la fin de l'année 1931.
A l'époque, il n'y avait pas encore de date, mais uniquement un numéro, comme sur celui du bas.
Chaque tour de cylindre imprimait 8 carnets, et deux numéros, nous l'avons déjà vu.

Les timbres étaient bien entendu perforés avant d'être placés dans les couvertures des carnets, et c'est là que se trouve le noeud du problème...

Ils ont tous deux été victimes d'un accident somme toute assez curieux, survenu lors de l'étape de la perforation : le peigne perforant a visiblement été endommagé, ou bien a été victime d'un grave dysfonctionnement ce jour-là !

Nous savons, qu'en typo rotative, la perforation se faisait de bas en haut, rangée de timbres par rangée.

Ce panneau rotatif, au type IV, probablement issu des rebuts, en est un bon exemple : là aussi il y a eu dysfonctionnement, mais c'était alors le tout début des carnets rotatifs... Fin 1928.



Sur nos 2 carnets, comment et pourquoi le peigne n'a t'il pas pu faire convenablement ses trous pendant un bref instant, et nous donner ainsi ces superbes variétés de piquage ?
Qui pourra nous répondre ?
On a l'impression au niveau des timbres de droite, d'une détérioration "en diagonale" de ce peigne.

En effet, si l'on zoome sur les zones où les trous n'ont pas été réalisés, on aperçoit la trace du peigne qui a tout de même foulé le papier, sans parvenir à le perforer.
Vus de dos, coté gomme, on a par endroit vraiment l'impression d'avoir des timbres non dentelés et même des dentelés tenant à non dentelés : superbe, je vous dis !

En tout cas, il semble, sur le carnet du haut, que ce peigne se soit remis à fonctionner correctement, si l'on considère bien toujours que le piquage se faisait de bas en haut, car la rangée du haut est quasiment normale, alors que les trois rangées du dessous sont toutes les trois touchées à peu près de façon identique par le dysfonctionnement.

Il semble évident que ces deux carnets ont été fabriqués le même jour. En tout cas perforés au même moment. Peut-être même se tenaient ils par la main il y a de ça plus de 80 ans ?
Avant que la bobine ne soit massicotée en carnets.

On comprend qu'une fois collés dans leurs couvertures, la variété ait pu passer inaperçue, pour notre plus grand bonheur : les non dentelés rotatifs au type Semeuse sont vraiment rares, et encore plus rares s'ils sont issus de carnets. Vous pouvez toujours chercher...


A titre de comparaison, voici un autre exemple, du même timbre, issu d'un carnet au type I, mais imprimé à plat quant à lui, illustrant bien la perforation rangée par rangée, réalisée de haut en bas cette fois-ci !
Le peigne a ici tout simplement sauté une rangée.



mercredi 11 avril 2012

Coins datés et Variétés : ça rime !

L'impression rotative de nos chers timbres au type Semeuse a vu le jour en 1922.

Elle se caractérise, entre autres spécificités, par la présence de la date d'impression, au niveau du coin inférieur droit de la feuille : les coins datés sont ainsi nés !

Cette date était imprimée le plus souvent en noir, mais pas toujours : parfois dans la couleur du timbre au tout début des rotatives (nous l'avons vu avec le 10 c. vert de 1922) et parfois même dans la couleur de la surcharge lorsqu'il en était apposée une sur les timbres.


Par exemple, la surcharge "ALGERIE" en rouge :




Ou en bleu pour la Caisse d'Amortissement :



En fait, les moyens de l'époque ne permettaient pas toutes les folies d'aujourd'hui : une seule couleur au début, puis deux.


Les caractères utilisés pour imprimer les chiffres vont varier au cours des années, et aussi selon les différentes presses dont l'atelier va peu à peu s'équiper.


Il existe des erreurs de date (jour, mois ou année), correspondant à des jours fériés ou à des dimanches, jours où l'atelier ne travaillait normalement pas, ce qui permet de les repérer.

L'étude de ces dates est primordiale pour qui s'intéresse aux coins datés. Ceci a permis d'identifier les différents tirages de chaque timbre, ou parties de tirage, sur telle ou telle presse...


La forme des parallélogrammes situés dans le bord de feuille inférieur est tout aussi primordiale, et la bible en ce domaine reste l'ouvrage du Baron De Vinck, relayée par les travaux de la SoCoCoDaMi qui poursuit sa mise à jour, depuis des décennies.


Je vous assure que la collection des coins datés est réellement passionnante, et très enrichissante pour ceux qui osent s'y plonger ! Cela permet de suivre et comprendre les changements de tarifs postaux, les changements de couleur des timbres, et, argument à ne pas négliger, de souvent faire de belles trouvailles, car il existe de vraies raretés ! Surtout si on s'intéresse aux timbres d'usage courant...
Certains tirages sont même quasiment introuvables...


La localisation des timbres dans ce coin de feuille n'empêche bien évidemment pas la survenue d'accidents d'impression ou de piquage, comme nous allons le voir.


Et pour moi, qui suis depuis longtemps un fanatique des coins datés, ces variétés sont encore plus séduisantes.


On rencontre des impressions recto-verso, assez exceptionnelles en impression rotative, comme ce joli 25 c. bleu du 15.12.24 (au type III B) :


Des impressions sur raccord du papier, comme ce 10 c. vert de 1922 au type I B, avec sa date verte, vous l'aurez remarqué :



ou bien ce 25 c. bleu type III B de 1924 :




Des piquages à cheval, comme ce 50 c. rouge de 1926 au type II A :


ou ce 15 c. brun au type I de 1932 :




Celui-ci, non dentelé, du 75 c. lilas de 1931 au type I, vous ne pourrez pas le rencontrer ailleurs, car il est bel et bien unique !




Une seule feuille connue, dont les 60 timbres du bas sont restés non dentelés. Magnifique !


Autre curiosité, le manque d'impression, ici dû à une impression sur raccord, dont la partie supérieure imprimée normalement a probablement été utilisée, alors que le morceau inférieur a fait le bonheur des philatélistes depuis...






Plus étonnant, les faussaires de l'époque se sont même eux aussi appliqués à reproduire ces coins datés, comme en témoigne l'exemple suivant du faux dit "de Marseille" du 50 c. rouge :



Bizarrement, on connait aussi des coins de feuille non datés de ce faux...


On peut aussi trouver des variétés de surcharge :



avec ici le M rapproché de la case 100 des timbres de Franchise Militaire.



Plus courantes sont les variétés d'impression diverses, avec ici le C de centimes absent sur ce 20 c. lilas rose de 1933 :






En revanche, les impressions sur pli accordéon du papier sont rares et toujours spectaculaires :







Voilà, j'espère que cette jolie promenade au pays des variétés aura au moins le mérite de donner à quelques uns d'entre vous l'envie de se lancer dans cette belle collection qu'est celle des coins datés.




Quel dommage que celle-ci soit un peu passée de mode !


Mais d'un autre coté, il vaut souvent mieux ne pas suivre la mode en philatélie...




N'hésitez pas à me contacter si vous cherchez de quoi débuter, j'ai beaucoup de doubles pour pas trop cher, ou pour échanger timbres et connaissances.




Sachez que ce sera toujours un plaisir pour moi !