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mardi 16 avril 2019

Séparer le bon grain de l'ivraie


  Certes, je connaissais l'expression, mais j'avoue que comme beaucoup de citadins, je serais bien incapable de reconnaître l'ivraie dans un champ, si j'en croisais  un jour.

  Du coup je sollicite mon ami Google, et je comprends tout de suite mieux que l'on puisse confondre ces mauvaises herbes avec du blé... de loin !

Résultat de recherche d'images pour "ivraie"

    Mais vous le saviez, vous, qu'il s'agissait d'un passage du Nouveau Testament ?
Et que c'est de là que vient le mot ivresse ?
Non ? Alors instruisez-vous, et méditez sur ce qui suit :

L'ivraie est une graminée sauvage et nuisible censée provoquer une sorte d'ivresse (le mot dérive indirectement du latin populaire 'ebriacus' qui signifiait 'ivresse'). Au début de sa pousse, son aspect est assez peu différent de celui du blé au milieu duquel elle peut croître.

On comprend alors que, selon Matthieu, Jésus ait pu désigner l'ivraie comme le symbole des méchants, car c'est bien là une "mauvaise graine".

Dans cette parabole, alors qu'un ennemi a semé de l'ivraie dans un champ de blé, le maître dit à ses serviteurs de ne surtout pas chercher à l'enlever tant que la moisson n'est pas prête, sinon ils risqueraient d'arracher également le bon grain.
Il leur demande donc d'attendre le bon moment, de ramasser alors l'ivraie pour la faire brûler puis de moissonner le blé pour le ranger dans le grenier.

Lorsque Jésus, à leur demande, explique à ses disciples le sens de cette parabole, il leur explique que :
  • Le champ représente le monde ;
  • Celui qui sème le blé est le Fils de l'homme (Jésus lui-même) ;
  • Les bons grains sont les sujets du Royaume ;
  • L'ivraie représente les sujets du Mauvais ;
  • Celui qui la sème est le Diable ;
  • La moisson, c'est la fin du monde ;
  • Les moissonneurs sont les anges.
Ainsi, les bons et les méchants sont condamnés à vivre ensemble, mais au moment du Jugement Dernier, le Fils de l'homme enverra ses anges qui élimineront tous les méchants pour les jeter dans la fournaise ardente (l'enfer), alors que les justes iront dans le Royaume des cieux (le paradis). 
  
*****

   En philatélie, et surtout depuis quelques années avec l'envahissement d'internet, on aurait plutôt tendance à chercher péniblement le bon grain au milieu de l'ivraie, tellement les mauvaises herbes foisonnent !  Même les grandes maisons de vente parisiennes se laissent envahir par des timbres faux, truqués, bidouillés etc... C'est désespérant !

  Un ami, de passage vers Drouot hier, a eu la joie (au second degré !), d'y rencontrer ce superbe carnet, pour le moins spectaculaire :



  S'il est vrai que l'on rencontre parfois des carnets dont la découpe laisse à désirer, jamais un tel décalage n'aurait été accepté par l'administration !
Les pubs se retrouvant au milieu des timbres, au lieu de l'inverse !

*****

On voit assez souvent des décalages plus ou moins marqués de quelques millimètres, à l'origine de ce que l'on appelle des "carnets avec doubles pubs", lorsque les 2 publicités des marges sup et inf se retrouvent du même coté, comme sur cet exemple :


 On atteint en revanche rarement un décalage assez important pour que toute la pub vienne à disparaître d'un coté, comme sur celui-ci :


Et il est franchement exceptionnel de voir un cas comme ce dernier, où les timbres se retrouvent en partie amputés, littéralement coupés en deux par cette découpe pour le moins hasardeuse :


Sapristi !...

  Vous imaginez la tête qu'a dû faire l'utilisateur qui avait acheté ce carnet à la poste en 1926 ?
Il a dû se sentir un peu floué par l'administration : difficile en effet d'espérer affranchir une lettre avec ces Semeuses amputées. 

Mais il a bien fait de le conserver intact,
pour notre plus grande joie de collectionneur !
Car celui-ci est parfaitement authentique.
Et assez spectaculaire !

