mardi 23 juillet 2024
samedi 13 juillet 2024
C'est pas brillant / Papier d'argent / C'est pas donné / Papier monnaie ...
Après mon avis de recherche du mois dernier qui, hélas, est resté sans suite, j'avais envie de vous faire partager cette fois-ci une petite trouvaille.
Il s'agit de timbres ayant servi de monnaie, ce qui n'a rien d'extraordinaire puisque dans les années 1920 beaucoup de commerces ou grands magasins ont eu recours à des petits jetons, des petits sachets ou même des carnets de leur fabrication pour faire face au manque de pièces.
Ce modèle de sachet-monnaie n'avait cependant jamais été repéré ni répertorié depuis plus d'un siècle, et ne doit donc pas être si courant que ça :
Sans oublier que la pharmacie en question, si grande fut elle, n'avait rien de comparable avec le Crédit Lyonnais, La Samaritaine ou Le Printemps qui, eux, en ont produit de grandes quantités...
Il lui manque visiblement la partie cartonnée qui servait à protéger les timbres des mauvais traitements puisque les utilisateurs les rangeaient dans leur porte-monnaie tout en leur espérant conserver leur pouvoir d'affranchissement (et donc leur valeur), mais je l'aime bien quand même ce p'tit papier !
jeudi 27 juin 2024
Qui sait ?
Comme toujours
en philatélie (et le carnétisme n’y échappe pas), c’est en s’intéressant aux
timbres d’usage courant que l’on a le plus de chances de faire des découvertes.
En ce qui concerne les carnets et les pubs au type Semeuse, celui qui fait
l’unanimité, et de loin, c’est le 50 c. ligné rouge YT 199.
De la fin 1926 au début 1932 il a régné presque sans
partage à l’intérieur des carnets, avec près de 80 références. Il a été imprimé
en typographie à plat puis rotative, avec quatre types distincts, des centaines
de pubs différentes, et inséré dans une multitude de couvertures différentes, allant
des séries 108 à 264.
Si l’on se fie
au nombre de séries connues pour chaque carnet, le plus courant est le 199 C3 au
type I avec pubs EVIAN x 4, puis vient le 199 C25 au type IIB avec pubs DU x 4.
En effet, aucun collectionneur ne se retourne plus
devant ces deux publicités tellement elles sont courantes. Et ils ont bien
tort !
Un carnet DU x
4 a également été tiré sur les rotatives : il s’agit du 199 C52 au type
IV, et on observe que les deux ont cohabité fin 1929 – début 1930 :
Série
|
Carnet |
189 |
C25 |
190 |
C52 |
191 |
C52 |
192 |
C25 |
193 |
C25 |
194 |
C25 |
195 |
C52 |
196 |
C52 |
197
à 200 |
C25 |
En revanche, les pubs EVIAN n’ont pas eu la chance de
connaitre les rotatives. Je pense donc que la pub la plus courante rencontrée
avec notre Semeuse est bien celle pour la Documentation Unique. Ce qui n’est
pas une bonne raison pour la dénigrer.
Le seul qui
s’y soit réellement intéressé semble être le Docteur Jean Braun (un des
fondateurs de l’ACCP) avec son ouvrage de référence paru en 1959.
Comme pour toutes les pubs recensées, il mentionne le
type du timbre, et pour DU à la page 51, il donne leurs positions dans le
carnet ainsi que des différences qu’il a parfois remarquées. Reconnaissons que sa
présentation n’est pas très facile à assimiler, et que des images auraient été
les bienvenues.
Sa numérotation aurait dû nous alerter, et notre
lecture aurait gagné à être bien plus attentive.
Les numéros 276 – 278 – 280 correspondent bien aux
pubs figurant en haut des carnets connus :
Et
l’auteur précise avec un (s) leur position en haut du carnet, comme supérieur.
Sa description est très précise avec des petites différences
visibles entre les cases 1 et 4 du 276,
et entre les cases 2 et 5 du 278.
De la même façon, les numéros 277 – 279 – 281 sont attribués aux mêmes pubs, mais avec un (i) comme inférieur, lorsqu’elles sont positionnées en bas du carnet. Avec les mêmes petites différences.
Il précise même dans sa colonne de droite que ces
trois pubs (i) n’existent qu’au type II contrairement aux trois pubs (s) qui
existent aux deux types II et IV.
Le souci, c’est que PERSONNE n’a jamais vu
depuis cette époque le moindre carnet avec ces pubs en bas !
(
Attention ! ceci est un photo-montage )
Mais si Mr
Braun les décrit si bien, c’est qu’il les a vues ces pubs en bas : il ne
les a pas inventées ! Pas forcément dans un carnet complet, mais peut-être
sur des isolés, neufs ou oblitérés ?
D’ailleurs, lorsqu’il répertorie les carnets à la page
115, il nous donne bien le 103 au type II et le 104 au type IV dont la
composition est identique, et qui correspondent aux 199 C25 et 199 C52, mais ne
mentionne absolument pas l’existence du carnet avec ces fameuses pubs
inférieures.
Cela aurait également dû nous alerter !
J’avoue que
j’ai toujours un peu négligé cet ouvrage à cause de son aspect rébarbatif, au
profit des images dont nous disposons depuis et en couleurs, de tous les
carnets existant, ou presque…
C’est grâce à un de nos membres que je m’y suis
replongé, hélas bien tard, mais je l’en remercie.
Voici le timbre qu’il nous a soumis :
Il s’agit bien à l’évidence d’un type II B imprimé à
la plat, que Mr Braun répertoriait comme 277, et de celui de la case 1 au vu de
la position du U de Unique. Du jamais vu ! Oblitéré en 1931.
Notre cours
ACCP, à la page H-7, répertorie lui aussi ces pubs inférieures en précisant n’en
avoir vu qu’une photocopie du 279, en case 5.
Mea culpa : je n’y avait pas porté attention non
plus ! Et je ne suis certainement pas le seul.
Cela m’a un peu vexé ! Un tel carnet aurait bel
et bien existé, et je ne le savais pas…
Un carnet que personne n’a jamais vu. Mais avec
quelles autres pubs ?
Nous l’ignorons toujours !
Alors, je me
suis lancé dans une recherche désespérée dans mes archives, ma documentation,
parmi toutes les images des carnets du 199 que je possède, et toutes celles que
j’ai pu trouver sur internet.
Résultat : rien ! PAS UN SEUL carnet
contenant ces satanées pubs inférieures. C’est absolument incroyable au vu du
très grand nombre de carnets visualisés, principalement du 199 C25 bien entendu.
Car c’est à
mon avis bien de lui qu’il s’agit.
Comme moi, les collectionneurs en ayant vu passer de
nombreux, avec leurs très courantes pubs DU x 4, n’y ont pas forcément porté
beaucoup d’attention, les ont classés comme des 199 C25, et n’ont peut-être pas
remarqué cette possible disposition anormale des pubs.
C’est
à eux que je lance un appel : regardez les donc mieux, et tenez-moi au
courant !
En effet, si
ces pubs inférieures avaient été au sein d’un autre carnet que celui-là, avec
d’autres pubs, elles auraient obligatoirement été remarquées et signalées
depuis longtemps. Ce qui n’est pas le cas.
Mes recherches
ne sont cependant pas restées vaines, et cela m’a un peu consolé, car je suis
tout de même tombé sur cette stupéfiante bande de 3 :
Peut-être
celle que Mr Braun avait eue sous les yeux ?
Avec
279 – 281 – 277 (cases 2 – 3 – 4 )
Il ne nous
reste donc plus qu’à retrouver cette photocopie du 279 de la case 5 signalée
par l’ACCP pour recomposer une bande de 5. Un appel est donc lancé !
Et à tomber un beau jour, rêvons un peu, sur un plus
grand fragment, voire même et pourquoi pas sur un carnet complet encore
INCONNU !
