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lundi 9 mars 2020

Interrogation sur le point

  Le site Wikipedia, toujours lui, nous apprend que l'origine elle-même de ce symbole assez original de notre écriture reste mystérieuse. Parmi les différentes hypothèses, celle qui me séduit le plus fait référence à un animal que j'adore : le chat (vu de dos) ! 

"Il représenterait les émotions d'un chat : 
queue interrogative au dessus de l'anus"


  J'avoue que depuis que j'ai appris ça, je ne regarde plus mes chats de la même façon ! Mais cela ne m'empêche pas pour autant de me poser des questions...
Il en est une qui me taraude au sujet de l'impression de mes timbres préférés, à laquelle personne n'a su à ce jour apporter de réponse, et je tenais à vous en faire part ici.

  Cela concerne les feuilles de certains timbres durant la période ou l'atelier maîtrisait pourtant bien la typographie à plat.

Nous avons déjà parlé ici du grand intérêt des inscriptions figurant dans la marge du bas qui renseignent sur la presse utilisée, son conducteur, et donnent la date - jour et mois - de l'impression. 
Le millésime situé lui au niveau du pont nous donne l'année, même si c'est parfois à nous de deviner la décennie.

  Il existe d'autres "marques" volontairement imprimées au niveau des marges et moins connues, destinées à centrer la feuille sur la machine à perforer : il s'agit (en bas, sous le 146ème timbre) d'une fine croix de repère dont les ouvriers se servaient pour bien épingler la feuille au bon endroit :


Et d'un point situé à l'autre extrémité de la feuille (en haut, au-dessus du 6ème timbre) :


On peut imaginer que l'ouvrier tendait entre ses doigts la feuille dans sa longueur, pour venir l'épingler sur ces deux repères.
Mais, même en zoomant sur cette image d'époque de la machine en question, on ne peut que deviner le système de fixation qui devait immobiliser la feuille ainsi épinglée :


  D'ailleurs, si on y regarde de plus près, on voit que même lorsque l'ouvrier n'épinglait pas à la perfection la feuille (en réalité il passait 5 feuilles à la fois), cela n'empêchait pas la perforation de se faire convenablement, donnant des timbres "bien centrés" :


(on voit ici que l'épinglage s'est fait un petit millimètre trop bas)

C'est donc qu'il devait y avoir moyen de faire des réglages, une fixation et un centrage plus précis des feuilles sur la machine, afin d'obtenir le meilleur résultat possible au niveau dentelure. L'épinglage n'étant qu'un préalable.

   Je connais au moins cet exemple de 1906 et 1907 pour le YT 135, où figure un trait dans la marge du haut, en plein milieu, qui semble avoir joué le même rôle de repère, alors qu'il y avait aussi le point habituel :

    
(une curiosité de plus)


  En ce qui concerne les rares feuilles pour carnets, on trouve un point au milieu, plus au moins gros et plus ou moins carré :



  Mais la raison de mon article du jour, la voici : il s'agit d'un excellent article du Dr Rouques, paru dans Le Monde des Philatélistes en février-mars 1980, qui attire notre attention sur un mystérieux point de couleur que l'on trouve sur certaines feuilles. Et pas sur d'autres !

Il y passe en revue beaucoup de timbres imprimés à plat datant des années 1917 à 1933, pour lesquels il a observé ce point, ou au contraire noté son absence.

  En ce qui concerne le type Semeuse qui seul m'intéresse, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'est pas souvent présent, ce point ! On ne le rencontre que sur certaines feuilles, pour certaines valeurs, et pas toujours au cours d'une même année.

Ça vous intrigue,non ? 
Je vous sent trépigner d'impatience !
Je vous entend taper du pied.

Alors, le voici, ou plutôt les voici :


La photo n'est pas de bonne qualité, mais on les distingue 
au nombre de 3 sur cette feuille pour roulettes du 15 février 1918,
au niveau du pont des lignes 1 - 15 - 18.


C'est d'ailleurs le seul exemple que je connaisse avec 3 points.
La plupart du temps, il n'y en a que 2.

*****

Le voici bien mieux visible sur cette excellente image, à la ligne 1 :


Mais cette feuille du 26 février 1917, toujours pour roulettes, 
ne comporte pas celui de la ligne 15, et n'en a donc que 2 !
Pourquoi donc ?


Il faut dire que ces feuilles pour roulettes du 15 c. Semeuse lignée sont très rares, ce qui peut expliquer que leurs détails soient longtemps passés inaperçus...

D'autant plus que l'immense majorité du tirage de ce timbre
est sous la forme de feuilles-vente sans aucun point, 
y compris celles porteuses des mêmes millésimes !

*****
Pour rester sur ce YT 130, mais en feuilles-vente normales,
je n'ai retrouvé de point à la ligne 1 qu'en 1920 et 1921

       

(vu aussi avec pré-oblitération en 1921)

Je l'ai également vu à la ligne 17 de ces deux feuilles surchargées :

        

(respectivement du 18 janvier et du 23 mars 1921)

Cette ligne 17 correspond bien à la ligne 15 des feuilles pour roulettes
du fait des deux lignes sans timbre de ces dernières.

Je ne l'ai en revanche jamais rencontré à la ligne 18, celle du bas, 
à la différence des feuilles pour roulettes.

*****

La Semeuse YT 137 est également concernée, en 1920, à la ligne 1 :


Même lorsque le millésime manque :


Et à la ligne 17 :


 (feuille du 28 octobre 1920, sans millésime)

Mais jamais vu sur une feuille d'une autre année !

*****

Pour la Semeuse YT 140 aussi, mais je n'ai vu que la ligne 1 :


(papier non G.C.)

*****

Et pour finir, j'ai eu la bonne surprise de voir que ma feuille de la Semeuse YT 158 
du 28 janvier 1921 était elle aussi touchée, lignes 1 et 17 :

          

(et toujours pas de 3ème point)

Mais, il existe aussi des feuilles de 1921, sans aucun point !



Avouez que, vu comme ça, rien ne semble logique, 
et qu'il paraît difficile de trouver une explication rationnelle !

  Le Dr Rouques avait bien émis avec Pierre de Lizeray une hypothèse dans son article, mais il ne l'avait finalement pas retenue.
Moi, elle me plaisait bien pourtant...

Le galvano du haut de la feuille aurait été identifié par son point en haut, ligne 1.
Le galvano du bas par son point en bas, ligne 17 (ou 15 pour les roulettes).
Et le galvano du milieu par son absence de point.

Ce qui paraissait pour le moins logique, et aurait permis de s'y retrouver aisément si l'on était amené à démonter une planche pour des raisons techniques.

Mais il est vrai que celui de la ligne 18 n'y trouve pas sa raison d'être...

Et encore un mystère de plus qui reste à éclaircir


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