Comme beaucoup d'entre vous, je savais depuis longtemps que la Semeuse était née de l'imagination de son créateur, Oscar Roty à la fin du XIXème siècle, pour figurer sur nos pièces de monnaie, et cela bien avant de se retrouver sur nos timbres.
Mais j'avoue que je n'en savais pas beaucoup plus.
N'étant pas numismate dans l'âme, mais pur et dur philatéliste, je n'avais jamais cherché à en savoir plus. Grossière erreur !
Il y a quelques semaines, ne me demandez pas le pourquoi du comment car je l'ignore, j'ai été contacté par mail et via Facebook, pour faire partie d'un groupe s'appelant "La Semeuse de Roty".
Je ne connais rien à Facebook.
Je m'y étais inscrit il y a une dizaine d'année, à ses débuts, "pour voir" pendant quelques jours, mais comme cela ne m'avait pas convaincu, j'avais clôturé mon compte.
Le souci avec le web, c'est que rien ne s'y perd jamais !
La preuve, quelqu'un a réussi à m'y retrouver.
Et figurez vous que ce quelqu'un n'est autre que l'arrière arrière petit fils d'Oscar !
Du coup, je me suis reconnecté à mon compte Facebook, et j'ai trouvé tout un tas d'images, photos, documents concernant notre chère Semeuse. Beaucoup de monnaies, bien entendu, mais pas que !
Vous pouvez, comme moi, aller jeter un œil sur ce groupe : c'est intéressant, richement illustré, et il est assez fréquenté, par des amateurs éclairés et dynamiques.
Bien des philatélistes devraient en prendre de la graine...
J'y ai trouvé les images qui suivent, soit directement, soit grâce à des liens et des clics, et je me suis dit qu'elles avaient toute leur place ici. Les originaux sont visibles au musée consacré à Roty, que je vous laisse découvrir également, ou au musée d'Orsay (que j'ai visité 2 ou 3 fois sans jamais remarquer cette sublime épreuve en cire : il va falloir que j'y retourne absolument !)
C'est en 1886 que ce cher Oscar, âgé de 40 ans, a dessiné ce qui restera à tout jamais son chef d'oeuvre :
Ce travail est un projet pour une médaille destinée au Ministère de l'agriculture, qui avait lancé un concours. D'où la tête nue, et les scènes agricoles que l'on devine dans le fond.
De ce dessin va naître cette magnifique oeuvre d'art, réalisée à la cire sur ardoise (c'est elle que j'ai ratée à Orsay) :
Je vous conseille de zoomer pour apprécier au mieux la finesse et l'habileté de l'artiste.
Vous pourrez même y voir la trace de ses empreintes digitales par endroit !
Puis vint le projet de médaille en question, qui fait 26 cm de diamètre comme l'étude qui précède.
La voici la médaille (celle du musée) :
On y voit mieux les animaux du labour sur la gauche, mais le personnage de droite a disparu. Quelques graines tombent même de la main qui sème.
A noter que le haut du sac de graines ne dépasse pas encore, et ne laisse donc pas la possibilité aux vieux vicieux de l'époque d'imaginer y voir un sein avec son fameux téton !
On a bien failli ne jamais avoir ni de monnaie ni de timbre avec cette effigie. On l'a échappé belle !
.... Dix ans plus tard, ou presque !
Ce n'est qu'en 1895 que le Ministère, des finances cette fois-ci, va faire appel à lui pour sa monnaie d'argent, et que Roty va se souvenir de son projet de Semeuse agricole, pour le ressortir de son tiroir.
Il va le retoucher, l'améliorer, l'affiner, et ajouter le bonnet phrygien, ainsi que le "téton" comme on peut le voir sur cette autre cire sur ardoise, qui ressemble déjà à une pièce de monnaie :
Notez les inscriptions en périphérie : on devine Liberté Egalité Fraternité Un Franc 1896.
Le corps de la Semeuse est à présent totalement de profil, comme sur les futurs timbres et pièces, alors que sur les illustrations précédentes, on avait une impression de mouvement plus nette, avec le buste, le bassin, et le pied droit tournés vers le fond du paysage, ce qui était une prouesse.
Même si la dame donnait presque l'impression de nous tourner le dos, je l'aimais bien, marchant dans l'axe de ses sillons...
Le relief est ici moins marqué, mais la gravure gagne en finesse. Le drapé de la robe est réussi.
C'est pourtant cet aspect plus figé, et moins réussi à mon goût, qui sera finalement adopté.
Roty choisit de placer un soleil sur la droite.
Le sac pendouille moins.
Il n'y a plus d'animal de labour ni de graines bien évidemment, puisqu'il s'agit de représenter fièrement la République, et non plus l'agriculture !
Après peut-être d'autres étapes intermédiaires, mais cela est plutôt l'affaire des numismates, je crois savoir que la première monnaie à 50 centimes fut émise à la fin de 1897.
Puis vint ce joli essai pour celle à 5 francs :
... Encore quelques années !
Après l'immense succès de ces monnaies, c'est un autre Ministère, celui des Postes pour finir, qui contactera l'artiste et qui va lui demander d'adapter sa création à la réalisation de nouveaux timbres.
Roty fournira un plâtre, que voici :
Le soleil reste à droite, du même côté que les ombres, c'est vrai.
Mais on s'en fiche !
La collaboration avec Eugène Mouchon va rapidement donner le jour à nos timbres préférés, au bas desquels leurs 2 noms resteront gravés et unis à jamais, pour le plus grand bonheur des philatélistes.
C'est finalement le 2 avril 1903 que sera émis le tout premier !
Même si moi, j'en ai trouvé un oblitéré du 2 février, que je vous ai montré il y a quelques années ! Les plus fidèles lecteurs s'en souviendront, les autres le chercheront dans mes "archives"...
... 3 ans de plus !
Ce n'est qu'en 1906, un peu dans la précipitation, et pour fêter la baisse du tarif de 15 à 10 centimes, qu'une nouvelle Semeuse sera envisagée, et que le téton va faire parler de lui pour la première fois : là encore je vous laisse fouiller dans mes "archives".
Voici à ce propos la réponse de l'atelier au ministre Bérard qui s'en était offusqué :
Avec son téton.
Pour en voir et savoir plus, je vous laisse cliquer et surfer :
+ sur FACEBOOK : LA SEMEUSE DE ROTY
2 commentaires:
Inutile de chercher au musée d'Orsay l'épreuve en cire de Roty, elle n'est pas exposée mais se trouve dans les réserves... je me suis rendu au musée au début de cette année et c'est la réponse que j'ai obtenue après un très long temps d'attente au guichet information du musée et plusieurs tentatives dans différentes salles d'exposition dans lesquelles on m'a envoyé.
Merci ! je me contenterai des Van Gogh !
Enregistrer un commentaire