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dimanche 30 décembre 2018

Meilleurs Vœux !


  L'année 2018 se termine. Elle aura été pour moi très riche en jolies trouvailles philatéliques : la plus belle de toute ma vie de collectionneur !

J'ai eu l'occasion et le plaisir de vous en faire découvrir un assez grand nombre dans ce "blog" mais le temps m'a parfois manqué... Et c'est tant mieux : j'aurai ainsi la chance en 2019 de vous en montrer d'autres assez sympa, c'est promis !
Voilà déjà une bonne résolution de prise...

  Etant donné que j'aime bien la tradition qui voulait que l'on s'envoie une carte de vœux par la poste, et que celle-ci tend fâcheusement à disparaître au profit des SMS ou des courriels, je profite de ce pénultième jour de 2018 pour vous en poster une :


Avec un peu de chance, et grâce à la bonne volonté des facteurs d'internet, elle va réussir à se faufiler entre les barrages routiers des manifestants, et arrivera juste à temps !
Vous avez vu ? Elle a bien pris soin d'enfiler son gilet jaune...

  Ceux qui me suivent depuis toutes ces années ne vont pas se demander bien longtemps quelle jolie carte j'ai bien pu choisir pour eux.

Non ! Assurément pas une de celles que l'on trouve recouverte de paillettes, de décors enneigés, ou bien qui se met à pousser la chansonnette lorsqu'on la déplie...

 Vous vous doutez tous que je n'ai pas pu m'empêcher de vous trouver une belle Semeuse pour marquer le coup, et vous avez bien raison.
Mais n'ouvrez pas trop vite l'enveloppe, et faites bien attention à ne pas endommager ce qu'elle contient !


Mais qu'est-ce que c'est que ça ?

Visiblement, un joli coin de feuille du 25 c. bleu annulé avec des hexagones concentriques que les philatélistes connaissent sous l'appellation de para-oblitération. C'est déjà joli !

La Poste maculait ainsi volontairement les timbres de sa production qui ne satisfaisaient pas à toutes ses exigences de qualité : les ratés, les défectueux, tous destinés au rebut. 

Ceux qui ont fini par se  retrouver dans les collections se sont donc faufilés hors du droit chemin qui aurait dû les conduire à être détruits, et ce pour notre grand plaisir.
*
*
  Mais comment se fait-il, me demanderont les plus observateurs d'entre vous, que le bord de feuille en haut soit perforé ? Ce n'est jamais le cas, normalement ! 

Et s'il s'agissait d'un inter-panneau (qui, lui, est toujours dentelé), plutôt que d'un haut de feuille, on devrait y trouver les fameuses barres horizontales de couleur bleue, comme sur ce fragment de feuille par exemple :
Serait-ce pour cette raison ? 
Quelqu'un aurait-il tout bonnement oublié les barres ?
Ce qui aurait justifié la mise au rebut ?

Non ! Je n'ai jamais vu de feuille ou de partie de feuille qui ne soit porteuse de ces barres imprimées dans la couleur des timbres. Jamais !

Elles étaient là pour éviter que ne soit mis à la disposition du public, des vignettes vierges de toute impression, parfaitement au format d'un timbre, toutes faites sur un papier authentique et gommé. 
Cela aurait pu tenter les faussaires ! 
Ils auraient pu les utiliser pour leurs malhonnêtes fabrications...
Je crois d'ailleurs savoir que cela a bel et bien été le cas quelques fois.
*
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  Il ne faut jamais dire jamais me répondront les plus pointus !

Les feuilles destinées à la fabrication des carnets à plat étaient dépourvues de ces bandes !

C'est tout à fait exact : pour ces feuilles de 120 timbres que l'on coupait en 6 afin d'obtenir le bon format des carnets de 20 ou de 40, cet intervalle était obligatoirement coupé en son milieu à l'atelier de fabrication. Du coup : inutile d'y imprimer la moindre barre de couleur ! CQFD

  Comme cette découpe ne se faisait qu'une fois que la feuille avait été agrafée dans une feuille correspondante de 6 couvertures, aucune feuille ne pouvait jamais sortir indemne de l'atelier. 
Toutes étaient transformées en carnets !
*
*
Presque toutes !...

  On sait depuis 2004, depuis le jour où la maison Roumet a mis en vente un ensemble exceptionnel de feuilles pour carnets au type Semeuse, restées entières près d'un siècle, que cela existe.
On en connait 4 exactement : une dentelée et une non dentelée du 5 c. vert et du 10 c. rouge, les plus magnifiques joyaux de la philatélie pour moi, ainsi que quelques fragments du 10 c., mais aucune feuille ni fragment du 25 c. bleu.
*
*
Juste un petit bout en fait, celui-ci :


  Ce bloc a conservé ses 2 inter panneaux dentelés (sans barre de couleur donc) ce qui démontre qu'il s'agit d'un des 4 blocs de 10 (ni celui du haut, ni celui du bas) situés sur la moitié droite d'une feuille de 120, jugée défectueuse et annulée, puis hélas découpée. 
Pas facile en effet de faire sortir discrètement une feuille entière de l'atelier...

