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jeudi 28 février 2019

Mises en boîtes


  Tous les philatélistes connaissent et utilisent le terme de roulettes pour désigner ces bandes verticales de timbres que la poste fabriquait tout spécialement afin d'alimenter les distributeurs automatiques qu'elle mettait à la disposition de ses clients.

  Il suffisait à ces derniers d'introduire dans une machine une ou des pièces de monnaie pour recevoir en échange le nombre voulu de timbres, sans avoir à faire la queue aux guichets souvent embouteillés des bureaux de poste.

Et pour alimenter ces appareils, il fallait fabriquer des "roulettes" ou bandes de plusieurs centaines de timbres, enroulées autour d'un petit cylindre de carton.

Si vous n'en avez jamais vu, vous êtes en droit de vous demander pourquoi ces bandes avaient été ainsi nommées...

  Après avoir vu cette photo, vous ne vous poserez plus la question !

  Pour plus de détails concernant leur fabrication, leurs critères de reconnaissance et leurs présentations, je vous conseille d'aller visiter et apprécier le site d'un grand collectionneur spécialisé et passionné, en cliquant sur le lien suivant :

Une mine incroyable d'informations et d'illustrations à la portée de tous !

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  Les philatélistes ont pris l'habitude pour des raisons pratiques de rangement dans leurs albums, de les collectionner sous la forme de bandes verticales de 6 ou 11 timbres, ce qui explique que beaucoup ont été débitées ainsi.
Cette présentation permettait de prouver leur origine sans contestation aucune, car il était impossible d'obtenir à partir des feuilles dites normales, des bandes de plus de 5 timbres pour les impressions à plat, ou de 10 pour les impressions rotatives.

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   Ces roulettes étaient parfois également mises à la disposition de certains gros clients (généralement des entreprises ayant à un important courrier à affranchir pour leurs clients) qui disposaient de petits distributeurs automatiques de fabrication privée que l'on pouvait alimenter avec ces mêmes bobines.

Elles leur étaient alors vendues dans de jolies petites boîtes de carton, après avoir été protégées par une bande de garde enroulée autour de la bobine.
Une autre même bande de garde servait à fermer la boîte, permettant d'en identifier le contenu.


Celle-ci a ainsi contenu une bande de 600 timbres
 au type Semeuse 10 c. rouge YT 138.

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Celle-là au type Semeuse 25 c. bleu YT 140.
Avec la bande de garde correspondante :


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Cette autre au type Semeuse lignée 50 c. bleu YT 161.
Avec la bande de garde correspondante :


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Et cette dernière, plus grande pour 1200 timbres, démontée et mise à plat pour une expo,
au type Semeuse 5 c. orange YT 158.

Avec la bande de garde qui va avec :


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Croyez-moi, ces boîtes ne courent pas les rues, ni les collections ! 
Et d'ailleurs, si vous en croisez une, faites-moi signe S.V.P. car cela m'intéresse...


  Lorsqu'on a la chance d'en trouver, miraculeusement parvenues intactes jusqu'à nous, elles sont le plus souvent vides, mais parfois, il peut rester à l'intérieur une partie ou même la totalité des timbres, comme pour ces deux dernières du 50 c. bleu :



Quant à celle-ci du même timbre, j'ignore si elle était vide ou pas :




  A ma connaissance, pour le type Semeuse, on ne connait d'autre boîte que pour le 10 c. vert imprimé en rotatif, mais je peux me tromper.

N'hésitez surtout pas à me contredire si vous en connaissez, d'autres !...

Je me contenterai même des images !



dimanche 3 février 2019

Trouvaille !


  En terme de découverte fortuite, difficile de faire mieux que Christophe Colomb, même après plus de cinq siècles !
Wikipédia (qui nous apprend toujours des trucs pas possibles) nous la raconte :


Le 12 octobre 1492 à deux heures du matin, après une traversée quasi parfaite, un marin de la Pinta, Rodrigo de Triana, annonce que la terre est en vue ; attendant le lever du jour pour pouvoir accoster, les vaisseaux restent prudemment à deux heures des côtes.
Dans la matinée, Colomb et les frères Pinzon prennent place dans une barque. Croyant être dans l'archipel nippon sur la route des Indes, le navigateur fait enregistrer la prise de possession de l'îlot pour le compte du roi d'Espagne par le notaire qui les accompagne. 
Il le baptise du nom du Christ : San Salvador, et s'en fait nommer vice-roi et gouverneur général.

