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samedi 30 mars 2019

5, 10, 25 centimes : Vive la pub et la ristourne !


  Nous avions vu ici en novembre dernier grâce aux superbes et rares "Ltre à 5 cmes" que la publicité, même si elle était un peu envahissante, pouvait vers 1912-1913 vous faire économiser la moitié du tarif d'affranchissement de votre courrier, soit la somme de 5 centimes !
Un sou est un sou...

  Pas de quoi se la prendre et se la mordre certes, mais qui se plaindrait aujourd'hui de pouvoir payer moins cher son timbre ? Surtout si les annonceurs actuels avaient la même imagination que ceux de l'époque de notre Semeuse !

*****

  Sur le même principe, fin 1922, le syndicat d'initiative de Reims (et des environs !) avait trouvé l'occasion de justifier son nom, en mettant à la disposition de ses visiteurs une magnifique et très astucieuse "Enveloppe-Journal", qu'il avait même fait breveter :


Cette fois-ci, vous voyez que l'enveloppe en question offrait une ristourne 
de 40 % sur le tarif du courrier, soit 10 centimes d'économie !

  En achetant cette enveloppe, on ne vous offrait ni le papier à lettre, ni un buvard, ni le porte-plume comme en 1912... Il s'agit d'une enveloppe qui pourrait paraître banale au premier abord, vierge de tout texte publicitaire, et pré affranchie avec un 25 c. bleu représentant le tarif de la lettre pour l'intérieur :


Quel philatéliste pourrait bien s'intéresser à elle près d'un siècle plus tard ?
Réponse : moi, of course !
Celle-ci a circulé de Sillery à Tours sur Marne, dans les environs de Reims.

Mais, c'est en la dépliant que l'on comprend mieux pourquoi 
on lui a donné le nom d'Enveloppe-Journal :



    Là encore, les publicités sont un peu envahissantes, vantant sans modération les bienfaits du Champagne de marques encore célèbres de nos jours : Pommery, Roederer et Veuve Cliquot Ponsardin. Le texte et les photos proposent aux lecteurs un parcours touristique intéressant, et pas seulement dans les caves !...


Ces enveloppes semblent être devenues assez rares de nos jours, même si elles sont bien moins prestigieuses que celles qui les ont précédé 10 ans plus tôt. Il est vrai que leur grand format rendait difficile leur conservation dans de bonnes conditions. De plus, le courrier étant librement inséré à l'intérieur, le destinataire n'avait que peu de raisons de conserver l'enveloppe.
J'en ai cependant croisé une autre similaire, ayant elle aussi circulé en novembre 1922, mais à Paris.

  On remarquera, que le syndicat d'initiative n'avait pas choisi, lui,
de perforer le timbre afin d'éviter qu'un petit malin ne le décolle
et ne puisse s'en servir sur un autre support !

*****

    Quelques années plus tard à Marseille, probablement en 1927, un autre brevet était déposé pour une carte-lettre affranchie avec un 50 c. rouge Semeuse lignée (perforé cette fois-ci), et assez pompeusement baptisée la "Lettre Touristique Mondiale" :


Elle était vendue à un prix attractif, 
permettant donc une économie de 25 centimes !



Là encore, le meilleur est à l'intérieur, sous la forme d'un dépliant
publicitaire recto-verso attaché à la carte lettre,
elle aussi recouverte d'annonces :




Ne me demandez pas pourquoi toutes ces annonces ne concernent
que des villes du Nord de la France, et principalement Valenciennes. 
Peut-être un nordiste venu créer son entreprise à Marseille ?
Bienvenue aux ch'tis !


Visiblement, il n'a pas pu s'acclimater, le ch'ti,
à notre soleil méditerranéen...
Son voisin de la rue Daumier en parlait ainsi à sa concierge :
"Peuchère ! il a dû prendre un coup de chaud sur le cabestron,
et à coup sûr il est mort, fada !"

Son entreprise en tout cas, n'a pas dû être bien florissante au vu de la rareté extrême de ces lettres aujourd'hui... On en connait bien un autre modèle d'une autre série, toujours illustré de publicités nordistes (deux exemplaires), et un autre oblitéré ayant servi, mais ça n'en fait pas bézef !


Si jamais vous en voyez passer, MERCI de me faire signe,
je les rapatrierais volontiers sur Marseille !...

Pour les spécialistes, la Semeuse en question est au type III, 
celui des roulettes rotatives, ce qui ne gâche rien à l'affaire :

Perforation LTM

Et voici un timbre détaché, qui m'a fait dire
que ces cartes-lettres datent de 1927 :
Mais je peux me tromper...
N'hésitez pas à me contredire !

Si par miracle, l'un d'entre vous parvenait à déchiffrer la ville de ce cachet,
je lui offrirais volontiers un Pastis en terrasse. Promis !



dimanche 10 mars 2019

Le poète était radin !



  On a beau s'appeler Guillaume Albert Vladimir Alexandre Apollinaire de Kostrowitzky et être plus célèbre sous le nom de Guillaume Apollinaire, habiter avec son épouse au numéro 202 du boulevard Saint Germain, un joli appartement avec une terrasse sympa donnant sur les toits de Paris, il n'empêche qu'en ces temps de guerre, un sou est un sou !

  Pour un écrivain, on imagine que les restrictions et les difficultés pour se fournir en papier de bonne qualité devaient être un vrai cauchemar de tous les jours ! Tout était bon pour ne pas gaspiller ce précieux outil de travail.

Alors, quoi de plus naturel que de recycler le courrier adressé par votre éditeur ?

  C'est la solution pratique et économique qui a été utilisée par le poète en mars 1918, ce qui nous permet de découvrir une banale Semeuse bleue collée sur une vilaine enveloppe, pourtant devenue une pièce de grande valeur aujourd'hui :
  
(en vente à Drouot le 3 avril prochain)

  On voit que l'enveloppe qu'il avait reçue provenant de Mercure de France lui a servi de support, même au recto, pour écrire par dessus son nom et son adresse. Pas la moindre place perdue !
Du coup, on a du mal à y déchiffrer son nom et son adresse :


  Mais ils vont être nombreux, un siècle plus tard, à se disputer ce manuscrit bientôt mis aux enchères, estimé 8000 euros !

  Comme quoi nul n'est besoin d'être philatéliste pour dépenser des fortunes en achetant une lettre affranchie avec une Semeuse !

*****

  J'ai cherché sur Google une citation qui aurait pu illustrer mon propos, venant de cet illustre Guillaume dont je connais assez peu l'oeuvre, mais hélas sans succès.
Je n'ai trouvé que celle-ci qui m'a bien plu malgré tout :

“Il vaut mieux être cocu qu'aveugle. Au moins, on voit les confrères.”