Celles vendues chez Roumet, provenaient de la collection d'un grand collectionneur de l'époque, maître Henri Kastler, notaire à Paris. 
Il n'est pas impossible que sa notoriété lui ait permis de visiter l'atelier dans les années 1910-1915, et de bénéficier d'une exceptionnelle faveur de l'administration à cette occasion...

  Ce bloc bientôt centenaire a une dizaine d'année de moins que lesdites feuilles. 
L'absence de trace d'agrafe sur son bord gauche prouve bien qu'il n'a jamais été question de s'en servir pour fabriquer un carnet.

Qui sait si les autres timbres ont été dirigés vers les rebuts, et s'il s'agit vraiment du seul fragment de feuille pour carnets de ce 25 c. bleu ayant su y échapper ?

Personne ! Mais moi je le pense, et je l'aime vraiment beaucoup !

C'est la deuxième fois que je le croise. 
Lors de notre première rencontre dans les années 80 sur les hauteurs de Cannes, je n'avais ni l'âge ni les moyens de me le payer, ni toutes les connaissances voulues pour l'apprécier à sa juste valeur. Nous nous étions séparés bons amis.
Pour finalement nous marier cette année...

  Cerise sur le gâteau, le timbre est au type IV, celui des premiers carnets du 25 c. datant du début de 1920, dont on sait qu'ils n'ont pas donné satisfaction, ce qui leur a valu d'être assez vite remplacés par ceux au type I B, puis par ceux au type II, tous sans publicité, et avec cette même couverture :


Décidément non, je n'aurais vraiment pas pu 
vous trouver mieux comme carte de vœux !

Pourvu que 2019 nous réjouisse autant !...



mardi 25 décembre 2018

" AAARRRHHH, putain de saloperie de bordel de rotative de merde ! "


 J'espère en ce jour de fête ne pas avoir trop choqué les chastes oreilles d'internet avec ce titre, mais c'est à mon avis ce qui devait résonner de temps en temps dans les grandes salles de l'atelier de fabrication des timbres-poste, en 1922...


  Surtout si l'on imagine un employé expérimenté et méticuleux, levé de bonne heure et impatient de pouvoir enfin faire fonctionner la fameuse machine Chambon dont on lui vante les mérites depuis des mois.

  Toute sa carrière qu'il a passé à se perfectionner sur la typographie à plat, à en maîtriser toutes les finesses, à en peaufiner les réglages ! Tout ça pour repartir de zéro ! A son âge...

  Obligé de se farcir des heures de formation à écouter des tas d'incapables qui croient tout savoir sur l'imprimerie, persuadés d'avoir inventé le fil à couper le beurre !

  Forcé de s'adapter à cette nouvelle technologie soi-disant de pointe, que l'on veut lui imposer à tout prix !

  Oubliées les grandes feuilles de papier qu'il fallait savoir positionner parfaitement sur la presse, puis amener à la machine à gommer, celle qui les séchait au passage. Puis les faire couper en deux et les confier in fine à la dernière machine qui, en les perforant, donnait vraiment naissance aux timbres !
Ensuite, il restait à les compter manuellement, et à en faire des paquets...

Et bien tout ça, c'est fini : vive le progrès !

  Dorénavant, il suffit en théorie de se démerder comme on peut pour mettre en place à une extrémité de la rotative des rouleaux de papier déjà gommé, qui pèsent un âne mort. Comme aux chiottes, vous en déroulez juste ce qu'il faut. Vous appuyez sur le bouton "MARCHE" et il vous sort à l'autre extrémité, tout un tas de feuilles de timbres imprimées et dentelées à merveille, datées et numérotées. C’est y pas beau la technique ?

  Enfin, ça c'est la théorie, car quand on s'amuse à regarder les rares feuilles de notre Semeuse verte à 10 centimes datant de cette période de transition (notamment celles des premiers jours), on s'aperçoit qu'il s'agit presque toujours de feuilles ayant dû être renumérotées à cause de nombreuses feuilles défectueuses (nous en avons déjà parlé ici, avec de jolis exemples).
Ce qui prouve que tout était loin d'être au point...

