En attendant que les américains se décident à entrer dans le conflit, le maréchal Pétain remotivait ses troupes encore traumatisées par la bataille de la Somme, qui avait fait des centaines de milliers de victimes l'année précédente.
Et en 1917, la vie devait être bien pénible en France comme dans le reste de l'Europe !
Alors, on se faisait plaisir comme l'on pouvait...
Cette jolie lettre prouve que la philatélie permettait à certains de s'évader un peu, de faire abstraction quelques instants de la guerre :
On remarque en premier lieu les lettres GC qui sautent aux yeux, imprimées dans la marge du bas des feuilles de cette Semeuse lignée à 15 centimes.
Elles étaient là pour signaler aux postiers qui manipulaient ces feuilles aux guichets, la particulière fragilité de ce papier dit de Grande Consommation. Mais la plupart des utilisateurs ne se gênait pas pour découper et retirer ces grandes marges lorsqu'ils collaient les timbres sur leur courrier, ce qui fait qu'on ne les y retrouve pas fréquemment.
A part quelques philatélistes de l'époque...
Par ailleurs, on se demande bien à quoi pouvait correspondre cet affranchissement à 90 c. même pour un recommandé !
Sauf pour un philatéliste...
Ce qui est le plus remarquable à mon avis, c'est que cet expéditeur peu regardant à la dépense, a précisément choisi ces deux bandes de 3 timbres pour sa lettre. On peut y lire dans les marges la date du 6 février, mais le 17 est une heureuse coïncidence : il s'agit du numéro de presse sur laquelle les feuilles ont été imprimées ce jour-là, de 1917 !
Vous noterez que les deux bas de feuille, bien qu'imprimés le même jour par la même presse ne sont pas tout à fait identiques :
- la position des inscriptions par rapport aux timbres n'est pas la même
- celles du bas sont par ailleurs suivies d'une marque presque carrée
Comment est-ce possible ? me direz-vous.
Je pense qu'il s'agit des bas de feuilles de 2 demi feuilles-ventes de 150 : une étant de droite, et l'autre de gauche, c'est à dire qu'à elles deux, elles composaient une feuille d'impression de 300.
La distinction entre les deux demi feuilles ne peut se faire qu'en observant leurs marges latérales, car la séparation (à l'atelier) se faisait au centre de la feuille de 300, en donnant une marge courte à ce niveau.
Ce sera plus clair sur ces images :
(deux demi-feuilles-vente, de gauche et de droite, avec leurs marges latérales différentes)
Cela rajoute encore au charme de ce recommandé : l'expéditeur devait à mon avis être philatéliste, et avait choisi au guichet, d'acheter à dessein ces timbres. Et il avait volontairement décidé d'en conserver les bas de feuille, certainement "pour faire plus joli sur son enveloppe" !
C'est le destinataire, vétérinaire, qui a dû être content, surtout s'il était lui aussi philatéliste !
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