Rechercher dans ce blog

Nombre total de pages vues

jeudi 23 avril 2020

Mieux à l'aller qu'au retour !


  Je vous avais conté en mai 2016 les péripéties d'une lettre ayant atteint Bangui grâce à la première liaison aérienne entre la France et La Réunion, et au mérite du Capitaine Goulette et de son équipage.

Recommandée à 4 f. 50  =  9 exemplaires du YT 199

Son expéditeur était un petit malin de la région parisienne, qui devait se passionner à la fois pour l'aviation et pour la philatélie.

Preuve en est cette seconde lettre qu'il s'était adressée de la même façon à son nom, en poste restante à Gao (actuellement situé au Mali) afin qu'elle lui revienne.
Comme la précédente, il l'a postée à Paris R.P., mais le 6 décembre 1929, alors même que la première ne lui était pas encore revenue de son périple africain !

 Recommandée à 4 f. 50  = 10 exemplaires du YT 197

En revanche, la géographie ne devait pas être trop son fort : Gao situé +/- 3000 Km au Nord - Ouest de Bangui, faisait alors partie de l'Afrique Occidentale Française, et non de l'Afrique Equatoriale Française !


  Cette seconde missive est malgré tout bien arrivée à destination, à Gao le 16 décembre, où elle n'a bien entendu jamais trouvé ce coquin d'Albert Knussi. 

Elle est repartie vers la France en passant par Bamako, et est revenue à Ivry sur Seine au début de 1930.

  Et en fouillant sur Google, j'ai trouvé que l'histoire de cet autre vol était tout autant délectable que celle du précédent :



Hormis le mécanicien Gaston Dodement, employé du motoriste, l'équipage militaire est sans aucun doute expérimenté, mais peu familier des vols coloniaux : l'adjudant Léopold Roux, pilote, appartient au 34° Régiment d'aviation, et l'ingénieur en chef de l'aéronautique Raymond Caillol, navigateur et second pilote, au S.T.I.Aé.

Le manque d'expérience se perçoit dans l'optimisme inhabituel du tableau de marche initial qui ne prévoit que 7 étapes : 
Colomb-Béchar, Gao, Fort-Lamy, Coquilhatville, Élisabethville, Quelimane, Tananarive. 

L'équipage espère même pouvoir réaliser la liaison en 4 étapes seulement : Colomb-Béchar (2100 km), puis Gao (1900 km), Élisabethville ou Tete, puis Tananarive.

Initialement prévu pour le 9 décembre, leur départ est retardé par une violente tempête qui souffle sur la France. 
Le 11, Caillol et Roux effectuent un vol d'essai de consommation du F-AJJK au dessus de Toussus-le-Noble. 
L'avion est ensuite convoyé au Bourget où l'équipage effectue les derniers préparatifs, chargeant l'avion avec des vivres et 35 kg de courrier.

Le 13 décembre à 2h25, le F-AJJK piloté par Roux décolle pour se poser, après dix heures de vol, sur l'aérodrome d'Oran - La Senia.

Après un ravitaillement rapide, l'équipage reprend l'air à 13h20 pour Colomb-Béchar, mais à la tombée de la nuit, décide d'atterrir sur une bande de sable à Béni Ounis

Le lendemain, reparti de bonne heure, Roux pose à 14h00 le F-AJJK à Reggan.

Bloqués durant une journée par une tempête de sable, ils ne reprennent leur vol que le 16.

Décollant à 6h00, le F-AJJK traverse le désert sans problème pour se poser en fin de journée à Gao

Le 17, l'étape Gao - Niamey est effectuée rapidement. 

Le 18, le Farman arrive à Zinder vers 13h50. 

Il en repart le lendemain, fait escale à Fort Lamy pour ravitailler avant d'arriver à Fort Archambault à la tombée de la nuit. 

Le 20, l'appareil atteint Bangui vers 9h00. 

Deux heures plus tard, il repart vers Coquilhatville où il reste bloqué une semaine par les violentes tornades qui sévissent dans les régions que le F-AJJK doit traverser. 

Ce n'est que le 27 décembre que le F-AJJK peut reprendre sa route. 

L'espoir de battre le record de Bailly, Reginensi et Marsot s'est définitivement envolé.

Bloqué quatre jours à Quelimane, ils en repartent le 30, atterrissant sur la grande île à Mahatsinjo, et ne rejoignant Tananarive que le 1° janvier vers 15h00.




  J'espère qu'ils ont bien profité là-bas, car le chemin du retour se passe mal, et l'histoire finit tragiquement :

Le 10 janvier, après huit jours de repos dont les trois hommes ont profité pour visiter le lac Itasy, le F.197 F-AJJK repart pour la métropole. 

Lors de la traversée du canal du Mozambique, l'équipage survole l'îlot de Juan de Nova et jette un message lesté à Bourgeois qui garde le F-AJJB, avant de se poser à Quelimane.

Le 13, l'avion disparaît sur le chemin de Port Francqui. 



Selon toute vraisemblance, après avoir été frappé par la foudre, il s'est écrasé en pleine forêt équatoriale, entre les postes de Mangaï et Lubué le long du Kasaï.

L'avion disloqué et les corps des aviateurs ne sont retrouvés que le 14 mars. 

Inhumées sur place, leurs dépouilles seront rapatriées en France début juin.


R. I. P.
L. Roux   -   R. Caillol   -   G. Dodement

 Il me semble qu'un bel hommage doit être rendu ici à ces aventuriers des années 30, prêts à donner leurs vies à leur passion, et pour assurer coûte que coûte les liaisons aériennes les plus périlleuses !
Alors que leurs noms ne sont pas restés dans l'histoire...

J'espère pouvoir trouver à l'avenir encore quelques autres courriers affranchis avec ma chère Semeuse, et peut-être du même expéditeur, qui nous raconteront des histoires plus heureuses, mais toujours aussi extraordinaires...

  Pour notre plus grand plaisir, ces Semeuses ayant su braver tous les dangers et revenir vers leur terre natale, méritent bien une place dans nos collections ! J'adore ces lettres avec Retour à l'envoyeur !


Aucun commentaire: