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samedi 15 novembre 2025

Cachet horodateur du bureau de la rue de Gram(m)ont

 

   J'étais persuadé d'en avoir déjà parlé ici, mais il semblerait que non, alors que ce cachet très original reste encore assez mystérieux, et rare. Peut-être qu'un de nos lecteurs nous apportera des précisions à son sujet ?

Pour moi, tout a commencé à la lecture d'un numéro de la revue Timbroscopie à l'été 1988, montrant un cachet mis à l'essai pendant quelques semaines fin 1907 - début 1908, et qui permettait de frapper non seulement la date mais également l'heure précise ! La trop grande fragilité de ce matériel fera vite renoncer à son utilisation.

On connait cependant des pneumatiques et des télégrammes sur lesquels il a bel et bien été apposé, à distance des timbres, dont un pneu magnifique affranchi avec une Semeuse 30 c. orange, qui était l'objet de cet article : 

14.01.1908

Et en 1991, Le Monde des philatélistes nous montre un autre pneu affranchi avec 3 Semeuses 10 c. rouge sur des porte-timbres, portant ce cachet :

18.12.1907

  Aussi, lorsque je suis tombé dans une vente sur cet entier postal revêtu de ce qui semble bien être un précurseur de ce cachet, je me suis empressé de l'acquérir. Et depuis, je cherche à en savoir plus.


Cachet SANS identification du bureau

13.12.1907 – 5 h. 54  PM  (17 h. 54) – Sur entier postal

Exceptionnellement apposé sur le timbre (probablement en tant que test)

C'est en effet bien le 13 décembre 1907 que le bureau de Paris 8 a testé une première machine qui s'est cassée dans l'heure d'après Maury, puis celle qui a donné les fameux cachets montrés aujourd'hui. Vous aurez remarqué l'absence de mention du bureau. Celle-ci n'apparaitra que quelques jours plus tard, la couronne n'ayant pas encore été gravée.

J'ai vu passer depuis un seul autre entier absolument similaire, avec le même cachet et à la même heure, mais sans aucune adresse. Le triangle à l'intérieur nous donne l'heure, et l'aiguille les minutes. Avec ici PM comme Post Meridiem = après-midi :


C'est ce qui me fait penser qu'il s'agissait de tests de fonctionnement de l'appareil, et qu'un philatéliste y a ensuite écrit l'adresse, déjà rencontrée sur d'autres courriers "curieux". Le bureau s'est servi de ces entiers pour voir ce que donnait l'impression du cachet, mais il n'a jamais été destiné à l'oblitération !

  Plusieurs collectionneurs m'ont permis de me documenter grâce à plusieurs parutions dans les "Feuilles marcophiles" n° 306 par Mr Delwaulle, puis Mr Narjoux dans le n°344, ainsi que Mr Barbelin dans le n°382. Mais c'est Maury le premier, dès 1907, qui parle et reproduit le modèle du bureau de la rue de Grammont dans son Histoire des timbres-poste français et dans Le collectionneur de timbres-poste. 

Il nous apprend même qu'un appareil semblable existait déjà en 1853 !


Il semble que la machine qui nous intéresse ici soit d'origine anglo-saxonne (d'où notre PM), et qu'elle fut initialement destinée à des hôtels, bien avant que l'administration française ne s'y intéresse. En effet, on connait quelques utilisations privées comme celles-ci (AM = matin) :


Riviera Palace Hôtel 23.01.1903 Monte Carlo 

Shepheard's Hotel 27.03.1904 Le Caire (Egypte)


Pera Palace Hotel 23.02.1905 Constantinople (Turquie)

Grand Hotel 06.06.1909 Göteborg (Suède) 


Mais revenons en France, au centre de Paris, pour voir les autres que nous avons pu croiser au fil de nos recherches. Avec (en français cette fois-ci) un M pour matin ou un S pour Soir, lettres qui manquent d'ailleurs parfois, preuve du peu de fiabilité de l'appareil :

17.12

Premier jour connu avec le nom du bureau

17.12

19.12

21.12

30.12

02.01

13.01

(13.01.1908 mal visible)


Sont également connues les dates suivantes : 
23, 24, 27 et 28 décembre 1907
3, 4, 7 et 11 janvier 1908 
Si vous en avez des images, ou bien d'autres dates, 
je suis volontiers preneur. Merci

La mention "EXPEDIÉ" que vous voyez en haut manque parfois elle aussi. 
Ou bien se trouve remplacée par "RECEPT." comme nous allons le voir plus loin.