  Alors, moi, je ne peux pas m'empêcher d'entendre d'ici le juron qu'il a laissé échapper l'ouvrier en question ce jour-là, en découvrant le magnifique résultat obtenu avec sa belle machine toute neuve :


Ce bloc, ça faisait des années que je le voyais passer et qu'il me faisait envie, tantôt dans des expos, dans la collection du grand spécialiste de ce timbre, puis dans des ventes sans jamais pouvoir me le payer. Et puis cette année, il a fini au pied de mon sapin...

Visiblement il était attaché, il y a plus longtemps encore, à celui-ci, dont je n'ai que la photo :


...Et à un autre bloc de 9 (les 3 colonnes de droite de la feuille) qui devait porter la date, toute bavouillée de vert : le fameux coin daté ! 

Celui-là, je ne l'ai jamais vu, mais je donnerais cher pour le ranger à côté du mien un jour !...

  Au fait, à votre avis, sans parler de la perforation toute de traviole, c'est le dateur / numéroteur qui est responsable de ce massacre, ou bien le bas du galvano lui-même ??? 

That is the question !

Faut dire qu'il n'y a qu'en 1922 que la même encre (celle du timbre) servait à la date et au numéro. 

Raison pour laquelle on avait ménagé des encoches sans les parallélogrammes aux 4 coins, pour que ces informations restent lisibles. Ensuite, une encre noire a été (presque toujours) choisie.

*******

  Pour terminer, je ne résiste pas au plaisir de vous montrer que 5 ans plus tard, il arrivait toujours des misères aux bas des feuilles imprimées par ces rotatives :


Avec des fragments de Semeuses imprimées sur la gomme, ce qui ne court vraiment pas les rues !
Et avec en prime le coin daté cette fois-ci !

Avec l'impression à plat, on en voit de temps en temps de ces impressions au verso, que ce soit pour les feuilles ou pour les carnets, mais en rotatif, c'est franchement exceptionnel !

Une belle idée de cadeau pour faire ma lettre au papa Noël, 
même si c'est un peu tard pour cette année...

 Difficile d'expliquer comment cette dernière variété a bien pu survenir : un gros froissage du rouleau de papier une fois engagé dans la machine, peut-être ?...
  
 N'hésitez pas à me donner vos impressions en cliquant sur "commentaire" ci-dessous.

Merci et passez de bonnes fêtes de fin d'année ! 

Je vous la souhaite aussi bonne que la mienne, 
philatéliquement parlant !


lundi 10 décembre 2018

Pas banal !


  Je vous présente aujourd'hui cette jolie variété, non seulement parce que je la trouve spectaculaire, mais aussi parce que c'est la première fois que j'en rencontre une de la sorte. De plus, elle illustre à merveille les problèmes techniques qui peuvent faire varier l'impression de notre chère Semeuse !


  Vu comme ça, ce bloc de 4 barré en diagonale par un "sur-encrage", pourrait vous sembler un peu triste, mais ceux qui s'intéressent un tant soit peu aux procédés de fabrication des timbres de l'époque se demandent certainement comment cela a bien pu se produire...

Il s'agit d'un timbre imprimé par les machines rotatives de l'atelier, dès 1926, sur des rouleaux de papier déjà gommé.

Il est impossible que l'encre soit en cause : elle était uniformément déposée sur le cylindre, et même une coulure ou un surplus ne saurait donner ce résultat.

Si ce n'est pas l'encre, c'est que c'est le papier qui doit être à l'origine de la variété.

  L'image vous rappelle peut-être un récent article consacré ici aux raccords de papier : on observe en effet souvent au niveau de ces raccords, une impression plus marquée là ou les deux rouleaux sont raboutés l'un à l'autre. Une partie de l'impression se faisant sur une double épaisseur de papier.

Mais ces raccords étaient toujours réalisés +/- horizontalement (ou presque) et non pas en diagonale ! Il faudrait avoir l'esprit bien tordu pour fabriquer un raccord en diagonale !

  Regardons à présent la feuille entière dont j'ai extrait ce bloc de 4 :


Spectaculaire et curieux comme variété !
Non ?
Si, si, je vous assure !

  Personnellement, je n'avais jamais vu ça auparavant,
et c'est ce qui m'a attiré.


  J'avais déjà vu des feuilles imprimées alors qu'un "corps étranger" (en réalité un morceau de papier) était venu s'interposer entre le cylindre et la feuille. On en trouve, mais très rarement car les contrôleurs se devaient de retirer ces feuilles fautées de la circulation bien avant qu'elles n'arrivent aux guichets de la poste. 
Encore fallait-il que le défaut soit assez marqué pour être facilement repéré.
Comme sur ce bloc, vu dans une vente :


Ou bien franchement impossible à rater, comme celui-là, lorsque le fragment inopportun se décollait ou était retiré après l'impression : 



 Ce n'est pas le cas de notre feuille : le défaut a très bien pu passer inaperçu. 
Le "corps étranger" s'est retrouvé dessous, et non plus dessus.