Cette bande
étant elle aussi oblitérée de 1931, c’est à dire à la fin du tirage du carnet
199 C25 (avec les séries 212 à 221), je formule une hypothèse qui vaut ce
qu’elle vaut : un accident technique serait survenu sur la planche lors de
son utilisation à l’atelier. On aurait alors remplacé la réglette endommagée
imprimant les 5 pubs du bas, par une semblable à celles imprimant les 5 pubs du
haut. Le tirage aurait été un temps relancé, pendant une courte période. Mais
cela n’aurait pas donné satisfaction, la composition n’étant plus conforme à
celle choisie par l’annonceur. Et le tirage aurait été stoppé. Cela
expliquerait la rareté que nous constatons près d’un siècle plus tard.
mardi 25 juin 2024
Avis de recherche
Bonjour,
tout est dit ou presque dans le titre : je suis à la recherche d'un de ces timbres, en neuf ou oblitéré, bloc, bande, carnet, et même d'une simple image, si vous avez :
MERCI par avance !
mardi 28 mai 2024
En janvier 2021, je vous avais fait admirer la finesse de cette épreuve que j'avais eu la chance de me procurer, sans trop savoir de quoi il s'agissait, mais que je trouvais absolument remarquable.
Outre sa beauté, c'est le mystère qui s'en dégageait qui m'avait franchement séduit : son grand format très inhabituel et même unique, ainsi que le fait que l'effigie soit représentée inversée restaient pour moi inexpliqués.
Vous pourrez relire mon petit article de l'époque en cliquant sur ce lien :
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiVtGHSXHs9bAWmhPr1CLsmd0CAsv80FaI-HV4FTAOXyANepzgkiyn6NSJdo0H9vuwVdMA9Tzy8PRx918CYevjT5wazzMGIjaRtJX1g1hcFVOhzd4aXuCagU4kwzs9wIDGtyjfCmXc-pFRZWF0brU3xoCQcz5wdZ90RSKJ6F88TI6v3Bc-2Hoz69XYOZtXj/w286-h640/essai%20renvers%C3%A9.jpg)
jeudi 2 mai 2024
Presque une obsession !
Je vous avais conté, en mai 2019 notamment, l'histoire de ces rarissimes Semeuses vertes à 5 c. exceptionnellement imprimées sur un papier filigrané qui n'aurait normalement pas dû être utilisé par l'administration. Vous pourrez vous rafraichir la mémoire en cliquant sur ce lien :
Depuis quarante ans, ces quatre sœurs presque jumelles faisaient certes la joie de deux philatélistes, mais le moral n'y était pas : elles ne s'étaient jamais remises vraiment de cette triste séparation.
Début 2015, la bande de 3 avait miraculeusement changé de propriétaire, mais malgré tout mon amour et tous les bons soins que j'ai pu lui prodiguer, je n'avais jamais réussi à lui redonner le sourire !
Il faut rappeler que j'ignorais alors totalement l'existence de la quatrième.
J'avais eu à l'époque la bonne idée de vous la montrer ici, et c'est grâce à ce blog qu'un de nos lecteurs avait pu la revoir (l'heureux propriétaire de l'isolée). Il m'avait contacté pour me raconter sa mésaventure des années 80, mais ne souhaitait pas se séparer de cette 4ème merveille.
Impossible donc de reconstituer cette si sympathique fratrie, et c'est moi qui, du coup était un peu triste depuis. Mais pas désespéré...
Le bonheur venant toujours à qui sait attendre, c'est à présent chose faite, ce qui me permet de vous faire partager une bien meilleure image de ce filigrane :
Pour admirer les cases 146 - 147 - 148 - 149 de cette feuille peut-être bien unique, que je pense pouvoir dater de 1907.
Je rêve à présent de tomber un jour sur les autres timbres (et leurs bas de feuille !) qui étaient situés sur la gauche, et où figurait la terminaison "à Annecy", mais j'ai peu d'espoir...
******
J'en ai profité pour réaliser un photo-montage en utilisant toutes les images que je possède de l'autre timbre connu sur ce même papier (10 c. rose Semeuse lignée).
Il permet de visualiser la presque totalité de ce filigrane qui me fait tant rêver :
Il ne manque que le début du V de Veuve, et le Y final de la ville d'Annecy.
Il va sans dire que si l'un de nos lecteur a la chance d'avoir d'autres images
ou même d'autres timbres avec cette "variété",
je serais ravi d'avoir de ses nouvelles !
Qu'il veuille bien cliquer sur "aucun commentaire" ci-dessous
V
samedi 13 avril 2024
Tragique histoire
Une bonne partie de ma collection est consacrée aux courriers avec RETOUR A L'ENVOYEUR postés à destination de l'étranger, grâce auquel ma chère Semeuse a parfois traversé la planète pour finalement revenir à son point de départ, sans avoir pu mener à bien sa mission.
