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samedi 15 mars 2014

Les toutes premières et belles pubs de l'époque !...


Proust avait ses madeleines.
Voyons un peu les nôtres...

Tout collectionneur qui se respecte garde forcément dans un coin de sa mémoire le souvenir du jour où une pièce particulière est entrée dans ses albums. On se souvient comme si c'était hier du lieu et du moment précis où l'on a enfin déniché l'oiseau rare : lors d'une vente, en entrant dans une boutique, ou encore sur le stand d'un négociant.

Le plaisir de cet instant là nous revient alors, à chaque fois que nos yeux se posent sur cette pièce, parfois empreint du léger sentiment d'angoisse qui l'a accompagné : "Vais-je pouvoir me l'offrir ? Est-ce bien raisonnable ? Combien cela va t'il me coûter ?" etc...

Mais avec les années, seul le coté agréable nous reste, et c'est une des raisons pour lesquelles la collection garde tout son attrait, même si le nombre de philatélistes se réduit semble t'il...
 
C'est pour tenter de susciter de nouvelles vocations de philatélistes, pour donner envie à certains de s'y remettre, et pour faire partager les bons moments que les timbres savent nous offrir, que ce "blog" a vu le jour.
 
Ma madeleine à moi, c'est un carnet. Un des plus jolis que je connaisse, et même après plus de quarante ans de vie commune, il me plait toujours autant !
 
Non pas parce qu'il est rare et beau (bien que cela ne gâche en rien mon plaisir), mais parce qu'il me rappelle mon enfance et mes débuts dans la philatélie. Mon grand-père qui me l'a transmis, avec sa passion pour le type Semeuse.
 
A l'époque j'ignorais tout de Carlos Courmont et de ses centaines de séries de couverture !
Et je n'étais pas le seul !...
C'était le bon vieux temps où l'on pouvait faire des affaires extraordinaires car pas grand monde ne s'intéressait aux carnets.
Je n'avais pas encore en tête toutes ces publicités qui sont venues à partir de 1924, en quelque sorte "taguer" les bords de feuille de ces fameux carnets que je ne connaissais qu'en photos.

Les catalogues n'étaient pas autant détaillés que de nos jours.
Jamais je ne regretterai de m'être plongé tôt dans cette collection des pubs et des carnets !

Et puis il y a eu la sortie des deux tomes de l'ouvrage de Storch et Françon, dans lequel j'ai retrouvé mon carnet-madeleine en bonne place, et qui fut comme un détonateur pour mon amour des Semeuses : tant d'érudition et de précisions que j'ai dû les relire dix fois chacun !  

Les pubs qui sont donc apparues début 1924 sur les marges (sup. et inf.) des carnets de notre chère Semeuse à 25 c. bleu au type II ont été de véritables pionnières, et il me semble à ce titre tout à fait justifié de leur rendre ici l'hommage qu'elles méritent !

Durant plus d'un an et demi, elles vont rester attachées à notre Semeuse lorsque celle-ci était vendue en carnets, alors qu'elle représentait le tarif de la lettre simple pour l'intérieur.

On pourrait penser que son utilisation a été massive, car on ne retrouve plus guère de carnets entiers de cette époque, devenus de vraies raretés !
Ce n'est pas pour autant que l'on en voit beaucoup sur lettres...

Voici pour commencer un détail de la célèbre couverture de mon 1er carnet :    

Reconnaissez qu'il y avait de quoi en tomber amoureux : une belle auto et une scène animée, façon bande dessinée, en polychromie, et un carnet rare à l'intérieur, avec les pubs Eco et Olibet
(en minuscules, cela a son importance).

Il faut dire que ces publicités des années vingt avaient bien du charme, comme nous allons le voir...
Dans ce premier carnet, on n'a pas hésité à mélanger une pompe à essence et des biscuits pour le thé !

      

Cette même marque de biscuits (en majuscules cette fois-ci) a ensuite été associée à une eau minérale, nettement plus buvable !
  

Et à une compagnie d'assurances, le tout dans le même carnet !
 
     

A moins que Le Secours ne trouve plus rentable de se retrouver tout seul dans un carnet, ou de tenir compagnie, dans un autre, à de célèbres marques de bretelles ou de stylos !
  










 

            


   
 

 
Il paraitrait même que ces bretelles nous ont aidé à gagner la guerre ! 



 
 On a eu aussi des producteurs de condiments, une boisson pour les amoureux...

  

 
 

Mais ce n'est pas tout, cela va se compliquer encore, du fait du succès obtenu par ces pubs : les annonceurs se multiplient, certains signent une nouvelle commande, et l'on trouve donc dans certains carnets jusqu'à 4 annonceurs différents, comme par exemple Grey-Poupon et Olibet avec la source agréable de Vichy et les dentifrices des Bénédictins. Quel éclectisme !
 
 


Ce n'est pas l'eau qui est bénite, c'est le dentifrice !




Mais à l'inverse, certaines grandes marques ont préféré être les seules à faire leur publicité dans un seul carnet, comme l'eau d'Evian ou le cognac Bisquit. Ce sont les pubs et les carnets les moins rares.




Les carnets Evian sont particulièrement nombreux : on les trouve avec une multitude de couvertures, toutes plus jolies les unes que les autres ! Mais je m'égare...
 
Certaines autres entreprises ne feront leur propagande que sur la moitié ou même sur le quart seulement de quelques rares carnets, ce qui les rend bien plus difficiles à trouver de nos jours.
 

 











                                                                        



 
 



 
 

 

Les grands magasins du Louvre ont eu droit, fait exceptionnel, à un traitement particulier, style "V.I.P." rien que pour eux : un carnet de 20 timbres + un autre devenu carrément introuvable, ne contenant lui que 10 timbres, et dont le tirage aurait été très limité, pour être distribué gratuitement, et non pas vendu aux guichets de la poste comme tous les autres !
De quoi mériter de nos jours une place au musée d'en face !


 



 
Et pour finir, voici quelques jolis courriers affranchis à l'aide de ces rares pubs.
 
 
 
Sachant que le tarif pour l'étranger était de 50 c., on en voit parfois 2 qui ont fait un beau voyage.
 
 
 
Ou même 4 (rarissimes) avec ici un tarif recommandé :
 


Si après tout ça, je n'ai pas réussi à vous donner l'envie de collectionner les pubs,
c'est à désespérer...
 
Surtout que je n'ai fait qu'aborder le problème, en me limitant à un seul timbre !
 
Il existe 13 carnets différents avec ce timbre
(si l'on ne se réfère qu'aux pubs qu'ils contiennent)
 
Sauf erreur, on a déjà répertorié environ 160 couvertures.
 
Un même carnet a presque toujours existé avec bien des couvertures,
et une même couverture a tout à fait pu contenir plusieurs carnets différents
ce qui fait au moins 258 carnets différents,
sans compter ceux qui ont été surchargés pour l'Algérie...
 
Croyez-moi, il y a de quoi occuper toute une vie de collectionneur !