Et c'est en la retournant qu'on comprend ce qu'il s'est produit :


Comme quoi ceux qui s'intéressent à la gomme n'ont pas toujours tort !...

  Un fragment de papier, d'ailleurs gommé lui aussi et peut-être un peu humide, est venu se coller au dos et en plein milieu de notre feuille, se retrouvant entraîné avec elle dans la rotative.

Comme il ne dépassait pas, il n'a pas été arraché au passage, ni repéré par les contrôleurs.

  La double épaisseur de papier à son niveau explique ce que nous avions appelé "sur-encrage", lorsque l'ensemble est passé sous le cylindre normalement encré.

Puis, une fraction de seconde plus tard, l'intrus a été perforé lui aussi par la même occasion !

Vraiment pas banal !

  Les spécialistes de la typographie savent que les imprimeurs jouent avec ce qu'ils disposent comme matériel sous les feuilles destinées à l'impression, sur le support : feutre, carton ou papier d'épaisseurs et de dureté diverses, pour obtenir le meilleur réglage de leurs machines, et surtout le meilleur rendu.
A présent, vous en avez l'illustration sous les yeux.


dimanche 25 novembre 2018

Obsédé !



  Ceux qui me lisent depuis quelques années vont penser que je fais une fixation sur cette Semeuse perforée ! Et ils n'auront pas vraiment tort...

Nous en avons déjà parlé à 3 reprises : en octobre 2010, septembre 2016, mars 2018, et ce n'est peut-être pas fini !

  Il faut savoir que mon traumatisme initial remonte au début des années 80, avec la parution des ouvrages de Storch et Françon, qui ont donné une autre dimension à la collection de mon timbre préféré. Quelques années plus tard, les mêmes auteurs faisaient paraître dans "Le Monde des philatélistes" une mise à jour de la partie consacrée au 10 c. rouge, avec notamment des éclaircissements sur les faux. Et surtout, la photo d'un document qui depuis hante mes rêves de collectionneur : il s'agissait d'une fameuse Lettre à 5 centimes de 1912, édition numéro 1, vendue en Haute Garonne à la moitié du prix du timbre, grâce aux jolies publicités qu'elle devait véhiculer.

  C'est surtout la pub de son enveloppe qui m'avait marqué : 
la liqueur du Canigou.
Rien à voir avec la pâté pour chien, mais plutôt avec le sommet pyrénéen.


Voici la lettre en question : je vous laisse apprécier 
tout le charme de ses pubs, tout ce que j'aime :
Cela va du cachou Lajaunie, au Tue vers de bébé, 
en passant par un précurseur du Viagra : les dragées d'or de Fik...


C'est parce qu'elle est passée depuis Arthur Maury entre les mains de quelques autres grands collectionneurs, 
que je peux enfin vous la montrer en couleur.

  J'avais d'ailleurs rencontré à l'époque l'un d'entre eux qui me l'avait faite miroiter, entre autres merveilles de ses albums, mais j'étais loin d'avoir les moyens de me l'offrir. 

  Vous connaissez déjà mes mésaventures durant plusieurs décennies à la poursuite d'une de ces lettres. L'important étant de ne jamais désespérer...

*****

  Au fil des années, on a vu apparaître 2 autres modèles, de la même époque et un peu différents, mais cette édition numéro 1 reste à mes yeux la plus belle.

  La plus connue, moins rare, est l'édition numéro 2 avec sur son enveloppe, encore une publicité pour un alcool : 
le vin de Banyuls Bartissol :


En voici une, incroyablement conservée depuis plus d'un siècle, à l'état neuf :


Sur ce modèle, la perforation est horizontale et 
volontairement placée à cheval sur le timbre et son support, 
contrairement au premier exemple montré + haut
sur lequel elle était verticale et uniquement sur le timbre.

  Je ne vous remontre pas le dernier modèle découvert, édition numéro 3 avec pub pour le lait d'Appenzell purgatif, car je ne l'ai toujours pas digérée, depuis que je l'ai ratée !

  Mais le plus extraordinaire à mon avis, ce sont les deux documents suivants qui accompagnent la précédente. Comme cela y est précisé, elle était vendue (5 centimes) dans une grande pochette avec, en plus de l'enveloppe et de la feuille pour la correspondance, un buvard et un crayon. 

Visiblement, on avait renoncé au calendrier...

Les voici, miraculeusement conservés, et jamais vus depuis 1998, 
lorsqu'ils m'avaient nargué dans une vente sur offres : 



Il ne manque plus que le crayon !
Il devait être vraiment très joli et bon...
Du coup, il a disparu !

Faites-moi signe SVP si vous le retrouvez !

