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lundi 26 avril 2021

Tout est bien qui finit bien !

 

 Je vous avais conté ma mésaventure en septembre 2016 concernant une fameuse "Lettre à 5 centimes" qui s'était égarée, mais je ne l'avais pas complètement digérée. On peut même dire qu'elle me restait un peu en travers !

Certes elle avait un peu souffert lors de son ouverture en 1912, et ne présentait plus très bien. Certes j'en avais trouvé une plus belle depuis dont j'aurais pu me contenter. Mais le simple fait qu'elle m'ait été attribuée pour finalement ne jamais la recevoir m'avait mis en rogne. 

Je ne désespérais pourtant pas de la recroiser un jour car, en tout et pour tout, on n'en connait que 3 exemplaires de cette édition numéro 1, et elle ne manquerait pas de réapparaître un jour ou l'autre dans une vente ici ou là.

  Et c'est ce qui est arrivé tout récemment !

Du coup, je peux enfin vous la faire voir correctement :

Comme les 2 autres connues, elle a été adressée à l'illustre maison Maury
(par le même expéditeur, un certain Henri Manaut 
de Toulouse, qui leur commandait des timbres)

Le magasin était situé presque en face du passage des panoramas



Hélas, la partie réservée à la correspondance n'a pas été conservée !


Ne restent que les publicités qui ont gardé tout leur charme !


  Vous aurez compris que c'est l'enveloppe dite "à trou" qui a été malmenée. Un peu déchirée dans le coin rendu si fragile par l'ouverture permettant au timbre d'être vu et oblitéré. 
Partie le 6 juillet 1912 de Toulouse - Arnaud Bernard, elle est arrivée le lendemain à Paris.

  C'est en effet en Haute Garonne que Mr Estoup avait eu cette idée originale de commercialiser à moitié prix une lettre porteuse de multiples annonces commerciales régionales. Idée ayant certainement séduit les célèbres philatélistes de chez Maury, qui ont bien pris soin de conserver celles qu'ils recevaient. 
Les 2 autres connues sont oblitérées des 9 et 12 juin de la même année. 
Et on n'en a jamais vu d'autre depuis !

  Pour 5 centimes, on avait droit en prime dans une pochette, à un buvard grand format et à un porte-plume avec plume, en plus de la lettre que l'on pouvait bien entendu utiliser à sa guise pour son courrier. C'était une bonne affaire !



Les publicités pouvaient ainsi toucher leurs cibles dans toute le France !

Si vous regardez bien, vous verrez que le timbre a été perforé verticalement (avant d'être collé sur la lettre) afin d'éviter qu'il ne soit utilisé ailleurs que sur cette lettre publicitaire :
Voici la rarissime perforation en question : LTRE5CMES


  Mais tout ceci a un petit goût de déjà vu pour ceux qui me lisent régulièrement. 

Alors, j'en profite pour vous dévoiler pour la toute première fois le buvard, dont j'ai réussi à dénicher une image sur internet, et qui accompagnait cette édition N°1 :

Pour ceux qui ont de la mémoire, il diffère de celui de l'édition N°2 
que je vous ai déjà montré

P.S. si jamais son propriétaire voulait bien s'en défaire 
et me contacter, je serais un homme heureux


  Voici un 4ème et dernier exemplaire connu (sans son enveloppe), dont la perforation a la particularité d'avoir été apposée à l'envers : du jamais vu non plus !



  Et on connait même un petit malin qui a récupéré et décollé le timbre de son support (même s'il était perforé), afin de s'en servir sur son courrier personnel. Ce qui était pourtant "passible de poursuites judiciaires" :

Le seul connu sur lettre privée, en date du 27 juillet 1912


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  Par la même occasion, voici la perforation de l'édition N°2 (un peu moins rare) cette fois-ci apposée horizontalement et à cheval, une fois le timbre collé sur la lettre (il en est de même pour l'édition N°3) :


Ouvrez l'œil, on ne sait jamais, vous pourriez tomber sur un de ces timbres 
dont la perforation n'est pas très lisible, et ne pas l'identifier !

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  En fouillant sur Gallica dans les archives du quotidien "La Dépêche" de Toulouse, j'ai réussi à retrouver les annonces avertissant ses lecteurs de la mise en vente des 3 différentes éditions successives :

Journal du 4 mai 1912
La première édition était vendue dans les bureaux de tabac.


Journal du 23 janvier 1913

La N°2 et la N°3 ont été vendues dans les locaux du journal.

Journal du 12 août 1913


   Les dates sont bien concordantes : 
- un exemplaire de l'édition N°2 est oblitéré à Toulouse du 6 février 1913, 
- et celui de l'édition N°3 porte un cachet d'arrivée dans le Lot du 25 août 1913.

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    Monsieur Arthur Maury décédé en 1907, n'a pas eu hélas l'occasion de s'émerveiller devant l'ingéniosité des publicitaires à l'origine de cette Lettre à 5 centimes. 

Toujours est-il que ses employés du 6 boulevard Montmartre n'avaient pas l'air de rigoler tous les jours :

Mais ceci a bien dû les amuser un peu, j'espère...





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