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mardi 11 mai 2010

Oh la jolie boulette !

Tous les philatélistes amateurs du type Semeuse connaissent par coeur le jour où cette jolie silhouette féminine, célèbre allégorie de la République Française, a commencé à affranchir le courrier dans notre pays : il s'agit du jeudi 2 avril 1903 !

Son charme va rapidement opérer, et son règne durera jusqu'à la seconde guerre mondiale, établissant ainsi un record encore inégalé de nos jours !

Elle sera même choisie à nouveau en 1960 à l'occasion de l'arrivée du nouveau franc.


Lors de la mise en vente aux guichets de la Poste, les gens se sont paraît-il bousculés, notamment dans les bureaux Parisiens, pour être les premiers servis et acquérir ce nouveau timbre à 15 centimes, destiné à affranchir les lettres simples pour l'intérieur : la Semeuse lignée était née, ainsi nommée à cause des lignes de fond qui faisaient mieux ressortir son relief : une prouesse due au grand talent d'Oscar Roty et Eugène Mouchon, ses créateurs.

On trouve donc assez facilement des courriers postés ce jour-là. Ils sont d'ailleurs assez recherchés par les collectionneurs, comme tout premier jour d'émission d'un timbre.


Est-ce l'émotion due à cette grande nouveauté qui a fait trembler ce jour-là les doigts d'un employé du bureau de la rue Jouffroy ?

Ou bien un moment d'inattention alors que comme chaque matin il mettait à jour la date sur son tampon ?

Ou bien a t'il été victime la veille d'un poisson d'avril ? Nul ne le saura jamais !


Errare humanum est...




Toujours est-il que cette lettre postée à destination de Sarlat se retrouve bel et bien affranchie d'un de ces tout nouveaux timbres, accompagné de son pont millésimé 3 (pour 1903), et oblitérée du 2 février 1903 au lieu du 2 avril !

Une jolie pièce pour ma collection : il s'agit très certainement de la plus précoce oblitération connue sur un timbre au type Semeuse !
Et même mieux puisque le timbre n'existait pas en février !


Mais, me direz-vous (les plus ingénieux d'entre vous) : pourquoi cet employé ne se serait-il pas trompé dans le réglage de l'année, plutôt que dans le mois ?
Une erreur survenue le 2 février d'une des années suivantes serait bien entendu restée sans le moindre intérêt pour la postérité.
Il aurait tout aussi bien pu se tromper à la fois dans le jour et dans le mois.
Rien ne dit que cette lettre a effectivement été postée le jour de l'émission du timbre.

Et bien si ! Il suffit de retourner la lettre pour s'apercevoir qu'elle est bien arrivée en Dordogne le lendemain de ce fameux premier jour : le 3 avril 1903 à Sarlat, preuve irréfutable qu'elle n'a pu être postée à Paris que la veille ! Le cachet de la Poste faisant foi.


Comme quoi le postier de Sarlat, en apposant son coup de tampon au verso, a permis de transformer l'erreur de son collègue Parisien, qui aurait très bien pu ne rester qu'anecdotique, en une belle curiosité pour philatéliste ! Que sa mémoire en soit remerciée !

Sed perseverare diabolicum...

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