N.B. l'édition numéro 1 était vendue avec un porte-plume, d'où le buvard.


jeudi 15 novembre 2018

Du neuf dans les marges !


  En avril et mai 2011, on avait pu découvrir ensemble plusieurs valeurs de notre chère Semeuse présentant la spectaculaire variété dite inter-feuille, avec dentelé tenant à non dentelé partiel.

L'impression de la feuille contiguë se retrouve dans la marge, car celle-ci est trop grande, en raison d'une mauvaise découpe de la feuille de 300 en deux feuilles-vente de 150 timbres.

Comme la découpe est faite avant la perforation, la partie qui se retrouve imprimée dans la marge reste non dentelée.

Je ne connaissais alors l'existence que des valeurs suivantes :
- 10 c. rose, lignée YT 129
- 15 c. vert, lignée YT 130
- 30 c. lilas, lignée YT 133
- 10 c. rouge, maigre YT 135
- 5 c. vert, camée YT 137

Et bien voici, sortie de sa cachette, une nouvelle valeur à ajouter à cette liste :

- 10 c. rouge, camée YT 138


Du jamais vu !


Avec au passage un autre exemple du 137, présentant la variété sur la marge de droite cette fois-ci :


  Rien n'empêche de penser que d'autres valeurs existent. Toujours imprimées en typographie à plat bien entendu.

Alors, jetez toujours un œil dans les marges : on ne sait jamais...


jeudi 1 novembre 2018

Rencontre du 8ème type !


  Tous ceux qui étaient en âge de l'apprécier lors de sa sortie en 1977 s'en souviennent encore certainement : la sortie du film de Spielberg souleva une vive émotion : on n'avait jamais vu ça au cinéma !

Le succès fut énorme : deux ans après les dents de la mer et cinq avant E.T. l'extra-terrestre, le réalisateur devenait culte. La suite de sa carrière ne fera que confirmer son talent de génie !

  Je suis sûr de ne pas être le seul philatéliste à avoir fait le rapprochement, et à rêver de découvrir un jour un nouveau type en examinant mes timbres à la loupe. Il faut dire que notre chère Semeuse est bien connue, devenue célèbre "all over the world" en grande partie à cause de ses types multiples, et du vaste champ de recherches qu'elle nous offre. La reine incontestée en ce domaine est celle à 25 c. avec ses 7 types différents.

Il faut dire que lorsqu'on prend la peine de s'y intéresser, que l'on apprend pourquoi ces différents types ont vu le jour, comment ils ont été imprimés, sous quelle forme ils ont été vendus au public, souvent suite à une augmentation des besoins en rapport avec un nouveau tarif postal, et parfois avec une machine plus moderne et très différente de la précédente, cela devient vite passionnant !


  Depuis plus d'un siècle, de très grands philatélistes ont laissé leurs noms dans l'histoire de la Semeuse, au premier rang desquels figure Monsieur Pierre de Lizeray à qui l'on devrait rendre à mon avis plus souvent l'hommage qu'il mérite. Les écrits qu'il a su nous laisser sont d'une intelligence et d'une précision remarquables. Je vous les conseille tous !
Il en a tellement bien étudié les moindres détails qu'à ma connaissance, plus grand monde après lui n'a fait la moindre trouvaille importante sur la Semeuse, et ce depuis des décennies !

  Alors, à mon modeste niveau, j'ai toujours essayé de suivre son exemple, de m'inspirer de ses conseils, mais je ne prétends pas lui arriver un jour à la cheville.

Même s'il nous arrive encore souvent de découvrir des nouvelles dates pour certains tirages en farfouillant dans les coins datés, ou parfois au bas de rares carnets, et quelques nouvelles couvertures par ci par là, il faut bien reconnaître qu'il ne nous a pas laissé grand-chose à découvrir...

***** 
  Comme beaucoup d'entre vous, je suis depuis longtemps le marché philatélique, et je prends beaucoup de plaisir à feuilleter les catalogues des grandes ventes parisiennes notamment. Lorsque je vois une pièce qui me plait ou qui sort de l'ordinaire, mais que je ne peux pas m'offrir, je me contente d'en rêver et d'en conserver une photo pour mes archives. Au début, je découpais les catalogues, mais maintenant je stocke les images informatiques, ce qui me prend moins de place.
Ma mémoire personnelle en conserve aussi le souvenir la plupart du temps.

  Il y a longtemps de ça, j'avais pu acheter dans une de ces ventes, un essai du 25 c. imprimé en noir sur du papier bleu, ce qui était déjà assez original pour me plaire.
Les essais de couleurs et de papiers sont assez fréquents, mais je trouvais celui-ci joli.


  Et puis un jour, j'ai vu passer un autre essai, de teinte orangée, qui le faisait ressembler au timbre que l'on connait sous le numéro YT 235. Mais en y regardant de plus près, on voyait que le type n'était pas le plus connu, celui du 235, le type III.

