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samedi 27 mars 2021

Comme promis...


Voyons à présent la case 6 de ce même timbre 25 c. bleu au type IA :


Vous comprendrez qu'il est impossible d'avoir un timbre situé au-dessus de cette case 6 - 56 - 106.


  Elle aussi a l'avantage de se situer en bordure de chaque panneau de 50, et de présenter une variété constante, située cette fois-ci au niveau du bas de la robe de la Semeuse :



Enfin... Quand je dis constante... 
L'expérience montre qu'on ne la voit pas toujours nettement marquée sur toutes les cases 6, et que parfois aussi, on peut trouver sur d'autres cases des aspects qui lui ressemblent fortement.
Une impression de bonne qualité s'impose pour être formel.


  Comme pour la case 41, on peut si l'on s'arme de patience et d'une bonne loupe, la retrouver sur des exemplaires issus de roulettes ou de carnets. 

(Je vous fais grâce des schémas des planches qui illustrent déjà mon article précédent) 

Elle est bien présente dans un carnet sur deux au type IB, et en voici un exemple :



  Et pour prouver la provenance de roulettes (ou de feuille pour roulettes), il va vous falloir trouver une paire verticale dont le timbre du bas présente la variété de cette case 6, ce qui s'avère aussi peu simple que pour la 41 !... 
Je n'en ai d'ailleurs pas une seule à vous montrer.

  En revanche, je peux vous faire profiter des 3 cases 6, 56 et 106 de LA feuille du musée :




Et vous voyez que 2 sur les 3 sont surmontées d'un autre timbre,
alors que la première ne l'est que par le haut de feuille.


  Mais ne désespérez pas : la trouvaille reste possible, notamment en fouillant dans les stocks d'oblitérés...

A défaut de paire, vous aurez peut-être la chance de tomber sur un timbre suffisamment mal centré pour laisser apparaître des bribes des 2 signatures de celui du dessus, comme ceux-ci :


Ce qui prouve qu'ils proviennent bien d'une roulette
et qu'ils sont donc vraiment rares, 
alors que leur apparence en inciterait plus d'un à les négliger !


Les plus chanceux pourraient même tomber sur un exemplaire sur lettre, 
mais attention, il y a déjà au moins un fin limier sur leurs traces, 
et depuis longtemps.



mardi 23 mars 2021

Littéralement in-trou-va-ble !

 

  Cette paire semble bien anodine, et pourtant, si vous saviez...


  Commençons, si vous le voulez bien, par une analyse "scientifique", c'est à dire à l'aide des connaissances que tout amateur de timbres au type Semeuse se doit de posséder. Il s'agit bien entendu du numéro Yvert 140, connu pour avoir 7 types différents, un record  !

Le large bord de feuille sur la gauche nous oriente vers une impression à plat, ce qui élimine déjà le type III B dont les marges sont étroites, et le IIIC qui n'en a aucune (roulettes). 

On peut également pour la même raison écarter les 3 types des carnets I B, II et IV qui étaient formatés pour être insérés dans leurs couvertures. 

Sans même s'intéresser au timbre lui-même, il ne nous reste plus que 2 possibilités qui sont les type I A et III A qui, seuls, peuvent avoir une telle marge. 

La distinction est facile en regardant bien la base du 2 qui est ici fine et bien déliée : c'est un type IA, qui en pratique, est le plus courant.


  Alors, pourquoi ai-je donc choisi ce titre aguicheur ?

  Tout simplement parce que c'est une paire du 140 au type IA 

que vous ne risquez pas de rencontrer de sitôt...


  Le timbre du haut présente une variété de case constante : le coude gauche de la Semeuse est représenté par des hachures en forme de parenthèse, au lieu d'être alignées. 

C'est à la case 41 de chaque galvano de 50 de toutes les feuilles au type IA que l'on trouve cette particularité. Sur seulement trois timbres par feuille de 150.



  Cette variété est bien connue, et mérite d'être recherchée, notamment sur lettre. Et on en trouve !

