Tout en restant modeste comme il se doit, je pense que ce scoop là est assez intéressant, et je suis assez fier de vous le révéler ici ! Et j'attends vos commentaires avec impatience (cliquez au bas de cet article).
Ce n'est pas tous les jours que l'on découvre quelque chose de neuf concernant les Semeuses. Je ne me souviens même pas de quand date la dernière vraie révélation, ni à qui on la doit. Probablement à Monsieur Pierre De Lizeray, grand connaisseur qui les a si bien étudié, et dont les publications font encore référence aujourd'hui.
Comme souvent, il s'agit d'un timbre courant : la Semeuse à 15 c. brun-lilas YT n°189. Ce timbre a eu une longue durée d'utilisation et a été imprimé sous la forme de feuilles, de carnets, d'entiers postaux et de roulettes. La seule véritable rareté qu'on lui connaisse est son préoblitéré YT n°53 en bande de 11 pour roulettes (11 timbres sont nécessaires pour prouver qu'une bande verticale n'a pas pu être découpée dans une feuille, puisque ces dernières de 100 timbres ne pouvaient donner au maximum que des bandes de 10). C'est une de roulettes les plus rares, une quinzaine de connues peut-être ?
D'ailleurs, certains se sont efforcé de trouver de minuscules détails permettant de reconnaître les timbres issus de ces roulettes rotatives, mais sans jamais y parvenir : impossible de les identifier pris isolément, ils ressemblent trop à ceux des feuilles au type I.
Car ce timbre est connu et répertorié avec 2 types faciles à distinguer :
-le type I pour les carnets, les roulettes et les premières feuilles rotatives de 1925 à 1936
-le type II pour les dernières feuilles rotatives de 1935 à 1938, un peu moins courant donc
Là où cela a commencé à me chiffonner, et vous commencez à me connaître comme passionné des coins datés et des carnets, c'est que les feuilles (et les roulettes) n'ont été imprimées qu'en rotatif, alors que les carnets datant pourtant de 1929 (nous y reviendrons) l'ont été à plat.
Il est impossible techniquement que le même matériel ait pu être utilisé pour ces deux présentations. Pas plus que pour les roulettes d'ailleurs, dont le type n'a jamais pu être caractérisé.
C'est en tombant sur un vieux courrier, échangé entre deux philatélistes de l'époque que ce fait que je connaissais a soudain provoqué un déclic : on devrait en théorie pouvoir différencier les timbres des carnets de ceux des feuilles au type I !
Mais alors, pourquoi personne ne s'y est jamais essayé ? Il est vrai que ces carnets dont le tirage a été assez faible sont un peu les malaimés des collectionneurs, et qu'ils ne sont pas rares du tout de nos jours, car les philatélistes de l'époque les avaient repérés et mis de côté. Peut-être les a t'on négligé à tort, en oubliant de les regarder de plus près ?
Me voilà donc à glisser dans mon scanner un carnet et un coin daté, pour en obtenir des images en haute définition. Puis à placer côte à côte les images d'un timbre de chaque. Voici le résultat :
Que ceux que cela intéresse fassent comme moi,
et ne se gênent surtout pas pour me faire part de leurs conclusions !
Pour ma part, je pense que l'on peut dorénavant parler d'un type IA pour les carnets, et d'un type IB pour les feuilles, que l'on peut parfaitement ainsi distinguer.
De plus, cette distinction présente tout de même un certain intérêt, même pour les philatélistes non spécialistes : les timbres issus des carnets sont infiniment plus rares que ceux des feuilles.
Quelques milliers de carnets contre des centaines de milliers de feuilles de 100 !
Notons que les oblitérés issus de carnets sont encore plus rares que les neufs, puisque ces carnets ont souvent été conservés intacts. Ou bien collectionnés sous forme de publicitimbres.
Mais, dès à présent, vous n'avez plus besoin de les chercher avec leurs bandelettes publicitaires !
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Voici, pour finir, un extrait du courrier du 7 février 1929 qui m'a en réalité mis sur la piste :