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jeudi 25 décembre 2025

Marseille, c'est bô !

 


  Surtout vu de là ! Si vous ne connaissez pas : ça vaut le coup d'y monter, je vous assure. La cathédrale qui nous protège, notre bonne mère, jouit de la meilleure vue qui soit, et sans utiliser de jumelles, vous ne verrez pas les vilains cotés de la ville, ni les cons qui la peuplent. Mais y'en a !

Les marins et les pêcheurs, depuis toujours viennent s'y recueillir, allumer un cierge, ou apporter une offrande pour s'assurer la protection de Marie, ou pour la remercier. Vous y verrez quantité d'ex-voto sous la forme de maquettes de bateaux, étonnamment suspendues sous les voutes. La Méditerranée a souvent pris hélas la vie de navigateurs marseillais, et leurs familles restent très attachées à ces traditions.

  En 1909, un tragique accident a été évité de justesse : une collision survint entre deux navires, l'un arrivant d'Algérie, et l'autre quittant le port, juste devant ces magnifiques îles du Frioul qui en furent le témoin. 

La plus petite au premier plan et au curieux nom d'If, était devenue célèbre bien auparavant grâce à Alexandre Dumas, son Edmond Dantès comte de Monte Cristo, et à son château vieux de plusieurs siècles, dû à François 1er qui avait compris que sa position stratégique était primordiale pour la défense de la ville.


    Voici ce qui s'est déroulé dans la nuit du 27 février, relaté dans la presse dès le lendemain (cliquez S.V.P. sur l'image) :


R.I.P. Monsieur Azoulay


       Voici le départ d'un précédent voyage vers Alger, devant l'autre cathédrale, dite La Major


Le choc fut violent et les dégâts sérieux, mais comme vous l'avez lu, le capitaine a su mener son navire jusque dans le bassin de la Joliette où il s'est échoué, pratiquement au même endroit que sur cette photo. Toute la ville en sera émue, même si l'on ne déplora qu'une seule victime. 

C'est tout de même un sacré manque de chance que d'avoir survécu au choc pour finalement se noyer une fois arrivé à bon port, et dans quelques mètres d'eau !

 Juste là :

 

Vous retrouvez La Major, juste en face du lieu de l'échouement, photographié ici lors du renflouement. Le bassin n'étant pas profond.


Alors que l'autre navire flottait toujours, lui :

   Comme lors d'un accrochage en voiture de nos jours, aucun des deux capitaines ne voulut reconnaître le moindre tort, oubliant le principe de base qui dit que si tout le monde avait tout bien fait comme il faut, il ne se seraient jamais croisés d'aussi près !

Rendons hommage à ce jeune François Vincenzi !

Et au capitaine Cazalis :

(je n'ai pas retrouvé la version de l'autre capitaine)

En revanche voici les lieux du drame, en couleurs, et de nos jours :


Mais toujours pas la moindre Semeuse, me direz vous !

En voici déjà 2, simples témoins de la sortie de l'eau du bateau sinistré :


  Entre temps, dans les heures qui ont immédiatement suivi le naufrage, vous avez pu lire dans le premier article de presse que les scaphandriers ont non seulement découvert le corps du malchanceux noyé, mais qu'ils ont aussi pu récupérer les sacs de courriers embarqués à Alger le 26 février.

  C'est donc là que je voulais en venir, vous l'avez deviné. 
De nombreuses correspondances ont été englouties, et même si cela n'a duré que quelques heures, certaines ont été perdues et d'autres heureusement sauvées, plus ou moins endommagées comme vous pouvez l'imaginer.

On ignore la quantité de lettres inondées que La Poste a ensuite pu acheminer, mais elles ont toutes logiquement séduit les philatélistes, et on en voit régulièrement passer en vente de nos jours.

  Pour expliquer l'état de certaines qui avaient perdu leurs timbres décollés, ou qui étaient vraiment peu présentables, plusieurs griffes furent utilisées pour apposer à l'encre, sur deux lignes, avec ou sans guillemets : NAUFRAGE DE LA VILLE D'ALGER. Je vous laisse les découvrir.


(Gaston Tournier - Annales des Postes Télégraphes et Téléphones -1932)

Voici la lettre qui est à l'origine de mon article de Noël :

Avec ma Semeuse préférée bien accrochée.

Partie de Rouïba puis Alger le 25 février, submergée dans la nuit du 27, puis repéchée le 28 à la Joliette

Et arrivée malgré tout à Paris le 2 mars !

Puis revenue à Marseille dans ma collection.

Un courrier recommandé (on n'en voit pas si souvent que ça) au recto duquel on devine la trace d'un timbre décollé et perdu, là ou figure précisément la griffe. Ce fut certainement une Semeuse à 10 c. rouge, qui venait compléter le tarif à 35 c. et qui est depuis portée disparue au fond du bassin de la Joliette. Une deuxième victime : R.I.P. mon cher 138 !

Adressé à Mr Gerbaulet qui vendait et réparait visiblement des bébés auxquels il mettait des perruques :


C'était un beau pays aussi, la France de 1909 !



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