   Si vous vous crevez les yeux comme moi sur l'horloge des 2 derniers exemples du 13.01 et sur le pneu du début du 14.01, vous pourrez voir qu'il existe un net décalage entre la graduation montrée par le triangle des heures et la minute montrée par l'aiguille, alors que ce n'était jamais le cas auparavant.
Ceci témoigne sans aucun doute pour moi, du dysfonctionnement rencontré qui fut à l'origine de l'abandon de ce projet pourtant assez novateur et moderne, mais pas assez fiable.

Le triangle montre 1 h. 45 ou 13 h. 45 alors que l'aiguille montre 28 minutes

"Foutue machine de MERDE !" a dû résonner dans le bureau !

Et l'appareil a alors fini dans un placard ce 14 janvier !


Autre chose amusante : deux télégrammes que j'ai pu dénicher, ont été envoyés par la Librairie Théâtrale les 2 et 13 janvier 1908 :


Librairie située comme par hasard rue de Gramont (ou Grammont ? le doute persiste), et qui se trouve être également à l'origine du premier pneumatique du 14 janvier montré en début d'article ! 
Etonnant, non ? 
J'aimerais tant pouvoir les réunir un jour...


    En attendant, j'ai trouvé une autre pièce étonnante : un pneumatique toujours, mais daté de 1923 :


Cachet Horloge d’essai SANS identification du bureau, apposé à l’arrivée
15.01.1923 – 8 h. 51  S  (20 h. 51)  
(oblitération Paris XVI / place Chopin à 07 h. 35 + au dos : cachet Paris 96 / rue Gluck)


Vous y apercevez la mention "RECEPT. " au-dessus de l'horloge.

N.B. L'aiguille des minutes est de forme différente.

Cette utilisation tardive, 15 ans après que le bureau de la rue de Gram(m)ont y ait renoncé, peut sembler douteuse aux yeux des puristes, mais je vois sur un plan que la rue Gluck n'est qu'à 5 ou 600 mètres de ladite rue. Il se peut tout à fait que le cachet précurseur ait été retrouvé oublié au fond d'un vieux tiroir, et qu'un postier astucieux ait voulu le réparer et le tester lui aussi...

Vos avis sont toujours les bienvenus !



mercredi 5 novembre 2025

Plus que beaux !

 

   Même si le titre renvoie à l'article précèdent qui n'avait rien à voir, il est parfaitement justifié.

Mieux que beau, la langue française nous propose comme qualificatif : magnifique, splendide, superbe, ou merveilleux, mais ce que vous allez voir est encore au-dessus de tout ça.

    Certes, vous n'aurez plus l'effet de surprise puisque je vous les ai déjà montrés, mais ces deux joyaux de notre patrimoine méritaient d'être encore mieux vus. Je vous avais d'ailleurs promis de meilleures images, mais la chose n'est pas aisée, et les obtenir nous a demandé pas mal de patience.

Vous aurez peut-être deviné qu'il s'agit à nouveau des poinçons du musée. 

De mes deux préférés plus exactement.

  Le premier est celui en buis dont nous avons découvert récemment l'existence, gravé à l'endroit et à un grand format de la main de Mouchon à la fin de 1902. Le tout premier travail du graveur pour donner en quelques mois naissance à notre Semeuse. 

Il s'avère particulièrement difficile à photographier, et malgré tous les efforts du professionnel du musée, ses reliefs restent peu visibles, et la finesse du travail difficile à apprécier sur ces nouvelles images inédites. Le bois imprégné d'encre noire est hélas responsable de cet état de fait :


Mais c'est tout de même la première fois qu'on le voit ainsi :

*****

   Le second est celui surnommé l'ancêtre, en laiton et au format du timbre, qui a servi de base pour toutes les futures Semeuses. 
Souvenez vous : je pensais que l'image avait été déformée en raison d'un défaut technique de parallaxe lors de la prise de vue, lui donnant cet aspect légèrement en forme de tonneau. Mais pas du tout, il a bel est bien été déformé, comme écrasé tellement il a servi. C'est assez incroyable, mais vrai ! 
Le voici sous toutes les coutures :

On peut le qualifier d'éblouissant, de véritablement coruscant !






J'espère que vous aurez le même plaisir que moi de pouvoir enfin l'admirer.

Ces images devront être utilisées avec la mention :

 © Musée de la Poste - Paris

MERCI de préciser également qu'elles proviennent de mon "blog".