Carnet des grands magasins du Louvre
Même si ce très joli carnet, qui est devenu au fil du temps une vedette incontestable pour tous les carnétistes, presque une chimère, est à présent fort bien connu et répertorié, peu de collectionneurs l’ont réellement vu de leurs yeux vu. Et peut-être ne l’ont-ils pas assez bien regardé, aussi étonnant que cela puisse paraître...
Je lance d’ailleurs aujourd’hui un appel à ceux d’entre vous qui ont eu cette chance.
Pourquoi ?
Parce que je me suis aperçu très récemment qu’il existait vraisemblablement deux modèles différents de ce rare carnet. Et personne jusqu’à ce jour ne s’en était inquiété !
Il est vrai que peu d’amateurs sont sérieusement concernés, que la documentation sur le sujet n’est pas très riche en photos de cet oiseau rare et insaisissable… Les ventes publiques non plus ne nous sont pas utiles : à ma connaissance, trois exemplaires seulement sont venus sur le marché depuis une trentaine d’année, dont un incomplet. Ajoutons que leurs heureux propriétaires ne les montrent pas toujours volontiers au premier venu, ce que l’on peut aisément comprendre.
Le récent et magnifique ouvrage spécialisé sur les carnets, paru chez Yvert et Tellier et fruit du travail de nos amis Lucien Coutan et Patrick Reynaud, nous a en tout cas déjà permis d’en approcher la date de naissance : une chose est sûre, l’impression a eu lieu en novembre 1924, probablement le mardi 18 pour être tout à fait précis.
Carnet bas de feuille de 10 timbres - 140 C14
Date d’impression apparente. La découpe de ce bas de feuille ne nous laisse pas en deviner davantage, hélas.
Les plus observateurs auront certainement eu l’occasion de remarquer que les « pubs » de ce carnet de 10 timbres sont en tous points semblables à celles figurant sur le panneau DE GAUCHE des carnets de 20 timbres, et non à celles du panneau de droite, ce qui est déjà assez curieux en soi !
Le mystère persiste…
Le bon à tirer conservé au musée postal, correspond en effet au niveau des pubs, à ce que nous connaissions sur le carnet émis :
De plus, une note manuscrite « Novembre 1924 » y est visible, alors que le bon à tirer du carnet de 20 timbres porte lui la note « Novembre / Décembre 1924 », laissant penser que l’impression de ce dernier carnet est postérieure, mais rien n’est moins sûr...
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Carnet de 20 timbres – 140 C13
Tous les carnets de 20 comportent ces mêmes publicités au niveau de leur panneau de gauche (semblables à celles du carnet de 10 timbres)
Cette différence dans les pubs de leurs panneaux de gauche et de droite permettait d’ailleurs jusqu’à présent d’identifier certains isolés comme étant issus de l’un plutôt que de l’autre de ces carnets. Le premier étant, on l’a compris, bien plus rare que le second, ceci a son importance. Surtout lorsque, comme c’est mon cas, l’on se contenterait volontiers d’un simple isolé, à défaut de pouvoir s’offrir le carnet de 10 !
L’ouvrage du Docteur Braun décrivait très bien en son temps les différences repérables entre les différentes pubs des différentes cases.
Le cas des timbres des cases 5 et 10 de ce fameux carnet de 10, avec leur coin de feuille dont la dentelure s’interrompt dans la marge, leur permet de ne pas pouvoir être confondus avec aucun des timbres issus des carnets de 20 timbres.
Les illustrations ci-dessous seront plus parlantes :
Cases 5 et 10 du carnet de 10 (avec le BDF de droite)
Cases 5 et 15 du carnet de 20
(avec l’inter-panneau dentelé)
Si vous trouvez un jour un timbre de ces cases 5 ou 10, ou alors un bloc, ou même un carnet entier, je suis preneur, vous l’aurez compris !
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Connaissant à présent comme moi cette particularité, vous verrez d’un autre œil les deux panneaux de droite mis en vente récemment : un seul est vraiment rarissime.
Vous le reconnaissez ?
Carnet de 10
Carnet de 20
Il est vrai que la différence saute aux yeux, surtout lorsqu’ils sont cote à cote.
Le premier s’est-il mieux vendu que le second, pour un même prix de départ ? Et bien non ! Exactement le même prix, à l'euro près !!
Le vendeur décrivait même le second comme étant plus rare, du fait d’une impression floue, qui est en réalité très courante pour ce timbre !
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Mais ce n’est pas tout : nouveau rebondissement dans cette affaire ces derniers jours !
Surprise : en fouillant dans mes archives, ne voilà t’il pas que je retrouve une vieille photo d’un autre carnet de 10 ?
Et figurez-vous que celui-ci (et lui seul) ne comporte pas les pubs que nous connaissions, mais bel et bien celles semblables au panneau DE DROITE du carnet de 20 !!!
Seul carnet connu à ce jour avec ce type de publicités
( ni bas ni haut de feuille, et perdu de vue depuis 1970 )
Ce que l’on croyait jusqu’à ce jour est à priori faux : il semble donc exister non pas un, mais deux modèles différents de pubs pour encadrer les timbres de cet illustre carnet !
C’est à la recherche de ce dernier type de carnet que je vous demande de participer.
Constatons que la description faite un peu plus haut au sujet des cases 5 et 10 n’est ici plus valable, mais elle le reste pour les carnets de 10 timbres « classiques ».
Et, enfin, comme me l’a si bien fait remarquer un ami, amateur éclairé :
« Tant pis pour toi ! A présent il ne te manque pas un, mais deux carnets de 10 du Louvre !..»
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Nous avons déjà vu plus haut que cette découverte ne pouvait en aucun cas concerner le bas de feuille, ce que viennent confirmer les deux carnets suivants :
2ème carnet bas de feuille (perdu de vue depuis 1987)
3ème carnet bas de feuille (vu en couverture de l’ouvrage de Mr Teissier)
Il ne peut pas s’agir non plus du haut de la feuille, puisque le suivant est lui aussi au « type classique » :
Seul carnet haut de feuille connu à ce jour ( BDF supérieur non dentelé )
Cela ne concerne pas non plus TOUS les carnets intermédiaires de la planche (qui sont au nombre de quatre puisque la planche imprimait 6 carnets), car ce dernier exemple, au type « classique » n’est ni un bas, ni un haut de feuille :
Dernier carnet, hélas toujours retenu en otage par son propriétaire !
Tout ceci explique certainement que personne ne se soit aperçu de cela depuis 85 ans !
A moins qu’il ne s’agisse d’un inexplicable photomontage de l’époque,
car il est vrai que je n’ai jamais pu voir le carnet en question moi-même.
Peut-être que l’un de nos lecteurs pourra nous en dire plus ?...
Je ne vous cache pas mon plaisir de faire partager ma chance d’avoir pu admirer de près ou de loin ces carnets, virtuellement réunis ici pour la première fois : ce sont, à mon avis, les 6 seuls carnets de 10 timbres connus. Sauf si l’un d’entre vous en cache un… Et j’adresse bien entendu un immense MERCI aux heureux propriétaires pour leur aide si précieuse !