Je n'ai pas pu l'acquérir pour l'examiner à la loupe, mais cela m'avait intrigué. Mis la puce à l'oreille...
J'avais stocké ça dans un coin. Sans plus y réfléchir : grossière erreur de ma part !


  Dans une vente plus récente, surgit alors sous mes yeux ébahis cet O.V.N.I. que même Spielberg n'aurait osé imaginer s'il avait été philatéliste


  Un essai de roulette selon le vendeur, dont personne n'avait jamais entendu parler jusqu'alors, présenté en bande verticale de 11, comme les bandes bien connues, dont le 11ème timbre représente la preuve qu'il ne s'agit pas d'un morceau de feuille rotative normale (qui ne peux excéder 10 timbres).

  A l'évidence, il ne pouvait pas s'agir d'un essai réalisé pour les feuilles normales de 100, et encore moins pour les feuilles destinées aux carnets. D'où la déduction logique : un essai de roulette.

Le prix était tellement inabordable que je ne l'ai même pas retenu, mais j'avais bien remarqué la ressemblance frappante avec mon essai bleu sur noir...

  Par la suite, j'ai appris que les timbres de cet essai de roulette étaient au type II, ce qui m'a stupéfait !
Le type II du 25 c. étant le type des derniers carnets.
Saperlipopette !

Cela pouvait coller avec mon isolé, mais certainement pas avec une bande de 11. Aucun carnet ne comporte plus de 2 timbres en hauteur. J'ai donc mieux regardé mon essai, et je l'ai comparé avec un timbre de carnet au type II :


Les dentelures sont strictement les mêmes.
La forme du 2 est semblable.
Quelques autres critères sont présents.
OK, c'est bien un essai au type II.

 Je me suis donc dit (et je ne suis pas le seul) : lorsque l'administration a décidé de fabriquer à nouveau des roulettes de timbres à 25 centimes, fin 1922, ils ont utilisé un poinçon existant au type II pour réaliser des essais, mais ceux-ci n'ont pas donné satisfaction.
Et ce sera finalement le type III qui sera créé de toute pièce, et qui servira pour les roulettes.

  Dans ma petite tête, cela tenait debout : rien de choquant dans tout ça. Mais je me trompais...

Je vous rappelle que l'atelier de fabrication des timbres-poste ne se souciait absolument pas des différents types de ses figurines à l'époque : il contournait au mieux les difficultés techniques rencontrées, et seul le résultat comptait.
Les types ont été identifiés bien plus tard par les philatélistes.

*****

  Aujourd’hui, (c'est tout frais) ce deuxième O.V.N.I. encore plus ébouriffant que le premier, est mis en vente par une célèbre maison de vente parisienne :


Mais il n'est pas sûr que cette magnifique bande trouve preneur, malgré sa rareté, 
car son prix est évidemment à la hauteur : à suivre...

  Non seulement elle est en meilleur état que l'autre, mais en plus, vous voyez comme moi qu'elle a l'avantage d'être attenante à son bord de feuille, ceci expliquant cela.
De telles bandes de roulettes sont extrêmement fragiles, et ont volontiers tendance à se découper, ce qui leur ferait perdre toute valeur. Sauf lorsque, comme ici, le BDF la consolide.

  Et un 3ème O.V.N.I. va se vendre à Londres dans quelques jours. La loi de séries...


Il faut bien se rendre à l'évidence : une ou plusieurs "feuilles" de cet essai ont été détaillées, soit sous la forme de bandes verticales, soit à l'unité, et se sont retrouvées sur le marché philatélique ces dernières années.
Mais au fait, de quel format ces "feuilles" ?
Des feuilles de 150 imprimées à plat, ou bien des bandes sans fin sorties des rotatives ?

  C'est en essayant de répondre à cette question que la lumière se fit, peu à peu dans mon esprit...

  Les timbres au type II ont toujours été imprimés à plat, c'est une certitude, à partir de février 1920 si l'on se réfère à un des trésors du musée postal : un fragment daté de feuille pour carnets.

Ces derniers n'ont été mis en vente qu'au début de 1922, après ceux aux types IV et I B, et avec initialement la même couverture, postale, sans aucune publicité.

  Mais, on sait également qu'à cette période, au début des années 20 l'administration était au plus haut point intéressée par les machines rotatives, et cherchait à se moderniser.
En témoigne le superbe document de juin 1921 dont voici un extrait :


On y devine que c'est la guerre qui avait obligé la poste à renoncer à ses idées de modernisation, mais elle ne lui avait pas fait perdre le fil pour autant : c'est ainsi que quelques mois plus tard la première Semeuse rotative verra le jour, en mars 1922.

