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vendredi 28 juin 2019

Z comme Zorro !


  A partir de 1911, certains timbres tout juste imprimés, ont été volontairement retirés de la circulation par l'administration pour finalement ne jamais être mis à la disposition du public : ils étaient destinés à la formation des postiers, ce sont les timbres des cours d'instruction.

  Par précaution, afin d'éviter et décourager toute tentative de détournement pour un usage personnel, ceux-ci étaient surchargés : dans un premier temps ANNULÉ, et par la suite SPÉCIMEN, le plus souvent à l'encre noire. Ce qui leur enlevait toute valeur pour l'affranchissement, et les rendait inutilisables.

Rapidement, on les a retrouvés sur le marché philatélique, et la plupart ne sont pas rares du tout.

  On rencontre bien quelques courriers ou formulaires administratifs affranchis avec de tels timbres, mais il faut s'en méfier à mon avis : il s'agit le plus souvent d'une complaisance.

On trouve ainsi surchargés des timbres issus de feuilles à plat avec millésime, de feuilles rotatives avec coin daté, ou même de carnets, ainsi que des entiers postaux, ce qui peut représenter une jolie collection à part entière !

  Parmi ceux au type Semeuse, on sait que certains carnets ont été annulés grâce à l'apposition d'une surcharge réalisée à la main, contrairement aux feuilles, ce qui est source de petites variétés : surcharge doublée ou bien à l'envers, originalités toujours amusantes.

En revanche, pour les feuilles qui étaient surchargées mécaniquement en typographie, les variétés sont à ma connaissance très rares, pour ne pas dire inexistantes.

  On connait, pour les 2 valeurs que sont le 30 c. rouge et le 50 c. bleu, des exemplaires avec un décalage net de la surcharge, qui se retrouve alors à cheval sur 2 timbres adjacents, ou sur le pont.



  A l'extrême, il est même arrivé que certains timbres se retrouvent dépourvus ou presque de ladite surcharge, à cause de l'importance du décalage : ce sont de réelles raretés !

L'administration ne pouvait pas laisser passer ça, et ne pouvait pas non plus gaspiller ces feuilles en les mettant au rebut ! Elle a alors décidé de compléter l'annulation qui faisait défaut sur quelques-uns seulement, en apposant manuellement un cachet à l'encre violette, composé d'un Z dans un cercle.

  Dix exemplaires du 30 c. et trois seulement du 50 c. sont connus ainsi annulés avec ce Z de Zorro !
Ainsi que trois exemplaires du 3 c. au type Blanc.
Je vous laisse apprécier...


Du coup, on n'en voit pas tous les jours, vous vous doutez bien !
Sauf ici...



Jamais vu un autre comme celui-ci !

  Le décalage est de quelques millimètres pour le 3 c. Blanc et le 50 c. bleu semeuse, et je ne pense pas qu'il puisse en exister de totalement dépourvus du mot ANNULÉ. Vous comprendrez mieux pourquoi en regardant l'exemple suivant du 30 c. rouge Semeuse.

  Pour ce dernier, j'avais eu la chance, il y a de nombreuses années, de tomber sur cette bande qui est à mon avis unique avec son millésime :

Et je ne l'avais pas laissée passer...
L'image n'est pas terrible, désolé, mais la suivante sera mieux, promis.

Le bloc de 8 avec millésime 1 montré plus haut prouve que la feuille
 a été découpée autrement qu'en bandes horizontales.

On voit tout de même que le décalage vers la droite de la surcharge y est bien plus marqué que pour les 3 exemples précédents, l'écart représentant presque la largeur d'un timbre. Du coup, celui de gauche en est absolument dépourvu, alors que c'est le bord de feuille droit qui en a hérité : spectaculaire, non ?


   La fin de l'année 2018 a vu se disperser aux enchères une extraordinaire collection de variétés, au sein de laquelle j'ai eu le plaisir de faire la connaissance avec 2 petites sœurs de ma bande. Une grande et une petite, ce qui fait trois Z sur les dix connus.
N'allez pas croire pour autant que ce n'est pas si rare que ça si l'on en voit sortir deux d'un coup.
C'est que la collection était vraiment exceptionnelle !

Tout d'abord la bande de 10 haut de feuille que voici, située immédiatement au-dessus de la mienne en 1921, avant leur séparation :

En cliquant sur l'image, vous l'apprécierez mieux.
Jolie, mais sans le millésime, forcément !

Et la petite dernière :

Vous remarquez que le décalage est un peu moins marqué sur celle-ci, 
puisque le A de ANNULÉ commence à empiéter sur le timbre de gauche.


  En extrapolant le décalage discrètement oblique aux timbres situés en-dessous, on comprend bien qu'à chaque rangée la surcharge va se retrouver un peu plus sur la gauche.

A mon avis, pour les 5 dernières rangées de la feuille de 150 (15 x 10), le mot ANNULÉ empiétait suffisamment, et il n'a pas été jugé nécessaire d'apposer manuellement le cachet Z, ce qui explique que l'on n'en connaisse que 10 et non 15.
Qu'en pensez-vous ?

