samedi 27 mars 2021
Comme promis...
mardi 23 mars 2021
Littéralement in-trou-va-ble !
Cette paire semble bien anodine, et pourtant, si vous saviez...
Commençons, si vous le voulez bien, par une analyse "scientifique", c'est à dire à l'aide des connaissances que tout amateur de timbres au type Semeuse se doit de posséder. Il s'agit bien entendu du numéro Yvert 140, connu pour avoir 7 types différents, un record !
Le large bord de feuille sur la gauche nous oriente vers une impression à plat, ce qui élimine déjà le type III B dont les marges sont étroites, et le IIIC qui n'en a aucune (roulettes).
On peut également pour la même raison écarter les 3 types des carnets I B, II et IV qui étaient formatés pour être insérés dans leurs couvertures.
Sans même s'intéresser au timbre lui-même, il ne nous reste plus que 2 possibilités qui sont les type I A et III A qui, seuls, peuvent avoir une telle marge.
La distinction est facile en regardant bien la base du 2 qui est ici fine et bien déliée : c'est un type IA, qui en pratique, est le plus courant.
Alors, pourquoi ai-je donc choisi ce titre aguicheur ?
Tout simplement parce que c'est une paire du 140 au type IA
que vous ne risquez pas de rencontrer de sitôt...
Le timbre du haut présente une variété de case constante : le coude gauche de la Semeuse est représenté par des hachures en forme de parenthèse, au lieu d'être alignées.
C'est à la case 41 de chaque galvano de 50 de toutes les feuilles au type IA que l'on trouve cette particularité. Sur seulement trois timbres par feuille de 150.
mardi 2 mars 2021
Verts !
En 1913, un photographe de presse avait été admis au sein de l'atelier de fabrication des timbres-poste du 113 boulevard Brune à Paris, et nous a laissé un magnifique reportage témoignant des machines et du personnel qui donnaient naissance à notre chère Semeuse.
Je vous avais montré ces images merveilleuses aux yeux de tout philatéliste il y a quelques années, mais l'auteur d'un article paru ce mois-ci dans Delcampe Magazine nous a aimablement fourni l'image suivante, de bien meilleure qualité.
On y voit de nombreuses femmes au travail, alignées le long d'un bureau situé à l'étage, en train de trier et comptabiliser des tas de feuilles tout juste imprimées. L'éclairage naturel vient de la verrière du toit alors que les machines sont juste en-dessous, au rez-de-chaussée :
Au premier plan, même si le crane d'une dame nous en masque une partie, on peut voir des liasses entières de feuilles, et on reconnait bien celles destinées à la fabrication des carnets :
Pour l'impression des feuilles de ce format spécial pour carnets, il a suffi de supprimer trois rangées sur les planches imprimant les feuilles de 300 que je vous ai montrées dans mon article précédent.
Par ailleurs, on remarque l'absence des millésimes, devenus obsolètes puisque c'est à leurs emplacements que vont se positionner les agrafes. Les bandes de couleur imprimées entre les panneaux de 50 ont également été supprimées puisque c'est à cet endroit que la découpe sera effectuée. Rappelons que leur raison d'être était d'éviter que des gens mal intentionnés puissent se servir de "timbres" qui seraient restés vierges de toute impression, dentelés et gommés, pour fabriquer des faux.
Mais les connaisseurs sachant qu'à cette époque l'on imprimait aussi bien des carnets de 40 timbres à 5 c. que des carnets de 20 timbres à 10 c. (tous vendus ensuite 2 francs) doivent penser que sans la couleur il sera hélas à jamais impossible de trancher...
Et bien, non ! C'était sans compter sur le talent du photographe, sans la sensibilité de sa pellicule, sans la perfection de son objectif, et sans la technique d'aujourd'hui !
L'informatique nous a facilement permis de faire un agrandissement important de l'image, et de remettre notre Semeuse la tête en l'air :
Bien entendu, aucune de ces feuilles ne devait échapper au découpage ni jamais sortir de l'atelier, et le comptage était aussi rigoureux que les contrôles. On ne plaisantait pas avec ça ! Les timbres-poste ayant toujours fait partie des valeurs fiduciaires.
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Deux feuilles de ce timbre ont cependant réussi à se faufiler entre les mailles du filet (ce sont les deux seules connues), et sont devenues aujourd'hui des pièces de musée : une dentelée + une non dentelée.
Mais cette dernière a fini sous la guillotine, séparée en deux blocs de 60, ce qui fait de la suivante une pièce unique que je vous laisse apprécier :
Peut-être même s'agit-il d'une de celles photographiées en 1913, qui sait ?
Elle est en effet restée très longtemps dans la collection d'un notaire parisien de l'époque, célèbre collectionneur dont la notoriété lui avait peut-être permis de visiter lui aussi l'atelier, et pourquoi pas de se procurer sur place ces feuilles exceptionnelles !
Au passage, il en avait également pris deux du 10 c. rouge, dont la destinée fut la même : une non dentelée qui a été coupée en deux + une autre dentelée restée intacte, et tout aussi merveilleuse que la verte.
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Vous remarquerez que cette présentation permet d'obtenir (si l'on est malveillant) 50 "timbres" vierges et tout prêts pour de putatives falsifications.
Raison pour laquelle il ne fallait absolument JAMAIS que ces feuilles puissent sortir telles quelles de l'atelier, ce qui confirme leur caractère tout à fait exceptionnel !