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jeudi 21 juin 2018

Un record de raccords !


  Croyez-moi, ce n'est pas tous les jours que l'on voit ça 
dans une vie de philatéliste !

  Nous avons déjà montré ici plusieurs de ces jolies variétés où l'impression des timbres s'est faite au niveau d'un raccord de papier.
  Des grosses bobines de papier déjà gommé alimentaient les presses, et, pour ne pas interrompre le fonctionnement de la machine à chaque fin de bobine, on les raboutait l'une à l'autre.
Ceci se faisait avec un chevauchement des deux extrémités de chaque bobine, collées l'une à l'autre.
Cela pouvait aussi survenir après une déchirure accidentelle du papier.

  Parfois, la "réparation" était signalée à l'intention des contrôleurs, à l'aide d'une petite bande de papier coloré, appelé "sonnette". Normalement, ces feuilles auraient dû être retirées de la circulation, puisque défectueuses. Mais quelques unes ont échappé à toute vigilance, et ont pu être vendues dans les bureaux de poste. Ou bien mises de coté...

 On trouve le plus souvent des paires verticales ou des blocs de timbres avec cette impression sur raccord, les feuilles ayant été débitées soit aux guichets pour les clients, soit ultérieurement à l'attention des collectionneurs.

Rien n'empêchait d'utiliser ces timbres pour l'affranchissement, mais on en voit très rarement ayant servi sur du courrier !

Quelques rares carnets sont également connus avec cette variété.

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  Un ensemble exceptionnel de plusieurs dizaines de feuilles entières vient d'être mis en vente ces jours-ci, et dans ma belle ville de Marseille qui plus est !

Incroyable ! 94 feuilles de timbres assez courants des années 1947 à 1965 et même 3 carnets entiers, toutes et tous avec un raccord : du jamais vu !
Ensemble que l'on ne reverra jamais plus, maintenant qu'il a été dispersé pour le plus grand bonheur des collectionneurs d'aujourd'hui et de demain.

  Il avait été mis de coté et soigneusement conservé depuis toutes ces années-là par un philatéliste averti, certainement bien introduit auprès de l'imprimerie à l'époque...
Ce sont ses descendants qui ont fini par décider de s'en séparer.

  Vous pensez bien que je me suis déplacé pour assister à la vente, d'autant plus que 3 feuilles de la Semeuse de Piel émise pour fêter le nouveau franc, faisaient partie du lot...

  Malheureusement pour moi, plusieurs grands marchands parisiens étaient également sur le coup : tous les lots ont été vendus, entre 300 et 500 euros pour la plupart des feuilles (+ 27% de frais).
Bien d'avantage pour certaines plus spectaculaires ou plus recherchées, dont celles de ma chère Semeuse !
Curieusement, la plus disputée a été celle de la Marianne de Cocteau.

  Si vous voulez vous rincer l’œil, allez donc feuilleter le catalogue de cette vente historique, tant qu'il est disponible sur internet :

http://leclere-mdv.com/html/index.jsp?id=91245&lng=fr&npp=10000

  Vous y verrez la grande diversité de ces raccords : plus ou moins larges, plus ou moins visibles au recto ou au verso, horizontaux ou en diagonale, parfois assez discrets du coté des timbres, et parfois au contraire responsables d'une altération franche de l'impression.

15 de ces feuilles portent une de ce fameuses "sonnettes", de couleur rose ou orangée, soit environ une sur six. Cela nous donne une idée de la relative rareté de celles-ci, présentes donc sur environ 15% des raccords.

Sur 3 des 94 feuilles seulement, la "sonnette" placée sur les bords du coté gomme, revient sur le devant, du coté timbres, pour être encore plus visible : c'est dans ce cas que l'impression des timbres pouvait se faire sur cette sonnette, ce qui est très spectaculaire.
Les feuilles ainsi marquées devaient forcément être toutes retirées lors des contrôles : pas moyen de les rater !
Comme sur cet exemple de la Marianne de Muller :

Comme ces "sonnettes" n'étaient pas toujours bien collées, elles pouvaient tomber ou être facilement retirées, laissant alors un gros manque d'impression, encore plus apprécié des amateurs de variétés !

(Feuille vue dans une autre vente)

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  Concernant ma Semeuse, j'ai la chance d'avoir dans ma collection 2 jolies feuilles sur raccord, que voici :

 L'un est assez discret (il se situe au milieu de la feuille)...

...alors que l'autre est particulièrement remarquable !

Mais, concernant celle en nouveau franc, je n'avais que cette paire, assez moche :


  Vous comprendrez donc aisément que l'une de ces deux feuilles, mises à la vente mardi, m'aurait bien fait plaisir, avec raccord en diagonale :



Au verso, on comprend que la colle utilisée dans ces cas-là laissait une marque tellement franche que la mise en place d'une sonnette était inutile.



Impossible de croire que ces feuilles aient pu se faufiler jusqu'aux guichets de la poste !

  Hélas, malgré toute ma bonne volonté, elles ont réussi à échapper toutes les deux à ma collection.
Tant pis ! J'ai été obligé d'abandonner les enchères, car il faut savoir se fixer des limites à ce jeu, auquel on se laisse volontiers prendre...
Parties pour la rue Drouot pour + de 1000 euros chacune.

En revanche, j'ai réussi à capturer la troisième qui était proposée, et pour moins cher.


Il est vrai qu'elle est moins spectaculaire avec un raccord assez peu visible, même au dos.


Et peut-être même que celle-ci  a été honnêtement vendue au guichet en 1960, elle ? Qui sait ?...

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  Quant aux trois magnifiques carnets, je vous laisse le soin de les découvrir par vous-même car il s'agit des Mariannes de Gandon et Decaris.

L'un est extraordinaire ! Avec un raccord prenant toute la hauteur du carnet : unique !
Un ami m'avait chargé d'enchérir à sa place, mais là encore j'ai été battu : c'est raté !

"Peuchère !" dit-on par ici.

Vous ne devriez pas tarder à les voir passer dans un superbe catalogue de vente parisien.
Mais plus chers. Dommage !

De toute façon, moi je préfère Marseille !


C'est autre chose que la rue Drouot, non ?


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