Après tout, cela représente quand même 2 % des timbres
(tous ceux avec CDF inférieur gauche)


Alors qu'il est "impossible" de mettre la main sur une paire comme celle que je vous montre.
Pourquoi donc ?
Tout simplement parce que les feuilles de 150 se présentent sous cette forme :

La case 41 - 91 - 141 est figurée en rouge

 Et vous voyez bien qu'il n'y a JAMAIS de timbre sous la case 41 : ce n'est pas possible !

SAUF...

Sauf sur les feuilles destinées à la fabrication des roulettes, me diront les plus assidus de mes lecteurs.

  En effet, les feuilles pour roulettes se présentent sous cette forme, bien différente :

Les 3 galvanos de 50 ne sont plus espacés
pour pouvoir en tirer des bandes verticales
qui seront raboutées entre elles pour former des roulettes


Et là, vous voyez bien que l'on peut tout à fait obtenir 2 paires comme celle dont on parle, avec la variété case 41-91 et un timbre en-dessous : c'est la seule possibilité !

Le problème, c'est qu'on ne connait QU'UNE SEULE FEUILLE pour roulettes de ce 140 type IA, et qu'elle est rangée bien au chaud depuis longtemps dans les réserves du musée postal, une merveille, le Graal de tout amateur de Semeuses !


  Voilà pourquoi je vous disais que c'est introuvable : l'image de la paire de cet article a été scannée sur la feuille du musée, et je ne pense pas que l'on puisse en trouver une autre semblable.


  Certes, on connait bien quelques bandes de roulettes constituées ce ce timbre (3 ou 5 sont connues) mais ce sont des raretés extraordinaires, et vous aurez compris qu'une seule bande verticale sur les 10 que pouvait fournir une feuille (celle située sur la gauche) va pouvoir comporter cette variété.


Figurez-vous que c'est le cas de LA SEULE bande qui soit jamais passée dans une vente publique !

La voici, et on y trouve même 2 timbres avec la variété en question :


Les 2 timbres des cases 41 et 91






Mais ne rêvez pas. 
Il serait étonnant que son propriétaire s'amuse un jour à la découper pour en tirer deux paires comme celle dont on parle !...

  Du coup, vous pouvez chercher avec moi cette aiguille cachée dans sa botte de foin : puisque des bandes de roulettes ont existé, peut-être bien que certaines ont été découpées pour être utilisées sur du courrier à l'époque, et non pas collectionnées ? 
Peut-être même que quelques feuilles ont été débitées aux guichets ?

Et si jamais l'un d'entre nous met la main dessus, je lui offre le Champagne !

*****

 Pour les vrai amateurs, j'ajoute à mon propos que les rares carnets au type IB de ce même timbre ont été imprimés avec des galvanos dérivés de ceux du type IA. 

D'où la très forte ressemblance entre ces deux types, pratiquement pas identifiables à l'unité d'ailleurs.

  Du coup, si vous vous souvenez que l'impression de feuilles pour carnets se faisaient sous cette forme bien particulière :

Un carnet sur deux comporte la variété de la case 41

Vous admettrez que, là non plus, il n'est pas possible d'avoir un timbre sous celui de la case 41.

D'ailleurs, je vous le prouve :

Voici la partie gauche d'un de ces carnets au type IB

Avec la variété de la case 41 :

*****

Si vous avez bien aimé, et si vous êtes sages,
je vous montrerai aussi la case 6...

(à suivre...)

mardi 2 mars 2021

Verts !

 

  En 1913, un photographe de presse avait été admis au sein de l'atelier de fabrication des timbres-poste du 113 boulevard Brune à Paris, et nous a laissé un magnifique reportage témoignant des machines et du personnel qui donnaient naissance à notre chère Semeuse. 

Je vous avais montré ces images merveilleuses aux yeux de tout philatéliste il y a quelques années, mais l'auteur d'un article paru ce mois-ci dans Delcampe Magazine nous a aimablement fourni l'image suivante, de bien meilleure qualité.


La définition est étonnante pour l'époque, et nous surprend encore 
plus d'un siècle plus tard !

