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jeudi 9 septembre 2021

Pistez ces non dentelés !

 

 Avec le recul de plusieurs décennies de collection plus ou moins acharnée, on se rend compte croyez moi, que rien n'est vraiment très rare en philatélie ! Presque rien...

  Je m'émerveillais souvent, étant jeune, devant bien des jolies choses que je voyais proposées dans de belles ventes, sur lesquelles je ne me retournerais peut-être même plus aujourd'hui. 

D'autant plus que les collectionneurs se font désormais plus rares que la plupart d'entre elles, ce qui fait (loi du marché aidant) que leurs prix atteints ou affichés sont souvent loin de leur vraie valeur. 

D'où l'intérêt de savoir les reconnaître afin de les apprécier comme elles le méritent.


  J'ai choisi de vous parler ce soir de timbres ayant échappé à la perforation. Et de vous les montrer par la même occasion, car vous n'en verrez pas souvent. 

  Je précise que les non-dentelés dont il va être question sont ceux qui ont été imprimés en typographie rotative

Vous n'êtes pas sans savoir que c'est notre chère Semeuse qui a été la première à bénéficier de cette innovation technique, mais aviez-vous bien noté que c'est la même machine qui imprime et perfore les timbres, dans le même temps ?

Avant cette véritable révolution de 1922, il fallait utiliser deux machines bien distinctes, avec donc des manipulations humaines toujours source d'erreur, et les non-dentelés imprimés à plat ne sont par conséquent pas rares. Aucun d'entre eux. On en trouve un peu partout "en veux tu ? en voilà", à quelques exceptions près, qui restent plus difficiles à dénicher (certaines Semeuses n'existent même pas non dentelées, malgré des tirages de plusieurs millions).

  Voici la machine qui est en cause :

Le papier vierge y entre d'un coté, et les feuilles de 100 timbres en sortent à l'opposé !

  Vous comprenez bien que la probabilité est infime de voir survenir un accident entre l'impression et la perforation puisqu'elles sont distantes de quelques centimètres, et de quelques fractions de seconde dans le temps. Le rendement était assez important, de l'ordre de 3000 feuilles à l'heure, soit 50 à la minute ! Et la machine était fiable.

  La dentelure était effectuée au niveau de chaque rangée de 10 timbres par un peigne perforant 3 cotés de chaque timbre en forme de U inversés, et du bas vers le haut de la feuille (contrairement aux feuilles imprimées à plat qui étaient perforées de haut en bas).

 Il fallait que la feuille avance d'un cran, d'une rangée à la fois, pour que les 10 timbres de celle-ci se retrouvent perforés sur leurs 4 cotés. Et ainsi de suite.
Si le peigne sautait une rangée, celle-ci restait non dentelée sur 3 cotés. 
On peut donc avoir des paires verticales avec ND tenant à dentelé !
Parfois, plusieurs rangées échappaient au peigne, voire même toute la feuille !

  Mais le dysfonctionnement était vite repéré et corrigé. Les feuilles défectueuses devaient être mises au rebut. Certaines ont malgré tout échappé aux contrôles, expliquant que quelques timbres non-dentelés aient pu arriver jusqu'aux guichets, et faire le bonheur des collectionneurs.

Voici pour illustrer mon propos, TOUTES les Semeuses connues ainsi :

10 c. vert au type IB de 1922 avec les 10 timbres du bas ND 
(seule feuille connue)

10 c. vert au type III avec une rangée ND tenant à normaux 
(10 ND possibles)

10 c. vert au type IB ou III ? avec deux ND en haut 
ET un raccord de papier en bas !
(20 possibles)

Ici, il s'agit à mon avis d'une falsification 
(le peigne ne pouvant en aucun cas denteler les 4 cotés)

20 c. brun au type III de 1925 (seul coin daté connu)

Si celui-ci est authentique et issu de la même feuille que les précédents, 
son haut de feuille nous laisse imaginer une feuille entière de 100 ND

75 c. lilas au type I de 1931 (seul coin daté connu)
L'unique feuille existante a été découpée, 
mais seuls les 60 timbres du bas étaient ND, 
ce qui donne au maximum 10 paires possibles comme celles-ci :


15 c. brun au type I - ND sur 3 cotés 

1 franc bleu - un ND tenant + un dentelé + un dentelé sur 3 cotés
(10 possibles)

30 c. bleu au type IIA - comme pour le précédent (10 possibles)

40 c. violet - bloc exceptionnel, illustrant à merveille 
le dysfonctionnement du peigne
(jamais vu aucun des autres ND de cette feuille, qui existent pourtant)
WANTED !

25 c. bleu au type IIIB, provenant très probablement 
de la même feuille que cette bande, avec ses défauts en marge :

Ce qui laisse imaginer 50 ou 60 timbres ND au total (jamais vu les autres)
et surtout un coin daté (WANTED too !)

30 c. rose au type IIA sur l'authenticité duquel j'ai des doutes...


  On peut également, avec beaucoup de chance, trouver quelques timbres de carnets rotatifs ayant pareillement échappé à toute perforation :

50 c. rouge au type IV : exceptionnel !
(rarissime bloc de 10 reproduit dans le Yvert spécialisé et découpé depuis)
Mais il existe en tout et pour tout 20 timbres, avec d'autres pubs.
Le numéro prouve que les 2 paires se tenaient auparavant.
J'ai mis 25 ans à les réunir !


Un cas particulier pour finir, qui n'est pas dû à un saut de peigne, mais à son mauvais réglage :

50 c. rouge au type IIA, que le peigne n'a fait qu'effleurer,
sans traverser le papier !
(traces de perforations à peine marquées, déjà montrées sur ce blog)


Voilà, c'est tout !
 Je ne connais pas d'autre exemple de ND rotatif au type Semeuse. 
Des pièces réellement rares que bien des philatélistes ignorent. 
Toutes moins courantes que la plupart des grandes raretés connues de la philatélie française !


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ou d'autres que vous connaitriez.

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