C’est fin 1928, à l’initiative du maire d'Orléans qui
souhaitait commémorer le 5ème centenaire de la délivrance de sa
ville (8 mai 1429), que fut prise la décision de remplacer provisoirement
pendant six mois notre chère Semeuse à 50 c. par une vignette bleue (comme l’on disait
à l’époque) à l’effigie de Jeanne d’Arc - YT n°257.
Le timbre verra le jour au premier trimestre de
1929, imprimé sous la forme de feuilles et de carnets.
Nous avons eu la chance de mettre la main sur une archive exceptionnelle de la maison Pierre Virgile Chareyre, datant justement de la même époque.
Cette entreprise
ardéchoise de filatures et de soies artificielles est bien connue des
carnétistes pour avoir obtenu de l’administration postale la fabrication des
derniers carnets privés, peu de temps avant leur interdiction. Il s’agit des 2
jolis carnets suivants :
La lecture
d’un des courriers de cette archive nous a révélé que les charmes de la pucelle
ardente ne laissaient pas indifférent Raoul De Lamonta,
administrateur-directeur de la société. C’est lui qui va être chargé des
négociations avec La Poste et Carlos Courmont, à l’origine de nombreux échanges
de courriers.
Il se trouve que Raoul était philatéliste. Et bien
informé ! Il avait à la fois apprécié l’originalité des carnets privés ayant
secoué le petit monde des collectionneurs, et également appris les intentions
d’émettre un tout nouveau timbre commémorant Jeanne d’Arc.
Le 8
octobre 1928, il écrit donc au secrétariat des PTT pour se renseigner sur les
conditions de l’édition « de luxe » d’un carnet de timbres
« spécial pour notre société ».
Alors qu’on lui avait déjà proposé un tirage de 10
000 carnets de 10 timbres à 50 c. pour la somme de 62 000 francs, il
demande s’il ne pourrait pas économiser un franc par carnet avec des timbres à
40 c. ou si une impression en taille-douce serait envisageable, et à quel prix.
Il termine sa lettre en disant qu’il a lu dans la
presse « qu’il va être émis une vignette à 0.50 spéciale pour les fêtes de
Jeanne d’Arc » et ne manquant vraiment pas de culot, va même jusqu’à en
demander l’exclusivité pour ses carnets !
Il va sans
dire que l’administration ne lui a pas donné satisfaction sur ces derniers
points, mais de nombreux autres échanges intéressants et assez rocambolesques
vont avoir lieu par la suite, aboutissant à l’émission des 2 carnets que nous
connaissons au type Semeuse.
Echanges que nous vous dévoilerons dans de futurs
épisodes de cette véritable saga mouvementée.
Jeanne
d’Arc aura donc raté l’occasion de se retrouver dans ces spectaculaires carnets
polychromes, et Raoul a finalement dû se contenter de leur format original avec
10 pubs et 10 vignettes vantant les produits de son entreprise, mais cela n’a
pas été sans de multiples rebondissements… (à suivre !)
Voici la
lettre dont il est question :
N.B. il s’agit du double conservé par Raoul, obtenu
à l’aide de papier carbone, mais en cliquant sur l'image ou en l'enregistrant pour zoomer d'avantage, vous devriez pouvoir la lire.
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