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mardi 4 août 2020

A la guerre comme à la guerre !


  Il est vrai que ce n'est pas une date dont on aime se souvenir, et vrai également que les rares survivants (s'il en reste) ont probablement de gros trous de mémoire à présent, mais tout de même !...

Je n'ai pas trop entendu parler dans les médias en ce début août de l'anniversaire de l'entrée en guerre de notre pays : 106 ans, c'est vrai qu'on pourrait l'oublier...

  La généralisation de la crise majeure qui a suivi en Europe puis dans le monde entier, a laissé des traces indélébiles dans l'histoire et dans l'esprit de tous les Français.

Lequel d'entre nous n'a pas perdu un ancêtre au cours de ces années de conflit, ou n'a pas entendu un de ses grand-parents raconter les difficultés de la vie qu'ils ont dû surmonter ?

La COVID, en comparaison, c'est de la roupie de sansonnet !

  Concernant l'économie de notre pays, j'imagine que les dirigeants de l'époque ont bien dû se creuser la cervelle, au moins autant que ceux de nos jours, pour trouver des solutions à la crise...

  En fouillant dans les archives familiales, dans les tiroirs des meubles les plus anciens, il est facile de tomber sur des tas de vieux papiers sans plus aucune valeur, mais que personne n'a jamais osé jeter.
Et parmi ces papiers : souvent de vieilles actions en bourse, des bons du trésor, des courriers ou des cartes postales, presque toujours affranchis avec les plus courantes de nos chères Semeuses.

Les belles trouvailles y sont rares, mais cela vaut le coup d'y jeter un œil, et les souvenirs qui les accompagnent sont toujours émouvants !

*****

  Je tenais aujourd'hui à vous montrer un document de 1918 qui réunit timbres et effort de guerre. Et qui n'est vraiment pas courant. Peut-être est il resté enfoui dans une commode depuis un siècle, qui sait ?

Voyons tout d'abord à quoi ressemblait un de ces fameux "bon du trésor" apparus au début le la guerre :


Pour que les citoyens adhèrent au principe des émissions de bons du trésor, appelé « bons de la défense nationale », il fallait leur offrir des conditions d’une grande simplicité, que tout le monde puisse comprendre. Les bons seront affranchis de tout formalisme quant à leur délivrance et leur remboursement. Les souscripteurs seront dispensés de se faire connaître, et pourront bénéficier des guichets des agents des finances, mais aussi ceux de tous les bureaux de poste. Le gouvernement organisera des campagnes de publicité qui en feront la promotion durant tout le conflit.

  C'est là que notre Semeuse entre en scène !

  Afin de permettre aux petits épargnants (ceux dont les moyens sont les plus modestes) de participer à l'effort de la nation, et ainsi profiter de quelques sous intérêts, des Cartes d'économies ont été émises en 1918 :


Au fur et à mesure, l'épargnant pouvait y coller à son rythme à lui, des timbres-poste pour un total maximum de 5 francs.


Celle-ci n'a visiblement pas pu être complétée par son propriétaire 
qui s'est arrêté au bout d'un franc cinquante.

  Sinon, le but était de l'échanger une fois complète, et dans un bureau de poste, contre un bon de la défense qui vaudrait 5 francs vingt-cinq ! Bénéfice net : la valeur d'une Semeuse à 25 centimes, soit juste de quoi affranchir une lettre pour l'étranger !
Pas de quoi rêver, mais c'est toujours ça...

  D'ailleurs, j'en avais vu passer une autre de ces cartes dans une vente publique il y a longtemps, qui serait la seule connue complète et oblitérée :


Cette fois-ci, le compte est bon : 5 francs tout rond !

Elle a bien été échangée le 19 septembre 1919 au bureau de poste parisien de la rue Le Pelletier, contre un bon semblable à celui figurant ci-dessus. 
Mais les timbres n'ont été annulés que bien plus tard, le 15 février 1921, par le cachet des P&T de la Seine. Est-ce que le nom et l'adresse manuscrits étaient ceux du propriétaire ? Peut-être ?

   Bref, il faut croire que ces cartes n'ont pas eu beaucoup de succès, probablement en raison de l'inflation galopante qui rendait un peu ridicules les 5% d'intérêts promis, alors qu'ils nous feraient pourtant rêver aujourd'hui !

 Elles faisaient encore parler d'elles bien après la fin de la guerre, dans le Journal Officiel du 23 mars 1920 :



*****

    Ces cartes sont à rapprocher des Bulletins d'épargne, plus courants et mieux connus, mais basés sur le même principe d'utiliser des timbres pour économiser. 


Et c'est encore notre Semeuse qui s'y collait !


Eux aussi sont rares avec leurs timbres oblitérés, 
souvent annulés à l'aide d'une griffe répétitive
 "SEINE / SEINE / SEINE / SEINE "
car eux non plus n'étaient pas des documents destinés à être conservés, 
ni détenus par le public après leur utilisation.