Même si cela revient un peu à enfoncer une porte ouverte, j'aime bien avoir sous les yeux la preuve de ce que tout le monde considère comme acquis.
Dans mon métier c'est même conseillé : avoir constaté les effets d'un médicament sur un patient porteur de telle maladie, c'est tout de même mieux que d'en avoir seulement lu la notice !
Les techniques d'impression des timbres au début du XXème siècle me passionnent toujours autant, même si quelques subtilités m'échappent encore, et je me suis replongé récemment dans la lecture de l'introduction de l'excellent ouvrage de Louis Barrier consacré aux Semeuses. Je vous le conseille car on y apprend bien des choses.
Pour faire bref, les feuilles étaient imprimées, puis gommées, puis coupées en deux, et finalement perforées. On sait à peu près comment se déroulait l'impression. On a des images de l'extraordinaire machine à gommer. Et on sait que la machine à perforer le faisait ligne par ligne, du haut vers le bas de la feuille.
Arthur Maury dans son Histoire des timbres-poste français, nous avait appris que cette dernière étape se faisait en perforant plusieurs feuilles à la fois : cinq exactement.
Ces (demi) feuilles de 150 timbres étaient piquées manuellement sur la machine en question en se servant des points et de la croix de repère visibles dans les marges, pour que la perforation soit correcte : on imagine bien que cela demandait une certaine précision de la part de l'ouvrier responsable, ainsi que toute son attention.
Le fait que 5 feuilles soient ainsi empilées (à la main et assez vite) avant d'être perforées explique la possible survenue d'accidents parfois spectaculaires : par exemple lorsqu'une des feuilles se repliait malencontreusement avant d'être recouverte par une autre, et que l'ouvrier ne s'en apercevait pas. Ou bien lorsqu'une des feuilles n'était pas aussi bien positionnée que les autres.
Les piles de 5, une fois perforées, étaient alors elles-mêmes empilées avant de passer au contrôle.
Voici quelques exemples des conséquences de cette technique et de ses accidents :
C'est bien entendu souvent un coin de la feuille qui se repliait :
C'est précisément ce dernier cas qui m'a inspiré ce petit article, car j'ai retrouvé par hasard en faisant du rangement dans mes archives les images de ces 2 fragments :
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