L'impression des carnets de timbres, comme celle des feuilles, a dans un premier temps été réalisée en typographie à plat, avant d'être modernisée avec le passage à la typographie rotative. Il y eut bien évidemment une période de transition, mais celle-ci fut particulièrement longue pour les carnets.
Les deux modes de fabrication ont en effet coexisté à l'atelier de fabrication des timbres-poste à partir de la fin 1928, jusqu'au début 1931 ! Il est fort probable que la décision qui avait été prise plusieurs années auparavant de confier à un imprimeur privé (Carlos Courmont) la fabrication de couvertures publicitaires en soit une des raisons.
Et c'était notre Semeuse qui régnait alors dans les carnets : la rouge à 50 c. avec son fond ligné.
Ces couvertures étaient également imprimées à plat jusqu'à ce que l'on décide de passer aux rotatives, que le matériel soit choisi, essayé, acquis, rodé, puis adopté, et que le personnel soit formé, aussi bien par l'atelier que par Courmont.
C'est grâce à l'heureuse initiative de ce dernier consistant à numéroter chronologiquement ses couvertures que nous avons pu facilement suivre cette évolution vers la modernité.
Les carnets imprimés à plat ont des couvertures identifiées de la série 1 à la série 221.
Les premiers carnets rotatifs commençant avec la série 161.
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Vous savez que je me passionne pour les dates d'impression de la Semeuse, et l'étude de celles des carnets est des plus intéressantes.
Nous les répertorions depuis de nombreuses années, avec Lucien Coutan et plusieurs autres membres de l'A.C.C.P. Lorsque nous avons la chance de trouver un carnet dans sa couverture d'origine, portant dans sa marge inférieure le jour et le mois d'impression, nous sommes les plus heureux, surtout s'il s'agit d'une date que nous ne connaissions pas.
Rappel : un carnet sur 6 seulement, situé au bas de la feuille d'impression de 120 timbres, peut laisser apercevoir cette date, à la condition que la découpe de la marge inférieure soit suffisamment large.
Moins d'un carnet sur 6 peut donc nous être utile.
Mais malgré tout, nous avons à ce jour pu répertorier environ 420 dates !
N'hésitez pas à nous communiquer celles que vous pourriez croiser.
Récemment, je me suis fait un petit plaisir en achetant ce joli carnet YT 199 C41 :
Sa couverture est précisément de la série 221, la dernière imprimée à plat :
Et il s'agit bien d'un carnet bas de feuille, avec la date du 20 mars, la toute dernière connue :
Le O servait à identifier l'ouvrier responsable, et le 31 la presse utilisée.
Si vous croyez aux heureuses coïncidences, vous pourrez apprécier le fait que ce carnet a justement été imprimé le 20 mars de l'année 1931 !
Mais, personnellement, je n'y crois pas...
Il a bien été imprimé ce jour-là, il n'y a aucun doute là-dessus, car son numéro de série nous le confirme : on connait plusieurs carnets de la série 217, imprimés à la fin décembre 1930. C'est donc tout à fait logique.
En revanche, ce que l'on sait aussi, c'est que presque TOUS les carnets depuis avril 1926, et jusqu'à cette fin de l'impression à plat ont toujours été imprimés sur la presse 30 (à part quelques carnets dits privés), et non pas sur la 31 !
On a recensé plus de 280 jours d'impression des carnets avec cette presse 30, c'est donc bien que l'atelier l'avait réservée à cet usage si particulier.
Il est impensable que l'on ait changé de presse seulement pour ce dernier jour.
A mon avis, le fameux "O" qui était responsable ce vendredi-là de la presse imprimant les carnets pour la toute dernière fois de sa longue carrière, n'a pu s'empêcher de nous faire un clin d'œil sympathique en faisant figurer ce 31 sur la droite, comme s'il s'agissait d'une date complète.
Un petit plaisir qu'il s'est offert, et que personne ne pourrait lui reprocher !
A moins qu'il ne s'agisse d'un lapsus significatif de sa part...
Toujours est-il que je trouve cette anecdote amusante !
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