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mardi 27 octobre 2020

On progresse, mais peu !

 

 Je m'interrogeais, en mars dernier, sur le pourquoi d'un petit point de couleur, volontairement imprimé sur le pont de certaines feuilles de certaines Semeuses, notamment en haut, au-dessus du millésime.

Nous avions vu que le 15 c. vert Semeuse lignée était concerné, en 1921.

  La mise en vente récente de plusieurs panneaux de ce timbre, surchargé MEMEL, me permet d'apporter une petite précision. D'autant plus que ces panneaux étaient issus de feuilles datées du même jour d'impression, et coupées en 3.


 Et bien : sachez que l'on retrouve ce fameux point aussi bien sur une (demi) feuille de gauche que sur celle de droite :

(demi) Feuille de gauche


(demi) Feuille de droite

Les bords les plus larges permettent de les identifier facilement. Sinon, la gomme au dos le permet aussi, puisqu'elle s'arrête loin du bord.

Voila ! C'est un petit plus, je vous l'accorde, mais un plus tout de même.


mardi 20 octobre 2020

Coin daté pas daté

 

  Même si je vous faisais part il y a quelques jours à peine de mon intérêt pour les dates, ne croyez pas que je cultive l'art du paradoxe, mais j'aime bien aussi lorsqu'il n'y en a pas !

  En ce qui concerne l'impression à plat, je n'ai jamais rencontré de feuille dont la marge inférieure soit privée de sa date d'impression. Parfois il faut la chercher à droite, et pas à gauche... L'absence du millésime de l'année se rencontre en revanche quelquefois, nous l'avions vu. 

Sur la presse, il fallait une mise à jour manuelle, quotidienne en début de journée, de la part de l'ouvrier responsable qui y faisait également figurer une initiale ou un chiffre permettant de l'identifier. Ces caractères étaient imprimés en-dessous des 2 feuilles de 150 timbres qui formaient la feuille initiale de 300. L'encrage se faisant en même temps que celui des timbres, donc toujours de la même couleur.

  Les machines rotatives disposaient de deux dateurs puisque chaque tour de cylindre donnait 2 feuilles de 100 timbres. Mais ces dateurs (comme les numéroteurs situés de l'autre coté de la feuille) étaient indépendants du cylindre imprimant les timbres, et imprimaient en noir, à de rares exceptions prés. 

On connait quelques erreurs de dates répertoriées : jours fériés ou dimanche, ainsi que des dates "farfelues" n'ayant rien à voir avec les jours du tirage en question. Ce qui s'explique là encore par la manipulation nécessaire chaque matin, avant de lancer la presse, qui représentait une source toujours possible d'erreur.


 Collectionnant les coins datés au type Semeuse dans leur ensemble, et depuis des décennies, je vous avais déjà montré le seul sans date que j'aie eu la chance de croiser :

Comme en témoignent les traces d'encre noire visibles, on peut penser ici que l'absence d'impression de la date résulte soit d'un mauvais encrage du dateur, soit d'un manque de pression sur le papier de sa part (mauvais réglage ou accident). Le mécanisme était pourtant d'une extrême fiabilité.

 

  Le coin de feuille que voici a été victime d'un tout autre type d'accident, et il est à mon avis unique :

Il s'agit du 10 c. vert (Yvert n°159) au type III, dont le tirage s'étend de 1923 à 1927, non pas en continu mais par périodes plus ou moins longues en fonction des besoins.


  La morphologie des parallélogrammes imprimés sous les timbres permet d'être plus précis, en identifiant le cylindre qui tournait ce jour-là :

J              H = 3 ¼,  3 ½,  3 ½. Uni. Griffes au bas.

K             H = 3 ½,  3 ¾,  4. Uni. Griffes au bas.

 

Premier jour

Dernier jour

Chiffres

Presse

Tirage

1ère partie

23.2.25

7.3.25

I

3

2ème partie

10.3.25

16.3.25

I

3

3ème partie

18.3.25

29.4.25

I

2


Il ressemble plus à K qu'à J.

 Toujours est-il qu'un petit bout de papier volant, malicieux, est venu s'interposer justement à cet endroit au mauvais moment, alors que la rotative était lancée à plein régime !

Il a ensuite été retiré, après que l'encre verte du coin du 100ème timbre, ainsi que l'encre noire de la date, aient été déposées dessus, et non sur notre extraordinaire coin daté pas daté.

Voici à quoi il aurait pu ressembler sans cet accident :

  Par analogie, il est amusant de comparer les coins datés de ce type III à ceux du type IB du même timbre, qui ont été les précurseurs de l'impression rotative en France, en 1922 : 

La date était alors imprimée en vert, et les parallélogrammes volontairement supprimés aux deux coins afin que la date y soit bien lisible. Vert sur vert ne pouvant rien donner de bon !