Je me suis amusé à reconstituer virtuellement le haut de cette feuille :


Ce qui me permet de penser que la petite bande correspond à la quatrième rangée, les traits verts figurant l’alignement du sommet du A.

On peut donc raisonnablement penser qu'il ne doit exister qu'un seul autre
et troisième timbre totalement dépourvu de la surcharge ANNULÉ,
 pour lequel ce Z s'imposait absolument !


 D'ailleurs, en voici un qui pourrait bien être ce fameux troisième non surchargé:


 Plus on descend vers le bas de cette feuille (depuis découpée), plus la surcharge tend à reprendre sa place, petit à petit.

Et tant qu'on y est, je vous en montre également celui-ci :

Sur cette cinquième rangée, déjà 2 lettres du mot
ANNULÉ surchargent le timbre de gauche.

Logiquement, pour les 5 rangées du dessous, le Z n'était pas absolument indispensable...


    Sur cette dernière bande, quelqu'un a apposé une surcharge ANNULÉ à l'encre violette et différente, au lieu du fameux Z, sur le timbre situé à droite du pont : qu'en pensez-vous ?
Moi j'ai des doutes sur son authenticité, même si Louis Barrier dans son ouvrage de 1951 en décrit une qui lui ressemble...


Il est vrai que ce timbre quasiment non surchargé, aurait bien mérité son Z lui aussi, comme ceux situés au même emplacement sur les 2 bandes déjà montrées.

Peut-être sont-ils là les 5 autres exemplaires annulés à la main, répertoriés depuis Barrier ?
Non pas avec un Z en réalité, mais avec un ANNULÉ en violet.
Et non pas situés sous les 5 qui illustrent cet article.

A votre avis : je tiens un scoop ?

Malgré tout, des timbres connus à si peu d'exemplaires, 
c'est toujours chouette à regarder et à collectionner,
même en photos !

De quoi laisser ce cher Bernardo totalement muet !



Pour terminer, je vous rassure : l'impression de cette surcharge
se déroulait le plus souvent sans encombre :





En 1923, sur cette feuille rotative du 20 c. brun,
on dirait que La Poste n'a plus retrouvé son fameux tampon Z,
et l'a remplacé par un bon gros coup de crayon bleu...
Système D !



samedi 8 juin 2019

Fou des dates !


  Vous savez déjà que j'adore les coins datés, même si, hélas, les collectionneurs se font rares.

Et-s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là ! écrivait Victor Hugo...

  Donc je continue à les rechercher, mais j'en trouve de moins en moins...

  Leur étude est source de beaucoup de renseignements sur les différents tirages, les variations de couleur, ou de types parfois. Elle permet de mieux appréhender la rareté relative du même timbre en fonction des différentes périodes où il a été imprimé. De savoir précisément à quand remontent les diverses surcharges par exemple. Si elles ont nécessité un tirage spécial, ou bien si elles ont été apposées sur une partie des feuilles du tirage normal.

L'ouvrage du baron De Vinck sur l'impression rotative est certainement, de toute ma documentation,  celui que je feuillette le plus souvent : tous les jours ou presque.

  Vous savez également que cette collection se fait pour des raisons principalement esthétiques (mais pas que) sous la forme de blocs de 4 timbres, ce qui lui a valu l’appellation de coin daté.

C'est déjà beau un bloc de 4, je trouve !
C'est encore plus beau une paire de coins datés !
Amusez-vous à en réunir une d'un timbre qui vous plait...
Peut-être serez-vous contaminé par mon virus ?

  C'est l'analyse des parallélogrammes situés juste en-dessous, au coin inférieur droit des feuilles, qui permet de les classer convenablement.
Parfois pour les différencier, il faut les mesurer au dixième de millimètre, les regarder à la loupe, ce qui est assez distrayant, comme sur cet exemple :


Souvent, c'est bien plus facile, heureusement (mais bien plus rare pour ce timbre !...) :


  Il faut savoir que ces marques étaient réalisées volontairement par les ouvriers de l'atelier de fabrication des timbres-poste, afin de pouvoir repérer facilement à quel niveau du cylindre un accident ou un défaut était survenu, lorsqu'il en survenait un.
Un tour de cylindre donnait 2 feuilles de 100 timbres, et 2 coins datés toujours différents.
L'un correspondait aux feuilles portant un numéro pair, et l'autre un numéro impair.
Mais pour le voir, il faut des bas complets (ou des feuilles entières), comme ici :


  Dans certains cas, qui sont l'exception, l'analyse des 2 blocs de 4 en question ne suffit pas pour les différencier : il faut regarder tout le bas de feuille. Les marques ou les différences étant situées ailleurs que sous les 2 timbres du coin de droite.