  Mais ce qui nous intéresse au plus haut point, c'est que vers 1913, l'administration avait chargé une entreprise privée, la maison Chambon, de réaliser pour elle des essais en impression rotative.
Le choix du secteur privé, très surprenant de la part de la poste, explique peut-être aussi qu'il n'y ait pas eu de suite immédiate.

Ça, je le savais depuis longtemps, Storch et Françon au début des années 80, en ayant fait une large description dans leur ouvrage : l'essai privé rotatif concernait une Semeuse à 10 c. dite de Haegelin, du nom de son graveur qui l'a copiée sur un original fourni par l'atelier.
Un essai rotatif précoce et connu donc, mais cependant assez rare.

On en a vu passer en vente quelques blocs, très chers, trop à mon goût, en rouge ou en vert, comme ceux-ci, au format inédit de 5 timbres en largeur, certainement des fragments découpés dans une longue bande (voir les bords déchirés) :


Avant de se lancer dans la Semeuse, l'entreprise avait fait d'autres essais avec un profil du président de l'époque, Raymond Poincaré :

Sacré Raymond !
C'est lui qui va me donner la clef du mystère, 
lui le seul bloc de ma collection qui ne soit pas au type Semeuse !

  Ceux qui ont l’œil, auront comme moi noté une similitude entre ces essais et 2 des bandes montrées un peu plus haut dans cet article, celles avec le bord de feuille : c'est ça qu'il faut regarder pour une fois, pas les timbres mais le BDF.

On y voit dépasser 2 trous de la perforation. C'est un cas unique, caractéristique de ces essais rotatifs. Décrit depuis longtemps.
Et la bande qui se vendra peut-être ce soir a aussi ces 2 perforations latérales !

 Alors qu'aucune des émissions officielles, ni les feuilles à plat de 150, ni les feuilles rotatives de 100, prévues pour la vente aux guichets ou pour les roulettes, aucune n'est jamais sortie de l'atelier avec autre chose qu'un seul trou dépassant dans la marge !


Feuilles à plat : normale                             et pour roulettes


Feuilles rotatives : normale                            et pour roulettes

  Un trou c'est un trou me direz-vous, mais celui-ci semble bien démontrer que les bandes verticales (et les isolés) de cet essai de 25 c. noir sur bleu, proviennent de la même entreprise privée qui n'était jusque-là connue que pour ses essais du 10 c.

Tout ça pour ça ? 
Il se fiche de nous aujourd'hui !
Je vous entends d'ici...
Mais non ! 
Suivez-moi bien. Encore un peu...

  Si ce 25 c. noir sur bleu a été imprimé sur des rotatives, et par une entreprise privée qui plus est, il ne peut en aucun cas être au type II, celui des carnets à plat, même s'il lui ressemble beaucoup !
C'est impensable, le matériel absolument différent rend ceci absolument impossible.

Il ne peut donc s'agir que d'une copie du type II "officiel", forcément un peu différente de l'original.

Et même s'il ne s'agit que d'un essai, nous avons forcément sous les yeux 
le 8ème type de la Semeuse à 25 c. 

Reste à lui trouver des petites différences par rapport au type II.
Et comment va t'on l'appeler : type II bis  ? type V ?
Le voici de plus près :


Excusez le fond noir moucheté, l'impression rotative tâtonne encore !

  J'ai eu beau chercher... 
N'est pas De Lizeray qui veut ! 
Je n'ai pas trouvé de différence évidente et indiscutable. 

Mis à part bien entendu le fait qu'il soit noir (ou orangé) et imprimé sur du papier bleuté.
La gravure semble être absolument identique, preuve que l'atelier a fourni le modèle.

Essayez de votre côté...

Type II                                       Essai
Pas évident !
Mais c'est tout de même une belle rencontre !

  Il me semble improbable que cet essai du 25 c. puisse être contemporain de celui du 10 c. Haegelin puisque le modèle (type II) obligatoirement fourni par l'atelier, n'a existé que 7 ans plus tard.

Ce serait à mon avis plutôt au moment où l'administration s'est remise à envisager l'utilisation de machines rotatives Chambon, vers 1920, qu'elle a dû s'adresser à nouveau à cette entreprise privée qui avait  déjà bien débroussaillé le chemin avec ses essais d'avant-guerre en 1913.

  La seule certitude (et les spécialistes devaient s'y attendre) c'est que l'essai rotatif a un format légèrement supérieur, dans le sens de la hauteur, que les timbres des carnets au type II.

On a débattu longtemps pour expliquer cet allongement en rotatif : cintrage, défilement asynchrone du papier et du cylindre, sans pouvoir trancher...

Mais c'est une mesure infra millimétrique, et elle ne saute pas vraiment aux yeux.
Moins que le film de Spielberg...


