En février 2015, j'avais eu le plaisir de vous conter ici ma rencontre avec la Semeuse à 5 c. verte, YT n°137, imprimée sur une feuille de papier filigrané.
Cela reste pour moi un souvenir extraordinaire, une grande joie.
Un peu comme si un amateur de la peinture de la Renaissance
tombait un jour dans une brocante,
sur une deuxième version de la Joconde !
Vous vous souvenez que le fameux filigrane du fabriquant de papier Aussedat à Annecy apparaissait sur le bord inférieur d'une feuille, probablement imprimée au début de 1907.
Et d'ailleurs, très vraisemblablement unique ce bas de feuille.
Comme Mona Lisa.
On n'a jamais vu depuis plus d'un siècle, aucun 137 porteur de ce filigrane.
Une seule feuille a dû exister à mon avis, et il y a fort peu de chances pour qu'un petit malin ait non seulement remarqué ce filigrane, mais surtout qu'il ait décidé de ne pas utiliser les timbres, et de ne pas les détacher de leur marge qui en fait toute la rareté !..
Mais sait-on jamais ? Un album quelque part recèle peut-être dans ses pages, sans le savoir, une banale Semeuse 137 attenante à son bord de feuille filigrané : on peut encore y rêver !
Il est aussi possible que le filigrane se répète plusieurs fois sur une même feuille, et qu'on le découvre un jour au dos d'un 137.
Cela mériterait une Annonciation !
A propos, si vous passez par Firenze, ne ratez pas celle-ci :
Le nouveau venu est rose comme un petit Jésus, sa valeur faciale de 10 c. et son fond est ligné : c'est un YT n°129.
Un exemplaire s'est vendu ces jours-ci dans une vente parisienne.
C'est seulement le quatrième que je vois passer. Tous sont oblitérés.
C'est celui situé le plus à droite sur l'image qui suit.
Oblitéré d'octobre 1906 ou 1908 : au fait, qu'en pensez-vous ?
On le connait un peu mieux, ce 129, car il a eu la chance, lui, d'être imprimé sur une feuille de papier également filigrané mais pas dans la marge, ce qui fait que quelques heureux philatélistes ont pu repérer ces timbres, devenus depuis de vrais trésors philatéliques eux aussi.
Quelques feuilles de ce papier seulement ont été utilisées, probablement à la fin de 1906.
Mais de grands auteurs en ont décrit deux versions : l'une avec l'inscription du filigrane située horizontalement par rapport au timbres, et l'autre verticalement.
C'est le fournisseur du papier qui devait à mon avis couper les feuilles au bon format (destiné à donner deux demi-feuilles de 150 timbres), avant de les livrer à l'atelier de contrôle. Et il ne devait pas faire attention à la position du filigrane.
Personnellement, je n'ai jamais vu la version verticale, mais je crois pouvoir affirmer qu'il a existé au moins deux feuilles avec la version horizontale.
Comme le montre notre image, on peut lire le filigrane au dos de ces timbres :
-soit de gauche à droite (pour les 2 premiers, qui se tenaient à l'origine),
-soit de droite à gauche (pour les 2 autres, certainement voisins eux-aussi).
Ceux qui savent que Léonard de Vinci écrivait ses textes de la droite vers la gauche, et qu'il fallait les lire dans un miroir, comprendront mieux à présent mon analogie avec la Joconde...
Ceci prouve en tout cas l'existence d'au moins deux feuilles.
Mais combien de timbres avec filigrane ?
Et combien en reste t'il après toutes ces années ?
Nul ne le sait, mais certainement pas bézef comme on dit vulgairement !
A mon avis pas plus que d’œuvres de Léonard... La dernière connue entre des mains privées a été vendue récemment aux enchères par un russe, pour 450 millions de dollars, et devrait finir ses jours à l'ombre du musée du Louvre d'Abou Dhabi !
Le russe en question l'avait payée 127 millions en 2013 : on peut dire qu'il a un sacré sens des affaires, en plus de la chance d'être milliardaire !
Mais que dire de celui qui aurait acheté en 1906-1907 une Semeuse sur papier filigrané, verte ou rouge pour 5 ou 10 centimes, qui l'aurait rangée dans un coin, et dont les enfants ou petits enfants me la revendraient aujourd'hui ?...