Il n'empêche que je les adore plus que tout ces dates vertes !

Si vous en trouvez, cliquez S.V.P. sur "Aucun commentaire" pour me joindre. MERCI

V

V

samedi 17 octobre 2020

J'aime bien les prématurés !

 

  Tout amateur de la Semeuse connait sa date de naissance philatélique : c'est le 2 avril 1903 que furent mis en vente les premiers timbres à son effigie. Il s'agit du 15 c. vert de la Semeuse lignée, dont la teinte a été choisie après de multiples essais.

Pour ne pas dénaturer l'oeuvre de son célèbre créateur Oscar Roty, le graveur Mouchon s'est donné bien du mal pour rendre au mieux l'effet de relief sur ce fond ligné, et cela a également donné lieu à de multiples essais. Nous y reviendrons à l'occasion...

  Il parait que le timbre devait initialement être tiré sur un papier teinté jaune vif, du plus bel effet, mais qui se serait avéré trop coûteux. On en connait quelques rares exemplaires.

  Tout ça pour dire que bien des tâtonnements furent nécessaires avant de livrer ce nouveau timbre à sa destinée, restée unique dans les annales de la Poste du fait de sa diversité et de sa durée d'utilisation extraordinaire !

  L'accueil du public fut enthousiaste, et les ventes se sont envolées. Au point que le premier jour de mise en vente, dans les quelques bureaux parisiens qui avaient été approvisionnés, il fallait faire la queue pour s'en procurer aux guichets. Du coup, on en trouve assez souvent sur des lettres (puisque 15 c. était le tarif de la lettre pour l'intérieur) oblitérées de ce célèbre jeudi. Les gens, philatélistes ou pas, les ayant précieusement conservées.



  Moi, vous le savez, je m'intéresse beaucoup aux dates. Celles situées au bas des feuilles ou des carnets imprimés à plat, aussi bien que les coins datés des feuilles rotatives. Je répertorie absolument TOUT ! C'est mon dada, comme disaient les anciens. Ça me plait, et ça m'apporte souvent des renseignements très utiles sur mes timbres préférés.

Vous comprendrez que lorsque j'ai su que j'avais raté la vente sur internet de ce joli panneau, je m'en sois mordu les doigts :

Il a été imprimé la veille de l'émission du timbre, le 1er avril, ce joli poisson ! 

Millésime 3 pour 1903, tirage sur la presse 1, conduite par un ouvrier identifié par la lettre Q.

 C'était il y a quelques années, et mes doigts ont tant bien que mal cicatrisés depuis, ce qui me permet de vous en parler aujourd'hui. Mais il me manque toujours...


  J'ai eu l'occasion ces derniers jours de me rattraper, grâce à la mise en vente simultanée (étonnante coïncidence) de plusieurs autres "prématurés" que je tiens à vous montrer. 

 Voici tout d'abord ce tiers inférieur d'une feuille que les trois capitaines auraient appelée vilaine :


  Regardez bien dans la marge du bas : la date du jeudi 26 mars est la toute première connue à ce jour pour ce timbre, une semaine avant sa sortie ! Cette feuille n'a pas satisfait aux exigences rigoureuses de qualité de l'atelier de fabrication des timbres-poste, et a été annulée à la main par ces hexagones concentriques, apposés à l'aide d'un rouleau encré de noir. On appelle ça une "paraoblitération".  
Son prix étant un peu trop élevé pour moi, compte-tenu de son mauvais état de conservation, je me suis contenté d'un fragment, déniché ailleurs, et caché dans un lot :

La toute première date d'impression de toutes les Semeuses !
Une semaine avant leur naissance officielle.

Qui pourra nous montrer une date encore plus prématurée ?


  Et comme le hasard fait toujours bien les choses, j'ai également mis la main au même moment sur cet autre bloc, daté du lendemain, le vendredi 27 mars :


  Cette date là aussi m'avait glissé entre les doigts par le passé, mais en moins jolie :


  Toutes ces feuilles annulées qui auraient dû être détruites, se sont faufilées entre les mailles du filet pour sortir de l'atelier et parvenir entre les mains de quelques philatélistes avertis. 

  Ce n'est pas moi qui vais m'en plaindre, même si elles ont été découpées. Heureusement pour moi, leur marge inférieure a été conservée !

Une seule date par feuille. Probablement quelques feuilles existantes, témoignant des difficultés techniques rencontrées.

N'allez pas croire en les voyant ici réunies qu'on en voit souvent : elles sont vraiment rares !

  Lorsque le tirage tourne à plein régime, l'atelier peut imprimer à l'époque jusqu'à 30 000 feuilles de 150 timbres par jour. De quoi satisfaire tous les français.

Peut-être existe t'il des feuilles non annulées aussi précoces ? 
Mais je n'en ai jamais vu...