Avec mille remerciements aux éminents spécialistes qui m'ont permis d'illustrer cet article !


dimanche 7 octobre 2018

Numéro de presse


  L'impression en typographie rotative a été utilisée en France pour la première fois afin d'imprimer des timbres en mars 1922, avec notre chère Semeuse verte à 10 centimes. Au tout début, l'atelier de fabrication des timbres poste ne disposait que d'une de ces merveilleuses machines Chambon qui allaient lui faire gagner un temps fou, par rapport à l'ancienne technique d'impression à plat.


  Par la suite, le succès aidant, la poste va s'équiper de nombreuses presses qui pourront fonctionner simultanément, et permettre également la fabrication des roulettes puis des carnets.

 Cette généralisation nécessitant de pouvoir identifier les différentes presses, un numéro va leur être attribué. Le but étant de savoir sur quelle presse était imprimé tel timbre, il est logique que ce numéro de presse se retrouve sur les feuilles imprimées, en tout cas pour les feuilles-vente de 100 timbres.
Il n'en sera pas de même pour les roulettes ni pour les carnets, qui n'étaient pas destinés à être vendus en feuilles.

 L'emplacement choisi pour ce numéro de presse se situe au niveau de l'intervalle séparant verticalement les deux panneaux de 50 timbres. Il sera imprimé en noir, comme les numéros des feuilles et les dates, situés respectivement aux angles inférieurs gauche et droit.


 La période d'impression de mon timbre favori s'étendant sur plusieurs décennies, cela m'a permis de remarquer que la situation de ces numéros de presse était très variable au niveau de cet intervalle.
Et ceci pour des raisons que j'ignore.

 On le trouve toujours dans la moitié inférieure de la feuille (sauf si l'un d'entre vous vient me contredire), et le plus souvent à la hauteur des deux dernières rangées.
Parfois au-dessus, jusqu'à la 6 ème rangée.
Jamais au dessus. Pourquoi ? Mystère !

 Le baron De Vinck, qui a répertorié tous les tirages rotatifs, précise dans son ouvrage, et chaque fois qu'il le pouvait, la presse qui a été utilisée.


Ne me demandez pas comment il a fait pour avoir connaissance de ces informations : soit il a vu une feuille entière ou un grand bloc bas de feuille pour chaque tirage et partie de tirage (ce qui me semble absolument impossible), soit il avait à l'époque ses entrées auprès de l'atelier, avec des contacts très fiables en tout cas, car ses erreurs sont exceptionnelles.

 Son ouvrage permet de voir que certains tirages ont été faits sur plusieurs presses, et que parfois un tirage était fait en plusieurs parties, pas toujours sur la même presse etc..
La durée des tirages était très variable, allant de moins d'une journée à plusieurs mois consécutifs !
Parfois au cours d'une journée, la même presse a été utilisée avec deux cylindres, et parfois pour deux timbres différents. D'où la rareté relative de certaines dates, ce qui rend passionnante la collection des coins datés.

 En feuilletant (c'est le cas de le dire) ma collection, j'ai même trouvé cette jolie paire :


Imprimées le même jour, le 23.09.1937, et par le même tour de cylindre puisque leurs numéros se suivent, on voit que le numéro de presse 7 ne se situe pas à la même place sur les deux :


Il y avait donc 2 numéros de presse imprimés à chaque tour, un pour chaque feuille.
Il semblerait que leur localisation soit assez aléatoire.
Au bon vouloir de l'opérateur qui montait les cylindres sur la presse, peut-être ?

J'ai également vu d'autres paires de feuilles, pour d'autres Semeuses, avec des numéros qui sont à la même place sur les deux feuilles successives.

 Cependant, il fallait bien que le mécanisme encreur puisse déposer de l'encre sur le chiffre au bon endroit, et à chaque fois !

D'où, à mon avis, le choix de l'intervalle central comme emplacement : un rouleau encreur pouvant ainsi être efficient quel que soit l'endroit où se situent les deux chiffres.

Pour finir, sachez que certaines feuilles sont dépourvues de tout numéro.
Ce qui est normal pour les toutes premières, alors que l'atelier ne disposait que d'une seule machine, mais ce qui l'est moins par la suite.
C'est notamment le cas pour la Semeuse à 1 c. surchargée 1/2 centime (celles-ci sont également 2 feuilles successives), alors que celles à 1 c. non surchargées ont un numéro :


Qui saura nous dire pourquoi ?

Y a t'il un rapport avec la surcharge ?
(N.B. J'ai une feuille d'un pré-oblitéré rotatif, également sans numéro.)

Ou bien un manque d'encre vous pensez ?
Ou un oubli ?
(je n'y crois pas trop)