  On y voit de nombreuses femmes au travail, alignées le long d'un bureau situé à l'étage, en train de trier et comptabiliser des tas de feuilles tout juste imprimées. L'éclairage naturel vient de la verrière du toit alors que les machines sont juste en-dessous, au rez-de-chaussée :


  Au premier plan, même si le crane d'une dame nous en masque une partie, on peut voir des liasses entières de feuilles, et on reconnait bien celles destinées à la fabrication des carnets :

Et même les bobines de ficelle qui devaient réunir les liasses !

  L'impression se faisait sous la forme de grandes feuilles de 240 timbres, ensuite coupées en deux.

Feuille de 240 timbres, pour les carnets

  Les feuilles de 120 timbres obtenues étaient destinées à être agrafées par deux à une feuille de couvertures, le tout permettant d'obtenir après découpe, les 6 carnets de 40 timbres.

(ceci est un photo-montage)

  Pour l'impression des feuilles de ce format spécial pour carnets, il a suffi de supprimer trois rangées sur les planches imprimant les feuilles de 300 que je vous ai montrées dans mon article précédent. 

Par ailleurs, on remarque l'absence des millésimes, devenus obsolètes puisque c'est à leurs emplacements que vont se positionner les agrafes. Les bandes de couleur imprimées entre les panneaux de 50 ont également été supprimées puisque c'est à cet endroit que la découpe sera effectuée. Rappelons que leur raison d'être était d'éviter que des gens mal intentionnés puissent se servir de "timbres" qui seraient restés vierges de toute impression, dentelés et gommés, pour fabriquer des faux.

Carnet constitué

  Mais les connaisseurs sachant qu'à cette époque l'on imprimait aussi bien des carnets de 40 timbres à 5 c. que des carnets de 20 timbres à 10 c. (tous vendus ensuite 2 francs) doivent penser que sans la couleur il sera hélas à jamais impossible de trancher...

Et bien, non ! C'était sans compter sur le talent du photographe, sans la sensibilité de sa pellicule, sans la perfection de son objectif, et sans la technique d'aujourd'hui !

  L'informatique nous a facilement permis de faire un agrandissement important de l'image, et de remettre notre Semeuse la tête en l'air :


Je crois que l'on peut affirmer qu'il s'agit bien de celle à 5 c. 

Les timbres étaient donc verts !

  Bien entendu, aucune de ces feuilles ne devait échapper au découpage ni jamais sortir de l'atelier, et le comptage était aussi rigoureux que les contrôles. On ne plaisantait pas avec ça ! Les timbres-poste ayant toujours fait partie des valeurs fiduciaires.

*****

  Deux feuilles de ce timbre ont cependant réussi à se faufiler entre les mailles du filet (ce sont les deux seules connues), et sont devenues aujourd'hui des pièces de musée : une dentelée + une non dentelée. 

Mais cette dernière a fini sous la guillotine, séparée en deux blocs de 60, ce qui fait de la suivante une pièce unique que je vous laisse apprécier :

Imprimée le 7 mars (mais de quelle année ?) sur la presse 15
Les timbres sont au type II

  Peut-être même s'agit-il d'une de celles photographiées en 1913, qui sait ? 

Elle est en effet restée très longtemps dans la collection d'un notaire parisien de l'époque, célèbre collectionneur dont la notoriété lui avait peut-être permis de visiter lui aussi l'atelier, et pourquoi pas de se procurer sur place ces feuilles exceptionnelles ! 

Au passage, il en avait également pris deux du 10 c. rouge, dont la destinée fut la même : une non dentelée qui a été coupée en deux + une autre dentelée restée intacte, et tout aussi merveilleuse que la verte.

*****

  Vous remarquerez que cette présentation permet d'obtenir (si l'on est malveillant) 50 "timbres" vierges et tout prêts pour de putatives falsifications. 

Raison pour laquelle il ne fallait absolument JAMAIS que ces feuilles puissent sortir telles quelles de l'atelier, ce qui confirme leur caractère tout à fait exceptionnel !