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lundi 2 août 2021

Ils sont forts ces Américains !

 

  Depuis que le web existe, je reconnais que je passe beaucoup de mon temps libre à farfouiller un peu partout dans ses méandres, et j'y trouve souvent des informations ou des documents originaux et instructifs, sans parler des timbres eux-mêmes, pour approfondir mes connaissances.

Concernant le matériel et les méthodes de fabrication de nos objets de collection préférés, je suis toujours étonné de la précision des textes de l'époque que l'on peut ainsi facilement se procurer de nos jours. Les descriptions y sont remarquables.

Bien évidemment, il n'en est pas de même des images dont la diffusion était bien plus restreinte, et dont la qualité laisse parfois à désirer. Même avec beaucoup d'efforts, je n'ai toujours pas réussi à visualiser parfaitement comment se faisait l'impression elle-même, c'est à dire comment une gravure + de l'encre + du papier aboutissaient à une feuille de timbres...

  Hier, en raison du mistral qui m'avait fait renoncer à mon bain de mer quotidien, je suis tombé sur une image de piètre qualité mais que je ne connaissais pas, laissant deviner certaines des étapes de la fabrication des timbres en 1909 !


  Heureusement, après un simple clic, j'avais la source d'où celle-ci avait été extraite : une revue existant d'ailleurs encore de nos jours, le "Scientific American", du 29 mai 1909.

Google me met alors directement en relation avec le site de cette revue, un site admirable contenant les archives numérisées de tous les numéros parus, avec leurs tables des matières.

Le plus beau, c'est qu'avec un peu de patience, j'ai pu remonter jusqu'au numéro en question, datant de plus d'un siècle. En cliquant sur le lien, on me propose même d'en acquérir la version téléchargeable pour la modique somme de 8 dollars. Une affaire !

Je clique, je paye, et HOP ! la revue est dans mon ordinateur et je la feuillette : c'est magique !

  On y trouve des articles très variés, plus ou moins scientifiques sur beaucoup de sujets. Le texte de celui qui nous intéresse est très précis, mais ne nous apprend pas grand chose sur le plan technique que nous ne sachions pas déjà. 

En revanche, on peut y lire que 2 700 000 000 timbres sont sortis de l'atelier  en 1907

dont 1 500 000 000 à 10 c.  

+ 50 000 000 de timbres pour les colonies,

+ 20 000 000 cartes postales + 45 000 000 carte lettres + les pneumatiques et les mandats.

Et que le salaire journalier y était de 2 francs pour les enfants, contre 3,25 à 5,25 francs pour les femmes, et 10 francs pour les hommes. Vive l'égalité des sexes !


Ainsi le timbre français avait un coût de revient de 20 centimes le mille, ce qui fait dire à l'auteur que celui à 10 c. est vendu 500 fois ce qu'il coûte !

  En revanche, les photos sont magnifiques !

On voit que les enfants étaient encadrés par des adultes auprès des machines, ici à l'entrée des feuilles dans la machine à gommer :


Et qu'ils se débrouillaient très bien tout seuls à l'autre extrémité de la machine, pour les récupérer une fois sèches, et les empiler soigneusement :

Admirez toutes ces feuilles de 300 qui défilent sur le séchoir !

En revanche, il n'y a que des hommes autour des machines à perforer :


Les femmes, nous l'avons déjà vu, étaient pour leur part occupées à l'étage au-dessus à trier, compter, et vérifier le tirage.

  Mais là ou je trouve que j'en ai eu pour mes 8 dollars, c'est avec cette dernière image, montrant les graveurs en plein ouvrage, avec leurs loupes et leurs outils. Du jamais vu !


  Celui de gauche s'occupe manifestement d'une partie d'un cylindre. Matériel probablement destiné à la machine que voici, destinée à l'impression des mandats postaux :


En effet, les presses rotatives pour les timbres n'existaient pas encore. Et leurs cylindres seront d'un diamètre bien plus petit.

  Tandis que celui de droite rectifie un galvano de 50 destiné à l'impression à plat, peut-être après l'avoir nettoyé avec la brosse posée devant lui à côté d'un autre galvano de 50, ou bien découpé avec la scie à chantourner accrochée au mur derrière :

C'est beau de voir ça !

  Personnellement, je lui trouve un bon air de ressemblance avec Louis-Eugène Mouchon, le graveur de l'atelier l'époque, qui avait 66 ans en 1909. Ce serait extraordinaire, non, si c'était lui ?

En voici un portrait, plus jeune, pour comparer :


Qu'en pensez vous ?