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jeudi 21 avril 2022

Un hydravion, ça flotte, ça vole, ça tombe et ça coule !

 

  C'est certainement la nature qui a inspiré celui qui a eu un jour l'idée de fabriquer un hydravion : si les canards en sont capables, pourquoi pas l'homme ?

Wikipédia nous apprend qu'il y a plus d'un siècle, un français réussit à imiter l'animal :

L’hydravion Canard est le nom du premier hydravion à avoir volé. Le 28 mars 1910, en France, près de Martigues (Bouches-du-Rhône), au bord de l'étang de Berre, face au village de la Mède, Henri Fabre fit décoller son hydravion reposant sur trois flotteurs devant un public nombreux. L'appareil parcourut 800 mètres au-dessus de l'étang et se posa sur l'eau : le premier hydravion au monde avait réussi son vol et son amerrissage.


  Reconnaissez qu'il fallait tout de même les avoir bien accrochées pour monter là-dessus ! Et il paraît que c'était le tout premier vol de ce pilote génial inventeur !


  En quelques années, l'aéronautique va progresser à pas de géants, la première guerre mondiale a permis de démontrer l'utilité et la fiabilité des avions, et l'utilisation d'un plan d'eau pour faire décoller / amerrir des appareils devient quasiment routinière. 

Ceci permettait le transport de marchandises, de passagers, et de courrier (vous me voyez venir) partout où une de ces merveilleuses machines volantes pouvait se poser.

  Dès 1929 une ligne commerciale avait été créée, traversant la Méditerranée, de Marignane à Tunis, en passant par Ajaccio. Le départ se faisant là encore à partir de l'étang de Berre. Là où se trouve aujourd'hui l'aéroport de Marseille Provence dit de Marignane.

C'est en 1938 qu'un drame va survenir, à l'origine de cet article…

Le 9 février au petit matin, la météo n'est pas favorable, mais le "Ville de Bône" prend malgré tout son envol avec 14 personnes à son bord (et quelques lettres). 

Huit vont trouver la mort dans un dramatique accident, relaté ici dans "Les Ailes" du 17 février :




Voici l'appareil survolant fièrement quelques jours plus tôt le Vieux-Port de Marseille, dont on reconnait le célèbre pont transbordeur, détruit par les allemands à la fin de la seconde guerre mondiale :

Hydravion LeO H.242 (Lioré et Olivier) - Immatriculation F-ANPB

  Plus de détails sur l'accident dans "L'étoile de l'A.E.F. du 26 févier :


Un peu macabres à mon goût :

Qu'un hommage bien mérité leur soit rendu ici !



J'ignorais tout de cette histoire. Et pourtant, je suis de Marseille !

Jusqu'à ce que je tombe sur un courrier ayant lui aussi survécu à la catastrophe.


  Mes recherches sur internet m'ont permis de trouver les images d'autres lettres ayant subi le même sort. Toutes bien entendu adressées vers la Tunisie. Elles ne semblent pas très courantes. 

J'ignore si le catalogue Nierinck, qui les a répertoriées (ref. 380209) nous donne une idée de la quantité de courrier transporté et/ou récupéré : si l'un de nos lecteurs le sait, Merci de bien vouloir me contacter !

   Certaines ont moins souffert de leur immersion forcée, et conservé tous leurs timbres, ou presque :








On peut constater qu'elles ont malgré tout pu être acheminées jusqu'à leurs destinations, comme en témoignent les cachets d'arrivée, du 11 février, en Tunisie !

Sur le courrier récupéré avait été apposée la griffe suivante :

ACCIDENT D'AVION 
Correspondances recueillies en Mer 
NE PAS TAXER

  Cette dernière enveloppe ayant perdu tous ses timbres a d'ailleurs été taxée à l'arrivée, contrairement à la consigne bien visible, mais pas du tout à cause de l'absence d'affranchissement : l'explication est toute autre : elle était adressée en poste restante !


  Les secours étaient rapidement intervenus, sauvant les six rescapés ayant échappé à la fois à l'incendie et à la noyade. La carcasse de l'appareil a même pu être sortie de l'étang :



Je ne pouvais pas rester insensible au charme 
de cette Semeuse à 25 c. brun-jaune,
 rescapée elle aussi de cette catastrophe 
un peu aérienne et un peu maritime,
et qui déplore encore la perte des 3 autres timbres 
qui voyageaient avec elle depuis Paris, 
et qui ne verront jamais Bizerte !

Destination finale de cette "jolie" lettre

Et son destinataire



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