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samedi 30 octobre 2021

Laissez parler les petits papiers...

 

  Je croyais avoir déjà tout dit ici sur le fameux filigrane AUSSEDAT que l'on aperçoit sur certains timbres au type Semeuse (si on a beaucoup de chance).

Rappelons que, normalement, le papier destiné à recevoir la gracieuse silhouette de notre Semeuse au début du XXème siècle devait être dépourvu de toute marque. Et les contrôles étaient stricts.

  Cependant, une douzaine de décennies plus tard, nous savons que l'on peut trouver au moins deux timbres différents imprimés sur un papier filigrané : il s'agit de la Semeuse lignée rose à 10 c. YT 129 et de la Semeuse camée verte à 5 c. YT 137. En cherchant bien...

Une troisième a été décrite en 1936, mais n'a jamais plus montré le bout de son nez : la Semeuse lignée verte à 15 c. YT 130. Si vous avez la chance de la croiser, et surtout l'amabilité de me la montrer, je vous promets une belle récompense !...

  Etant donné que c'est en cherchant que l'on se donne une chance de trouver, je ne me laisse jamais décourager, et Gallica le site de la B.N.F. vient de me faire un petit plaisir sous la forme d'une trace sur cette piste laborieuse, cette chasse au trésor.


  Le 1er juin, le Journal des papetiers et le Moniteur de la papeterie française ont tous deux publié un encart donnant les résultats d'une adjudication datant du 19 mai 1906, faisant suite à un appel d'offres du Ministère des travaux publics, des postes et des télégraphes, qui nous intéresse au plus haut point :


Le 1er lot concernant 20 000 rames de papier pour timbres-poste a été attribué à la maison Martin et fils qui l'emporte face à ses 3 concurrents, car sa proposition était la moins chère. 

La maison Aussedat étant la plus chère avec la sienne (31% de plus) n'avait aucune chance !


  On apprend au passage d'où venait le papier prévu pour notre Semeuse cette année-là : une adresse en plein centre de la capitale, dans le 4ème arrondissement . Peut-être une entreprise familiale de l'Ariège qui existe encore de nos jours ? Cette information m'était inconnue jusqu' à aujourd'hui !


S'agit-il de 20 000 rames de 500 feuilles ? Soit 10 millions de feuilles, pour 3 milliards de timbres ?

  Quoi qu'il en soit, il est fort probable que l'administration qui portait autant d'intérêt sinon plus à la qualité de sa production qu'à ses finances, n'a pu prendre sa décision qu'après avoir examiné et vraisemblablement essayé les différents papiers qu'on lui proposait.

C'est ainsi, à mon avis, que quelques feuilles du papier filigrané de la maison Aussedat se sont un beau jour retrouvées dans les placards de l'atelier de fabrication des timbres-poste du boulevard Brune, même sans jamais en avoir remporté le marché ! 


  Quelques feuilles sont même passées sous les presses typographiques qui imprimaient à l'époque deux des trois timbres cités plus haut. 

On sait que le YT 129 a été imprimé jusqu'à la fin de l'année 1906 même si son remplaçant était apparu pour fêter la baisse des tarifs du 16 avril. 

Pour cette même raison, le YT 130 était en perte de vitesse dans la production de l'atelier. 

Le YT 137 n'est venu quant à lui que quelques mois plus tard (sa première date d'impression connue est du 11 mars 1907).


  Certainement que l'administration qui était bien connue comme étant plus fourmi que cigale, n'a souhaité gaspiller ni le papier reçu gracieusement des papeteries suite à son appel d'offres, ni les quelques feuilles de timbres qui avaient été imprimées dessus afin de le tester !

 Du coup, mais je m'avance peut-être un peu trop, il n'est pas absurde de penser qu'il puisse exister quelque part d'autres timbres imprimés sur ce papier filigrané, même si plus d'un siècle de philatélistes sont bêtement passés à côté !

Je pense tout particulièrement aux trois 10 c. rouges qui étaient contemporains : Semeuse avec sol YT 134, Semeuse maigre YT 135 et Semeuse camée YT 138...

A vos pinces et à vos loupes !

Bonne chasse !

(Forte récompense promise également en cas de découverte !)