*****

  Si on le compare avec son homologue honteusement bidouillé par un MAUVAIS GÉNIE, on s'apercevra que l'agrafage a bien été fait au bon endroit (plus ou moins à la hauteur de l'intervalle entre les 2 rangées de 10 timbres), mais que c'est la découpe qui a été fortement décalée, de plus d'un centimètre. 

Une feuille de 6 carnets était en effet agrafée dans une feuille de 6 couvertures, avant que n'intervienne la découpe.

   Alors que sur le faux, puisqu'il faut bien l'appeler ainsi, l'agrafe a été placée à la hauteur des pubs, ce qui est absolument impossible. Impensable même ! C'est bien la preuve qu'il s'agit de l'agrafage d'un bloc de timbres sur une couverture déjà découpée.

En fait, un petit malin s'est servi d'un fragment d'une feuille 
(d'ailleurs assez rare) destinée à la fabrication des carnets, 
comme celle-ci :



pour en découper 20 timbres soit 2 rangées de 10, séparées par les 2 pubs.

Puis il a agrafé le bloc dans une couverture, malicieusement recyclée.
Et hop ! le tour était joué !

Abracadabrantesque ! 
Comme le disait si bien Jacques Chirac à propos 
des accusations de financement occulte du RPR.
Un fin connaisseur en matière d'ivraie !

C'est vrai qu'en politique comme en philatélie, il faut savoir faire le tri, et ne pas mélanger les serviettes et les torchons ! Mais je m'arrête là puisque j'apprends par la même occasion, que cette dernière expression signifie plutôt « ne pas mélanger les classes sociales », les nobles utilisant des serviettes de table, et les domestiques des torchons.


dimanche 14 avril 2019

Pasteur et Semeuse combattant la diphtérie


  Au début du XXème siècle, les enfants mouraient encore de cette maladie infectieuse redoutable !

  Celles-ci s'attaque aux amygdales dont la taille peut alors augmenter jusqu'à obstruer les voies aériennes supérieures, et entraîner un étouffement !

La découverte du microbe responsable de cette grosse angine avait permis quelques années plus tôt la mise au point d'un sérum efficace. Vous le connaissez tous encore de nos jours, puisqu'il représente la lettre D du célèbre DTPolio, vaccin heureusement devenu obligatoire dans nos pays civilisés.


  Les deux petites boîtes ci-dessous ayant circulé par la poste affranchies avec notre chère Semeuse, sont le témoin émouvant des débuts de la lutte contre cette maladie dans le sud-ouest de la France :



  Certainement ont-elles été retrouvées un jour au fond d'un placard ou d'un tiroir de la mairie de ce charmant petit village des Pyrénées Orientales, pour se retrouver dans une vente d'objets philatéliques (lors de laquelle je n'ai pu que les voir passer, hélas !).


  Une annexe de Montpellier de l'Institut Pasteur mettait ainsi régulièrement à la disposition de la population quelques doses de ce très efficace sérum, que la mairie était chargée de stocker. 
Les flacons venant logiquement à se périmer, ils étaient ensuite renouvelés, et les anciens devaient être retournés à l'Institut. 
  Astucieusement, il suffisait de retourner l'étiquette de la boîte pour la renvoyer à la bonne adresse (ce qui n'a jamais été fait pour ces deux-là).


  Vous me direz que ce n'est pas la première fois que l'on retrouve de telles petites boîtes envoyées par la poste, datant de cette époque. Mais là où cela devient vraiment extraordinaire, c'est lorsque l'on prend la peine de les ouvrir...

  A l'intérieur de la boîte en carton, on trouve une deuxième boîte en bois avec 3 compartiments creusés, dans lesquels se trouvent bien protégés les 3 flacons de vaccin.



  Au verso de la boîte en carton, une étiquette de l'Institut Pasteur de Montpellier / Institut Bouisson-Bertrand, explique que ces 3 sérums anti diphtériques sont délivrés gratuitement par l'Assistance Publique, et sont adressés aux maires, qui les tiendront à la disposition des médecins.


  On ne peut que s'émerveiller devant les soins apportés à ces précieux petits flacons par les employés de cette mairie, pour qu'ils parviennent jusqu'à nous après plus d'un siècle ! 

Moi je dis que ça mériterait bien une médaille...

...à moins qu'ils ne faille plutôt leur décerner un blâme 
pour avoir oublié de les retourner au laboratoire !