Et je suis toujours à la recherche de certains pays lointains ou exotiques.
Les raisons pour lesquelles les destinataires n'ont pu être trouvés sont diverses : un défaut ou un changement d'adresse, un décès, la guerre, un accident, une erreur dans l'acheminement etc...
Bien entendu, plus le lieu de destination est petit et reculé, plus ça m'intéresse. Mais je suis à présent assez avancé, et cela fait quelques temps que je n'en trouve plus qui me fassent vraiment plaisir.
Pourtant, cela m'est arrivé récemment, en tombant sur cette lettre :
A destination de l'île de Malte, c'est déjà assez original. Affranchie avec mon timbre préféré. Et en pleine guerre mondiale. Cela aurait suffi à mon bonheur. Que je me suis offert pour quelques euros.
J'avais bien vu les ratures, les mentions manuscrites : tout ce qui me plait pour m'amuser à retracer le parcours de ces lettres. et le seul cachet d'arrivée au dos, de Bizerte en Tunisie.
Mais son originalité réside en fait dans le destinataire car il n'y en a pas vraiment !
L'expéditeur l'a postée, un peu comme on jette une bouée à la mer, pour essayer de contacter un des passagers ayant survécu au naufrage d'un navire, l'Amiral Hamelin :
Quelques clics sur Google m'ont permis de retracer ce triste épisode de la guerre :
un combat entre un sous marin ennemi et ce bateau chargé de militaires parti de Marseille avec à son bord 306 artilleurs qui vont à Salonique renforcer les 17e et 23e régiments d’artillerie et le 2e groupe d’aviation. L’équipage comprend 48 hommes.
Le cargo a aussi embarqué dans ses cales 2000 obus de gros calibre, 15000 coups de 75, et 2 millions de cartouches de fusils et mitrailleuses. Il fut torpillé et coulé en Méditerranée le 7 octobre 1915 à 170 miles au sud-ouest de la Grèce :
La lettre étant partie de Paris le 15 novembre, il est fort probable que celui qui l'a écrite venait tout juste d'apprendre la catastrophe, et s'inquiétait pour un membre de sa famille ou une connaissance qui se trouvait à bord !
Du coup mon enveloppe prend un caractère historique et émouvant, ce qui n'est pas pour me déplaire.
D'autant plus qu'elle contient encore son courrier, vieux de plus d'un siècle
On peut y lire que le commissaire priseur parisien Albert Delvigne souhaitait connaître les circonstances de la disparition de son cousin, le soldat Charles CADOT, âgé de 17 ans :
Est-il mort en mer ou à Malte ? Y est-il enterré ?
A t'il été noyé ou tué ?
Et on apprécie mieux que les services postaux se soient donné bien du mal pour essayer de trouver un de ces survivants.
Merci à ce site qui m'a fourni beaucoup de renseignements :
C'est un navire hôpital anglais, le Dunluce Castle qui a recueilli les blessés au nombre de 49, et qui les a acheminés à Malte dès le lendemain.
D'où la destination de ma lettre. L'expéditeur avait donc dû en être informé.
Dans ce drame 6 hommes d’équipage et 55 militaires ont péri, mais 293 hommes ont tout de même pu être sauvés.
L'équipage fut mis en subsistance sur un autre navire, le Tourville (mentionné en violet en bas à droite).
On peut aussi lire sur l'enveloppe, les mentions
"Tous les survivants rapatriés"
et sur la gauche "Rescapés rapatriés Voir Bizerte"
Le courrier a donc terminé son chemin à Bizerte en Tunisie où j'ai appris que des blessés avaient été pris en charge dans l'hôpital maritime voisin de Sidi Abdalah (également mentionné sur la droite).
Mais tous ces recherches furent vaines, et la lettre sera finalement retournée vers la métropole : mention violette "Service guerre Paris".
C'est sur cet autre site : lien que j'ai pu retrouver le nom de Charles Cadot qui figure bien hélas sur la liste des disparus, mais sans que l'on ne sache précisément ce qu'il est devenu, renseignements que cherchait à obtenir l'expéditeur de ce courrier, pour qui notre bienveillante Semeuse, malgré toute sa bonne volonté, n'a rien pu faire.