Pour ceux qui auraient du mal à situer sur une carte les îles de la Désolation, j'ai mis un petit rond rouge dessus, cherchez bien :
Faut avouer que celui qui leur avait donné ce surnom (James Cook)
n'avait vraiment pas exagéré !
Je ne pense pas qu'on puisse trouver sur notre planète un coin plus reculé et inhospitalier : des vents permanents y soufflent souvent au-delà des 150 Km/heure, avec une température moyenne sur l'année proche de 5°C.
Et, cerise sur le gâteau, visez un peu la tronche des habitants :
Ça vous aide si je vous dis qu'elles ont été découvertes en 1772 par ce navigateur breton ?
Yves Joseph de Kerguelen
Seigneur de Trémarec
Seigneur de Trémarec
Pas étonnant que depuis l'époque de Louis XV,
on ne s'y bouscule pas, aux Kerguelen !
Deux siècles plus tard, des aventuriers du Havre, les frères Bossière (Henry et René) décident de se lancer dans leur exploitation, avec assez peu de succès, même s'ils ont laissé aux philatélistes de superbes courriers, aujourd'hui recherchés et souvent vedettes des ventes et des expositions.
Et notre Semeuse y était !
Tous ces courriers qui semblent bien "philatéliques", ont pourtant régulièrement circulé, et sont revenus des Kerguelen via l'Afrique du Sud ou l'Australie.
Les plus rares comme ceux-ci portent un cachet de transit :
(MERCI au passage à leurs heureux propriétaires)
Je vous conseille ce site concernant l'exploitation de cette île perdue :
Henry, sur la droite, en 1909
Et une vue du port, prise après la guerre
Déjà pas facile en temps de paix, la promenade dans les quarantièmes rugissants (presque cinquantièmes), la communication avec les Kerguelen a été interrompue durant la première guerre mondiale : vous imaginez bien qu'on ne devait pas y croiser grand monde...
René Bossière avait été nommé Résident de France depuis 1896, ce qui lui avait permis de s'autoriser à utiliser le joli cachet postal ornant ces lettres, mais d'après ce que j'ai pu trouver comme renseignements, l'île avait été évacuée pendant la guerre.
*****
Toujours est-il que le 16 mars 1918, alors que la France fait face à l'offensive allemande, un certain Monsieur Brunel, demeurant dans le Xème arrondissement de Paris au n°10 de la rue Paradis, a un truc important à raconter à René, ou bien à lui envoyer.
Pour plus de sûreté, il se décide pour un recommandé, et précise même "par le Cap de Bonne Espérance" à l'attention des postiers.
Son courrier mettra presque 2 mois pour arriver en Afrique du Sud : à Durban le 9 mai, puis à Capetown - Kaapstad le 13 mai.
Mais comme toutes les communications étaient suspendues, la lettre va devoir être retournée dès le 16 mai vers la France.
Au passage, elle a bien évidemment été ouverte et contrôlée par la censure militaire, qui y a apposé son cachet violet au recto, et une étiquette au verso. Visiblement néerlandaise cette censure !
Un mois plus tard, elle est revenue au bureau de Paris X le 19 juin, où elle va chercher son destinataire (qui était d'ailleurs également son expéditeur) jusqu'au 24, pour finalement arriver à Ligny le Chatel dans l'Yonne le 26 juin. Mr Brunel ayant dû fuir à Varennes...
Un bien joli périple qui a laissé de nombreux cachets au dos de l'enveloppe :
J'en ai bien trouvé celle-là, pour Papeete, qui est sympa aussi :
Une insulaire, dans la même posture que l'animal austral
Moi j'ai tendance à préférer les vahinés...
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