La première rencontre avec les indigènes — que Colomb nomme « Indiens » car il pense avoir atteint les Indes orientales — est encore pacifique. Ceux-ci lui apportent du coton, des perroquets et d'autres objets. L'interprète que le navigateur avait embarqué à son bord n'est pas d'une grande utilité…

Lors de ce premier contact, avec force gestes, répétitions et quiproquos, les « Indiens » indiquent — ou les Espagnols comprennent — que de l'or se trouve en quantité importante sur une grande île au sud-est, habitée par des populations d'anthropophages qui leur sont hostiles.

  Il était en réalité arrivé aux Bahamas. Ce n’est que 6 ans plus tard, lors d’un troisième voyage qu’il atteindra le continent américain, en accostant au futur Venezuela, toujours persuadé d'être aux Indes.
Et il mourra en 1506, heureux homme, sans que personne ne soit jamais venu le contredire ni lui gâcher son plaisir !

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  Si vous vous lancez un jour dans la collection des carnets de timbres de France, ce que je vous conseille vivement, vous avez de grandes chances de tomber un jour sur de véritables merveilles capables de rivaliser avec les perroquets offerts à cet explorateur, ou avec les ors des anthropophages !
Il s'agit d'une immense et magnifique collection, dont la diversité n'a d'égale que sa richesse en raretés, et en trouvailles potentielles...

  Si, comme moi, vous restreignez votre champ d'investigations au type Semeuse, et si vous débutez avec un budget modeste, vous ne pourrez pas passer à côté de nos Bahamas à nous, philatélistes sur la route des merveilleux carnets publicitaires . Vous trouverez facilement sur votre route ce carnet du 50 centimes rouge Semeuse lignée :

Yvert 199 C 48 et Maury Cérès Spink n°124

  Certes, ce n'est pas le plus sexy : aucune publicité, ni sur les marges, ni sur la couverture qui ne nous montre que des renseignements postaux. Il ne vaut pas trop cher. Mais ne le négligez pas cependant !
Amusez-vous notamment à en chercher un morceau ayant servi pour affranchir du courrier d'époque au tarif, et vous verrez vite qu'il n'est pas si courant que ça !

  Il date de la fin de 1928. Les timbres sont au type IV. Le feuillet des timbres est collé à la couverture en son milieu, et non plus agrafé. Ses marges blanches portent parfois un numéro à 5 chiffres sur la gauche. Il était imprimé en typographie rotative. Un tour de cylindre donnait 8 carnets, dont 2 étaient numérotés. 

En cherchant un peu, vous apprendrez que c'est le tout premier carnet rotatif, et vous vous étonnerez certainement de sa mise au point tardive par rapport aux feuilles pour la vente ou pour la confection des roulettes, qui ont été imprimées sur rotatives bien avant : 1922 et 1923 respectivement.

Vous serez surpris aussi de constater que la publicité avait envahi avec un grand succès tous les carnets imprimés à plat depuis de nombreuses années. Alors pourquoi pas celui-ci ?

Et vous vous demanderez comme moi pourquoi on a jugé bon de ressortir du fond des tiroirs de l'atelier de fabrication ce vieux type démodé de couverture, dite couverture postale.
Un peu du même modèle que celles qui avaient été utilisées pour les tout premiers carnets. Ceux du 130, du 137, du 140 ou du 158 pour les connaisseurs, tous imprimés à plat et sans pub.

Une couverture en particulier nous y fait penser :
Bande colorée striée sur la gauche

Elle contenait 40 timbres à 15 centimes, et pour ne pas la confondre avec celle des carnets de 20, on avait choisi de la différencier en la bariolant un peu ! Voici celle des carnets de 20 :
Bande colorée unie sur la gauche

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  Ne me demandez pas pourquoi le carnet qui nous intéresse 199 C 48 est ainsi bariolé, je l'ignore, mais ce que je sais, c'est qu'il en existe une version bien plus rare...
Le feuillet de timbres qu'il renferme est le même, mais sa couverture n'est pas du tout bariolée !
On pense qu'il s'agit d'un essai : 

On n'en connait qu'un exemplaire !
Tout rouge au milieu, lui.

 En y regardant mieux, en dehors de cette bande rouge, la couverture de cet "essai" rare diffère à peine de celle qui sera commercialisée, au niveau du texte de la page 4 :

Les flèches noires vous montrent ces différences.

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  On connait également ce carnet au type IV sans pub avec une annulation par le cachet ondulé violet de l'Agence comptable des timbres-poste :

Celui-ci est daté du 5 décembre 1928.

  On pense que les carnets ainsi annulés étaient destinés à être montrés en exemple et probablement offerts aux différents annonceurs susceptibles de vouloir y faire figurer de la publicité.

  Dans un premier temps, ce carnet au type IV ne sera commercialisé qu'avec des couvertures publicitaires : séries 161 - 167 - 168 - 169, puis les pubs firent leur apparition, mais c'est une autre histoire.

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  Ce qui a motivé la rédaction de cet article, et l'analogie avec la découverte de Christophe Colomb, c'est la trouvaille d'un exemplaire de ce carnet dont la couverture est imprimée en NOIR !

Personne ne l'avait jamais remarqué !

Sa couverture est parfaitement identique  à celle de l'essai en rouge, 
mis à part le fait qu'elle est un peu moins large et que 
le feuillet des timbres dépasse légèrement sur les côtés.


  Il est fort probable que le matériel pour l’impression rotative des couvertures et la confection automatisée des carnets n’était pas encore au point, et que l’on a dû faire avec les moyens du bord et des couvertures imprimées à plat, dans lesquelles on a collé les nouveaux feuillets de timbres rotatifs. Ceci peut tout à fait expliquer ces petites différences de format. Je ne peux pas croire que l’on ait créé un cylindre pour reproduire ce qui était fait à plat plusieurs années auparavant !

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  Imaginez à présent une vente sur offres traditionnellement orientée plutôt vers la période des timbres dits classiques. Pas trop vers les semi-modernes, et encore moins les carnets...

  Choisissez un expert qui ne s'intéresse pas franchement à ces deux dernières catégories, et qui choisit pour son catalogue une simple photographie en noir et blanc de ce carnet qu'il juge très commun...

  Admettons que le prix de départ soit fixé à la moitié de la cote du 199 C 48, ce qui ne fait que quelques dizaines d'euros, et qu'il n'y ait pas beaucoup d'amateurs pour enchérir sur ce "vilain" carnet que presque tous les collectionneurs possèdent déjà...

  Pour peu que la photo ne soit pas d'excellente qualité, qu'elle n'attire pas trop l'attention, et qu'il n'y ait que vous pour la regarder d'assez près, pour remarquer l'absence des bariolages montrés plus haut...

  Pour peu que vous ne le confondiez pas sur la photo avec un carnet du 15 centimes Semeuse lignée...

  Encore eut-il fallu que vous ayez eu vent de l'existence de son équivalent en rouge et des différences dans le texte de la couverture...

Alors vous enchérissez...
Vous mettez les voiles vers l'ouest, vous priez durant toute la traversée...
Logiquement, c'est vous qui l'avez...

Et vous voilà en Amérique !!!

  Vous êtes le plus heureux des philatélistes, content d'avoir fait un joli "chopin" : vous êtes le premier à poser le pied sur un nouveau continent, et à découvrir ce qui est vraisemblablement un autre essai de ce carnet pourtant si commun.

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Un grand MERCI à l'explorateur en question qui se reconnaîtra,
et qui m'a autorisé à divulguer ici sa découverte,
même si je l'ai un peu romancée ! 

Et MERCI également aux 2 collectionneurs propriétaires des autres rares carnets montrés ici. Tous sont membres de l'ACCP, dont je vous invite à parcourir le site en cliquant sur le lien qui suit !


Il y a pas mal de trésors à découvrir sur le site et son blog, beaucoup de sympathiques chercheurs d'or à rencontrer... à défaut d'y croiser des anthropophages !