Les timbres qui nous intéressent naissent tous avec des dents, comme certains bébés humains d'ailleurs, à qui l'on prédit une vie plus heureuse que celle des autres bébés !
Pour les timbres, ce serait plutôt le contraire !...
Enfin... disons qu'ils sortaient normalement de l'atelier de fabrication avec toute leur dentelure, pour permettre aux guichetiers des bureaux de poste d'égrener plus facilement les feuilles-vente, et ensuite aux utilisateurs de pouvoir les utiliser à leur guise.
Nous avons déjà vu les différentes étapes de fabrication, mais il n'est pas inutile d'y revenir un peu, vous allez voir...
La dernière étape, des plus cruciales, était souvenez-vous, celle de la perforation.
Elle était réalisée à l'époque de l'impression à plat par une machine spécialement dédiée :
Et perforer une feuille gommée, vaut bien mieux que gommer une feuille perforée...
Par la suite, (on n'arrête pas le progrès) les machines rotatives vont permettre de perforer les feuilles quasiment dans le même temps que leur impression, puisque le papier était déjà gommé bien avant d'arriver dans l'atelier.
On sait que la machine à perforer utilisait un "peigne" ou une "herse" (appelez ça comme vous voulez car j'ignore le terme technique exact) qui devait ressembler à ça (fortement agrandi) :
Elle attaquait les feuilles de timbres rangée par rangée, en commençant par le haut, et en perforant à chaque passage 3 des 4 cotés des futurs timbres, puis la feuille avançait précisément d'une rangée, et le 4ème coté se retrouvait donc perforé à son tour, et ainsi de suite.
Ceci se répétait une fois de plus que le nombre de rangées de timbres + les deux rangées inter-panneau, c'est à dire 18 fois sur chaque feuille, pour que la dernière rangée ait bien toutes ses dents.
Voilà pourquoi le bas des feuilles à plat est perforé !
Ce "peigne" avait une largeur égale à 10 timbres + celle de l'intervalle situé au milieu :
On ne peut bien comprendre les différentes variétés ou anomalies de dentelure que si l'on a bien assimilé le fonctionnement de ce mécanisme. Les exemples suivants seront encore plus parlants :
type I
(type II de carnet)
Pour obtenir des timbres non dentelés, que nous aimons tant, le dysfonctionnement vient soit du peigne qui saute une rangée (et c'est la plupart du temps la première comme ici), soit de la feuille qui ne se positionne pas au bon endroit au bon moment. Ce qui revient au même.
Le mécanisme devait se gripper de temps en temps.
Vous aurez vu au passage que les carnets ne sont pas épargnés, puisque leur fabrication est en tout point identique, mais les non dentelés issus de carnets sont bien plus rares !
Comme toutes les variétés d'ailleurs.
Il faut croire que les contrôles des carnets étaient plus rigoureux, plus efficaces que celui des feuilles-vente, qui étaient bien plus nombreuses.
Il faut croire que les contrôles des carnets étaient plus rigoureux, plus efficaces que celui des feuilles-vente, qui étaient bien plus nombreuses.
Les carnets entiers sont même exceptionnels !
Mais parfois, c'est la dernière rangée de perforations qui manque, celle de la marge du bas de feuille :
Ou bien plus rarement, une rangée du milieu :
On peut aussi voir un "simple" décalage de quelques millimètres, et non d'une rangée entière, avec une zone où les deux perforations se chevauchent :
Les fameux piquages à cheval, piquages doubles etc...
On peut comprendre que ces variétés soient passées inaperçues, et se soient retrouvées un jour vendues aux guichets.
Ce qui n'est absolument pas le cas des grands blocs, panneaux ou feuilles entières non dentelés, qui étaient le plus souvent des essais ou des rebuts, sortis illégalement de l'atelier.
Les exemples sont nombreux, et je vous laisse imaginer, ce que cela peut donner lorsque la feuille vient à se plier, au moment où elle est perforée...
Une infinie variété de variétés de piquage !
Le jeu des pliages et des décalages peut ainsi donner des non dentelés partiels, spectaculaires !
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En ce qui concerne l'impression rotative, la survenue de non dentelés est encore beaucoup plus rare !
Cet exemple vous montre bien que la perforation se faisait avec le même principe, mais en commençant par le bas, avec le "peigne" positionné dans l'autre sens :
Cette feuille (entière !) me fait rêver souvent, la nuit...
Ce bloc de 4 est issu de la seule feuille connue, dont les 60 timbres du bas ont échappé
au coup de"peigne", avec son coin daté unique par conséquence.
Ça décoiffe !
Ce bloc-là me fait rêver lui aussi...
Magnifique ! Fantastique ! Avec ses 5 rangées oubliées !
On recherche toujours la partie droite de la feuille...
On recherche toujours la partie droite de la feuille...
Faudrait gagner au loto !...
A présent, ceux qui ont bien suivi comprendront aisément que cette paire soit à mon avis tout à fait BIDON : il est impossible que les 4 cotés de celui du bas soient dentelés.
Une arnaque ! Un bidouillage je vous dis !
Et le timbre est certainement faux lui aussi, car personne ne se serait amusé à denteler une paire non dentelée... En tout cas, la forme du peigne ne peut en aucun cas l'expliquer :
Ouh la vilaine ! !
On voit fréquemment des décalages, qui donnent ces jolis piquages à cheval :
On retrouve parfois sur les timbres, la trace des petits confettis qui découlent de toutes ces perforations. Ça devait voler de partout, et traverser l'atelier au moindre courant d'air, pour venir se poser sur une machine en plein travail d'impression. On appelle ça un anneau-lune.
D'ailleurs, cela se voit surtout avec les timbres rotatifs, certainement car impression et perforation étaient comme qui dirait cul et chemise.
On dirait que notre Semeuse joue à la baballe, au lieu de semer.
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Mais que dire des non dentelés de carnets rotatifs ?
Je crois bien que c'est ce qu'il y a de plus rare, et c'est en fait la vraie raison de cet article.
On connaissait un bloc de dix du 50 c. Semeuse lignée rouge au type IV, photographié dans le vieil Yvert et Tellier spécialisé page 58. Peut-être un non dentelé de référence, et pas un accidentel ?
Mais il a été découpé depuis...
La preuve : j'ai mis une trentaine d'année à réunir ces deux paires qui en sont issues, comme la numérotation le prouve :
J'en suis assez fier !
Vous me direz que c'est bien beau (j'espère !) d'avoir des non dentelés de carnets de ce timbre au type I, au type II B, au type IV, et de nous les montrer ci-dessus, mais... et le type II A, alors ?
Et bien, le voici : il est arrivé récemment dans mes albums !
Même pas visible au dos, c'est pour dire !
Le peigne n'a fait qu'effleurer la feuille, et a tout juste écrasé le papier, regardez :
Que s'est-il donc passé ?
C'est encore un des mystères de la fabrication rotative !
D'autant plus qu'on connait un carnet entier 199 C 71a
qui présente la même anomalie, sur les 4 mêmes cases !
Ce dernier exemple est au type IV, rotatif lui aussi, mais sans publicité et sorti quelques années avant. C'était le tout début des carnets rotatifs :
Ici, le coup de peigne est complètement parti de traviole, mais on voit bien sa forme :
En plus, l'encrage est tout baveux !
Avouez qu'il y a de quoi s'arracher les cheveux.
De quoi se la prendre et se la mordre.
Sans les dents !...
2 commentaires:
J'ai regardé hier mon spécialisé Yvert, page 58, et vous avez 2 paires magnifiques, vous pouvez être fier.
merci !
Yvert s'était trompé de type...
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