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samedi 11 mars 2017

Pas contente la Comtesse !


Furax ! 

  Même si, un siècle plus tard, presque personne n'utilise plus cet adjectif, il me semble tout à fait approprié pour décrire l'état d'esprit dans lequel devait se trouver la Comtesse en ce 11 juin 1910 !


  Ça devait rouspéter fort, croyez-moi, dans le hall d'entrée somptueux de l'hôtel de Gaucourt, tout proche de Commercy dans la Meuse, et à mon avis les domestiques ne devaient pas en mener bien large !

 " Mais enfin, c'est fichtrement incroyable ! Dans quel monde vivons-nous aujourd'hui ?" s'écriait-elle.

  " Comment est-il donc possible que ma carte pour la Pentecôte, que j'avais adressée en son temps à Miss Somerville, ne lui soit jamais parvenue ?

L'Ecosse, ce n'est pourtant pas le bout du monde !

Qu'est-ce qu'ils vont bien pouvoir penser de moi à Murrayfield ?

  Saperlipopette ! Mais c'est à croire qu'un pauvre gueux s'est autorisé à me la chiper à la poste, et pour s'en faire un joli souvenir, à coup sûr !

  Non mais des fois, je vais aller leur montrer de quel bois je me chauffe, moi. Ils ne me font pas peur ces malotrus. Je m'en vais de sitôt leur chauffer les oreilles !...

Nestor ! Faites préparer l'automobile, et en vitesse je vous prie ! "



  On imagine la furie qui va sauter dans son véhicule, et débouler au bureau de poste local ! Sans parler de ce qu'a dû endurer comme coups de semonce le pauvre guichetier ce jour-là, lui qui n'avait rien demandé à personne !

  Il n'empêche qu'il a dû tenir bon, face aux réprimandes de la Comtesse : il a même réussi à la convaincre de poster une nouvelle carte postale destinée à sa chère amie d’Édimbourg !

  Sauf qu'il a pris la précaution de lui conseiller la recommandation de son envoi, ce qui n'était pas courant pour une carte postale.

Certes cela aura coûté 35 centimes à Madame la Comtesse, au lieu de 10 centimes pour un envoi simple, mais au moins la voici assurée que sa carte arrivera à destination.

  Et ceci le plus rapidement du monde : elle arrivera effectivement entre les mains de sa correspondante écossaise deux jours plus tard ! En passant par Londres.


   Le seul souci, c'est que la comtesse furibonde n'avait plus du tout la tête à rédiger un mot doux sur sa carte à ce moment précis.

Elle enverra donc tout simplement son meilleur souvenir à son amie, et lui racontera probablement toutes ces péripéties à la prochaine occasion .

"Mon meilleur souvenir à Miss Somerville. 
J'espère que cette carte lui parviendra cette fois, 
étant recommandée "
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  Ce petit épisode, dont la reconstitution est toute personnelle, m'a permis de vous montrer une jolie carte recommandée pour l'étranger, ce qui à mon humble avis, ne court vraiment pas les rues !