Pour ceux qui ne le savent pas encore, je m'intéresse de très près et depuis longtemps aux dates d'impression de notre Semeuse : c'est souvent une source de renseignements et de découvertes assez intéressants !
Concernant les feuilles imprimées en typographie rotative à partir de 1922, dont nous venons de fêter le centenaire, c'est le cas le plus simple car cette date figure toujours en bas à droite des feuilles de 100 : on appelle ça un coin daté, et on les collectionne avec un bloc de 4 timbres. Non seulement parce que c'est plus esthétique, mais aussi car c'est l'étude des parallélogrammes situés dans la marge inférieure à ce niveau-là qui permet de les classer.
Et c'est plus économique que de les collectionner en feuilles entières !...
L'avantage de certaines valeurs comme celle-ci, c'est qu'elles sont très courantes, très abordables, et qu'elles ne coûtaient déjà pas grand chose à l'époque, ce qui fait qu'elles n'ont jamais été découpées depuis, à la différence de beaucoup d'autres valeurs au type Semeuse qui ont été bien plus souvent vendues au détail, aux clients et aux collectionneurs.
Rappel : un tour de cylindre imprimait 2 feuilles comme celle-ci, avec 2 coins datés différents, et 2 numéros dans l'autre coin inférieur, à gauche : un pair et un impair.
Les feuilles portaient la plupart du temps au niveau de l'intervalle central un chiffre qui correspond au numéro de la presse utilisée (ici la numéro 9).
Vous aurez compris qu'en collectionnant les coins datés en blocs de 4, on perdait forcément cette information, qui a son importance pour la bonne compréhension des tirages.
Ces derniers duraient quelques jours, quelques semaines ou quelques mois. Parfois en continu, parfois en plusieurs parties. Et il arrivait que l'on change de presse entre 2 tirages ou entre 2 parties.
Parfois d'un jour à l'autre, telle presse pouvait se mettre à imprimer un autre timbre, ou une autre valeur. Et même parfois en cours de journée.
Comme les cylindres finissaient par s'user, on les remplaçait par des neufs. A chaque fois, on modifiait l'aspect des parallélogrammes, et c''est ainsi qu'ils ont été identifiés, grâce au travail extraordinaire qu'a su réaliser et publier le Baron De Vinck, poursuivi par la SOCOCODAMI.
Chaque cylindre était constitué de 4 galvanos de 50, et on a donné des lettres de l'alphabet aux deux qui comportaient les coins datés : cylindre A+B par exemple, ou C+D etc...
C'est ainsi que pour ce 2 c. vert, en juillet 1936, le cylindre H+K a tourné sur la presse 5 :
(ici le galvano H)
Comme la presse n'est pas encore connue pour tous les tirages de toutes les Semeuse, je jette toujours un œil lorsque je vois passer une feuille entière, ce qui me permet parfois de compléter nos connaissances en la matière. Il nous arrive même encore de découvrir des nouveaux premiers ou derniers jours de tirage.
Cette feuille du même tirage H+K a été mise en vente récemment :
Et c'est bien la presse numéro 6 que l'on y voit, alors que ce devrait être la 5 :
De plus, ce 6 est frappé une rangée plus bas !
Le souci, c'est que la presse 6, à cette période de juillet 1936, imprimait une autre Semeuse : le 25 c. brun-jaune ! Il s'agit donc d'une erreur. Un mauvais numéro de presse.
En regardant le coin daté, on voit qu'il s'agit cette fois-ci du galvano K : le cylindre imprimait donc ce jour-là une feuille H avec le bon numéro 5 et une feuille K avec le mauvais numéro 6.
Et ceci pendant quelques jours, probablement même pendant tout ce tirage du 16 au 27 juillet.
A moins que l'erreur n'ait été corrigée en cours de tirage, ce que l'examen d'autres feuilles pourra peut-être nous révéler un jour...
Je n'ai pas souvenir d'avoir déjà rencontré ce type d'erreur pour une autre Semeuse, mais vous pensez bien que cela est possible, ce qui fait que tout ce qui est répertorié doit toujours être confirmé par une observation attentive. On a tout à fait pu attribuer une mauvaise presse à un tirage en voyant une feuille porteuse d'une semblable erreur, passée inaperçue !
Vous voyez que l'on en apprend tous les jours, et que même sur un timbre très courant et assez peu intéressant pour les spécialistes, on peut toujours trouver quelque chose à se mettre sous la dent !
Voici par exemple, pour ce même 2 c. vert, une erreur de date trouvée récemment, et restée inconnue depuis des décennies :
(le tirage de ce cylindre a eu lieu en septembre 1934)
Et quelques raretés qui ne m'appartiennent pas, avec ce timbre dans des utilisations originales :
2 cécogrammes (avec inscriptions en Braille pour les aveugles)
Là, c'est plus facile à lire :
Et cette vilaine paire, dont personne ne voudrait, qui présente pourtant une variété exceptionnelle, le timbre du haut étant non dentelé, tenant à normal :
(collection Nicolas Chrétien : Merci)
Un accident rarissime en typographie rotative.
Une rangée horizontale de 10 timbres n'a pas reçu la perforation !
Les 9 autres restent à trouver...
( WANTED )