 C'est le cas pour le rare 35 c. violet YT 142 au type II. Aucune distinction possible sous le coin, mais facile en revanche, un peu plus à gauche :


En plus, la quasi totalité de ces feuilles a été surchargée = 25 c. en raison d'un changement de tarif, ce qui fait que les coins datés, et encore plus les feuilles sans surcharge sont très difficiles à trouver (j'en connais 6).

  De très nombreuses raretés vous attendent, je vous assure, si vous vous intéressez aux coins datés, et pour un budget souvent ridicule, vous aurez le plaisir de dénicher des pièces fort intéressantes, alors que pour la plupart des philatélistes, c'est l'inverse : ils peuvent dépenser des fortunes pour des timbres qui s'avèrent être assez courants !...

  Par ailleurs, rien n'empêche la survenue de jolies variétés au niveau du coin daté, et je vous en ai déjà montré quelques unes ici. Des plis, des piquages à cheval, des raccords etc...

Mais des variétés comme celle-ci, même avec la meilleure volonté du monde, je ne pourrais plus vous en montrer d'autre, car je crois bien que c'est le deuxième des 2 seuls coins datés non dentelés connus au type Semeuse (vous avez déjà vu l'autre, celui du 75 c. lilas) :

Timbres au type III
Les non dentelés rotatifs sont toujours très rares.

*****

  Passons à présent à l'impression à plat.

  Depuis quelques années, nous répertorions avec Lucien Coutan, les dates d'impression des carnets imprimés à plat. Cela concerne principalement la Semeuse, et bien moins souvent les types Pasteur et Jeanne d'Arc.

Celui-ci est du 7 avril 1924

Cela permet une étude chronologique très instructive, en corrélation avec les numéros des séries des couvertures de ces carnets. L'absence du millésime rend parfois difficile l'identification de l'année.

Cependant, du fait de la découpe en carnets, le bas de la feuille est souvent coupé sans que la date ne puisse apparaître dans la marge.  Et il faut savoir que seulement un carnet sur 6 peut théoriquement être ainsi daté, pour autant que sa découpe soit suffisamment décalée vers le bas, ce qui en fait beaucoup moins que ça en réalité. D'où la rareté de ces carnets datés.
Nous avons malgré tout répertorié à ce jour près de 350 dates !


  Rareté parmi les raretés, autre pièce unique, UN SEUL carnet au petit format 110 x 60 mm est connu avec une date apparente ! 
Vous comprendrez, au vu de la situation de la date, que le décalage doit être particulièrement marqué.

Je vous le présente. Il est composé de 40 timbres, avec 2 feuillets de 20 datés. 
Ceci montre bien que pour constituer ces carnets de 40, on superposait 2 feuilles de 120, que l'on agrafait à une feuille de 6 couvertures, avant de découper les 6 carnets. Plus ou moins bien...

Le voici :
Papier GC blanc. 
Daté du 12 décembre, entre 1916 et 1919.

*****

  Tout récemment, je me suis attaqué personnellement aux feuilles-ventes, dont la marge du bas est pareillement datée du jour et du mois, alors que l'année est renseignée par le millésime.

Etant donné que la plupart de nos Semeuses ont été imprimées plusieurs années durant (mais pas en continu, loin de là !), il nous faut voir à la fois le bas de feuille ET le millésime, ce qui correspond en général à des panneaux de 50 du bas, ou à des feuilles entières.
Cela ne court pas les rues non plus...

  La encore, les informations que l'on peut y glaner sont très intéressantes pour le collectionneur averti et spécialisé, croyez-moi !

  C'est ainsi que l'on a pu voir ce panneau du 15 c. vert, imprimé LA VEILLE de la sortie officielle de notre Semeuse :
(premier jour historique du 2 avril 1903)


   Ou bien celui-ci daté du 22 mars 1907, alors que le timbre 10 c. rouge YT 138 n'a été mis en vente que 6 mois plus tard environ !

Entre temps, on pense que la Poste en a profité pour écouler 
ses stocks d'autres timbres rouges que sont le 10 c. avec sol YT 134, 
et le 10 c. maigre YT 135.

  La date de ce dernier, du 4 mai 1907 permet de situer au tout début de l'existence de ce timbre, la fameuse nuance bleu-noir, si recherchée et spectaculaire, vue aussi le 2 et le 7 mai :

 CORUSCANT !
(allez voir dans le dictionnaire de ma part)

A ce jour, mon répertoire contient plus de 640 dates !
Plus on en connaîtra, plus ce sera instructif...

*****

   De la même façon, les feuilles pour la fabrication des roulettes sont également porteuses de leur date d'impression, souvent sur la droite comme ici, pour des raisons que j'ignore :


Alors qu'au contraire, on ne rencontre qu'assez rarement cette date sur la droite pour les feuilles "normales", comme ici :



Mais ces feuilles pour roulettes sont toutes très rares : pas plus de 20 dates sont pour l'instant répertoriées.

Donc, si vous voulez bien m'aider à faire progresser
 un peu plus la science et nos connaissances,
MERCI DE ME COMMUNIQUER TOUTES LES DATES 
QUE VOUS RENCONTREZ !


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