Maurice Digeaux.
Beaucoup des philatélistes collectionnant les timbres dits "semi-modernes" doivent connaître, au moins de nom, cet industriel de l'Ardèche et ce négociant parisien que les timbres ont fait se réunir.
P. V. C. est à l'origine de deux superbes carnets publicitaires vantant les produits de sa marque de produits à base de "soie artificielle".
Ils sont tous deux constitués de deux panneaux imprimés à plat :
- celui de droite constitué de 10 timbres avec bande publicitaire
- et celui de gauche de 10 jolies vignettes des différents produits de la marque
Le tout agrafé dans une couverture polychrome du plus bel effet.
La belle idée que voilà !
Bonnes idées de cadeaux pour philatélistes avertis, et sorties juste avant Noël !
L'un contient 10 timbres à 15 c. brun Semeuse camée (YT n°189) type I
Imprimé le 5 décembre 1928, et tiré à 4300 exemplaires :
Imprimé le 1er décembre 1928, et tiré à 8400 exemplaires :
L'idée commerciale était de fournir ces carnets "à ses agents et ses clients de gros" (je cite un extrait de la lettre reproduite) afin qu'ils utilisent les timbres et les vignettes pour faire de la publicité à son entreprise !
Cette lettre répond déjà à la demande d'un philatéliste de 1929.
Les philatélistes (et les marchands de timbres) ont été tellement séduits qu'ils ont beaucoup conservé de ces carnets intacts, ce qui fait qu'aujourd'hui, ils ne sont pas très rares.
On trouve d'ailleurs assez peu fréquemment au contraire les timbres ayant bel et bien servi sur le courrier, à la fois pour l'affranchissement et pour la publicité !
Je ne suis donc pas sûr du tout que le but recherché de "cette publicité spéciale très coûteuse" ait été un jour atteint...
Et comme nul n'est aussi bien servi que par soi-même :
Là où cela se gâte un peu, c'est lorsque l'on déplie le petit fragment de journal collé sur la lettre !
Il s'agit d'un extrait de l'Echo de la Timbrologie du 15 février 1929, montrant une annonce d'un célèbre négociant en timbres du boulevard Magenta à Paris, le fameux Maurice Digeaux.
Non seulement celui-ci propose à la vente ces deux carnets, à un assez bon prix (pour lui) : 36 fois la valeur des timbres pour le 189, et 10 fois leur valeur pour le 199 !
Ce qui laisse d'ailleurs à penser qu'il ne lui reste déjà plus beaucoup de carnets du 189...
Fichtre que voilà une belle affaire !
Mais pour qui ?
Ne pensez-vous pas que les deux hommes se sont un petit peu acoquinés, non ?
Peut-être pour que P.V.C. puisse finalement rentrer dans ses frais, après l'échec relatif de sa campagne publicitaire ?
L'histoire ne le dit pas, mais elle le laisse bien deviner...
Comme il est écrit dans l'annonce, ces carnets avaient déjà bien été repérés par les philatélistes grâce à la complicité (si j'ose dire) du même journal dès le début de l'année 1929 !
Cet intéressant courrier avec cette petite annonce extraite d'un journal nous permet également de savoir que ces sacrés lascars ont également tous les deux (de concert oserais-je même dire) aimablement distribué à leurs clients ou amis, des couvertures de ces deux carnets qui devaient leur rester sur les bras.
Couvertures contenant cette fois-ci non pas 10 timbres et 10 vignettes, mais 20 vignettes non dentelées, sans aucune valeur d'affranchissement bien entendu :
Il s'agit des mêmes vignettes que celles des carnets avec timbres
Il existe deux variantes de chacun de ces deux carnets de vignettes.
Avec ou sans un trait d'encre annulant sur la couverture la valeur des timbres qu'ils ne contiennent pas :
Et, au dos des vignettes, soit un texte imprimé explicatif de P. V. C.
soit la simple mention "Sans valeur d'affranchissement"
Ils ne sont pas très connus ces carnets sans timbres, mais force est de reconnaître qu'ils ne courent pas la rue Drouot, contrairement à ceux qui en contiennent... Bizarre !...
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Maurice Digeaux, décidemment grand "amateur" de carnets, est passé à la postérité en faisant lui aussi sa publicité personnelle sur un nombre volontairement restreint de carnets dont les bords de feuille avaient été laissés vierges lors de leur fabrication.
Carnets imprimés à plat ou en rotatif par l'atelier, mais sur lesquels il a dû ensuite se débrouiller avec ses propres moyens pour y apposer son nom et sa publicité.
En voici un exemple :
Pas terrible comme pub !
Contrairement aux jolis carnets de P.V.C. il en a conservé les couvertures d'origine, pourtant assez moches, et au nombre de 9 différentes comme il l'explique sur ce feuillet :
200 carnets exactement, tous bien recensés, soit 4000 timbres,
et tous bien "destinés à être distribués gratuitement aux collectionneurs"
Avec des timbres à 10 c. vert au type Pasteur ou Semeuse imprimés à plat
et des timbres imprimés en rotatif, Semeuse lignée 50 c. rouge au type IV
D'ailleurs, si vous croisez un jour un de ces timbres sur lettre d'époque, je suis preneur, même d'une photo : je n'en ai jamais vu. C'est dire s'ils étaient bien destinés aux collectionneurs !Mais, vu les prix demandés aujourd'hui pour ces carnets, il y a certainement quelqu'un qui a dû faire une bonne affaire au passage...
D'ailleurs les vrais amateurs ne s'y trompent pas : ces carnets Digeaux ne se vendent pratiquement jamais lorsqu'ils sont proposés sur le marché de nos jours.
Bien fait ! Na !
Il y a plusieurs décennies, jeune philatéliste, je me suis permis de contacter Monsieur Digeaux, mais il ne disposait hélas plus depuis longtemps d'aucun de ces timbres ni carnets.
Il m'avait très aimablement répondu.
Il y a plusieurs décennies, jeune philatéliste, je me suis permis de contacter Monsieur Digeaux, mais il ne disposait hélas plus depuis longtemps d'aucun de ces timbres ni carnets.
Il m'avait très aimablement répondu.
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Un grand MERCI à mon ami Lucien qui m'a permis de vous faire découvrir cette lettre !
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