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jeudi 23 septembre 2021

Une petite en vitesse !

 

    Non, non, je n'ai pas renoncé à dénicher de nouvelles "variétés de case", ni à vous les montrer !

C'est juste que cela ne court pas les rues, et qu'il faut avoir l'œil...

Celle-ci vue sur internet est sympa, et en plus elle est située à la case 1 :


Etant donné que les coins de feuille ont leurs amateurs, on devrait en trouver d'autres...


Et un peu moins nette ici :



  Cette marque blanche, venue comme une grosse épaulette déformer la gracile silhouette de notre Semeuse est assez facilement repérable.


Au vu de la taille des bords de feuille des 2°, 3° et 4° blocs, on pourrait même penser qu'ils proviennent d'un carnet, ce qui serait splendide : la même variété sur les feuilles et sur les carnets !

Je n'ose y croire !

Dommage qu'il n'y ait pas la troisième marge en bas pour être formel !

Qu'en pensez-vous ?


jeudi 9 septembre 2021

Pistez ces non dentelés !

 

 Avec le recul de plusieurs décennies de collection plus ou moins acharnée, on se rend compte croyez moi, que rien n'est vraiment très rare en philatélie ! Presque rien...

  Je m'émerveillais souvent, étant jeune, devant bien des jolies choses que je voyais proposées dans de belles ventes, sur lesquelles je ne me retournerais peut-être même plus aujourd'hui. 

D'autant plus que les collectionneurs se font désormais plus rares que la plupart d'entre elles, ce qui fait (loi du marché aidant) que leurs prix atteints ou affichés sont souvent loin de leur vraie valeur. 

D'où l'intérêt de savoir les reconnaître afin de les apprécier comme elles le méritent.


  J'ai choisi de vous parler ce soir de timbres ayant échappé à la perforation. Et de vous les montrer par la même occasion, car vous n'en verrez pas souvent. 

  Je précise que les non-dentelés dont il va être question sont ceux qui ont été imprimés en typographie rotative

Vous n'êtes pas sans savoir que c'est notre chère Semeuse qui a été la première à bénéficier de cette innovation technique, mais aviez-vous bien noté que c'est la même machine qui imprime et perfore les timbres, dans le même temps ?

Avant cette véritable révolution de 1922, il fallait utiliser deux machines bien distinctes, avec donc des manipulations humaines toujours source d'erreur, et les non-dentelés imprimés à plat ne sont par conséquent pas rares. Aucun d'entre eux. On en trouve un peu partout "en veux tu ? en voilà", à quelques exceptions près, qui restent plus difficiles à dénicher (certaines Semeuses n'existent même pas non dentelées, malgré des tirages de plusieurs millions).

  Voici la machine qui est en cause :

Le papier vierge y entre d'un coté, et les feuilles de 100 timbres en sortent à l'opposé !

  Vous comprenez bien que la probabilité est infime de voir survenir un accident entre l'impression et la perforation puisqu'elles sont distantes de quelques centimètres, et de quelques fractions de seconde dans le temps. Le rendement était assez important, de l'ordre de 3000 feuilles à l'heure, soit 50 à la minute ! Et la machine était fiable.

  La dentelure était effectuée au niveau de chaque rangée de 10 timbres par un peigne perforant 3 cotés de chaque timbre en forme de U inversés, et du bas vers le haut de la feuille (contrairement aux feuilles imprimées à plat qui étaient perforées de haut en bas).

 Il fallait que la feuille avance d'un cran, d'une rangée à la fois, pour que les 10 timbres de celle-ci se retrouvent perforés sur leurs 4 cotés. Et ainsi de suite.
Si le peigne sautait une rangée, celle-ci restait non dentelée sur 3 cotés. 
On peut donc avoir des paires verticales avec ND tenant à dentelé !
Parfois, plusieurs rangées échappaient au peigne, voire même toute la feuille !

  Mais le dysfonctionnement était vite repéré et corrigé. Les feuilles défectueuses devaient être mises au rebut. Certaines ont malgré tout échappé aux contrôles, expliquant que quelques timbres non-dentelés aient pu arriver jusqu'aux guichets, et faire le bonheur des collectionneurs.

Voici pour illustrer mon propos, TOUTES les Semeuses connues ainsi :

10 c. vert au type IB de 1922 avec les 10 timbres du bas ND 
(seule feuille connue)

10 c. vert au type III avec une rangée ND tenant à normaux 
(10 ND possibles)

10 c. vert au type IB ou III ? avec deux ND en haut 
ET un raccord de papier en bas !
(20 possibles)

Ici, il s'agit à mon avis d'une falsification 
(le peigne ne pouvant en aucun cas denteler les 4 cotés)

20 c. brun au type III de 1925 (seul coin daté connu)

Si celui-ci est authentique et issu de la même feuille que les précédents, 
son haut de feuille nous laisse imaginer une feuille entière de 100 ND

75 c. lilas au type I de 1931 (seul coin daté connu)
L'unique feuille existante a été découpée, 
mais seuls les 60 timbres du bas étaient ND, 
ce qui donne au maximum 10 paires possibles comme celles-ci :


15 c. brun au type I - ND sur 3 cotés 

1 franc bleu - un ND tenant + un dentelé + un dentelé sur 3 cotés
(10 possibles)

30 c. bleu au type IIA - comme pour le précédent (10 possibles)

40 c. violet - bloc exceptionnel, illustrant à merveille 
le dysfonctionnement du peigne
(jamais vu aucun des autres ND de cette feuille, qui existent pourtant)
WANTED !

25 c. bleu au type IIIB, provenant très probablement 
de la même feuille que cette bande, avec ses défauts en marge :

Ce qui laisse imaginer 50 ou 60 timbres ND au total (jamais vu les autres)
et surtout un coin daté (WANTED too !)

30 c. rose au type IIA sur l'authenticité duquel j'ai des doutes...


  On peut également, avec beaucoup de chance, trouver quelques timbres de carnets rotatifs ayant pareillement échappé à toute perforation :

50 c. rouge au type IV : exceptionnel !
(rarissime bloc de 10 reproduit dans le Yvert spécialisé et découpé depuis)
Mais il existe en tout et pour tout 20 timbres, avec d'autres pubs.
Le numéro prouve que les 2 paires se tenaient auparavant.
J'ai mis 25 ans à les réunir !


Un cas particulier pour finir, qui n'est pas dû à un saut de peigne, mais à son mauvais réglage :

50 c. rouge au type IIA, que le peigne n'a fait qu'effleurer,
sans traverser le papier !
(traces de perforations à peine marquées, déjà montrées sur ce blog)


Voilà, c'est tout !
 Je ne connais pas d'autre exemple de ND rotatif au type Semeuse. 
Des pièces réellement rares que bien des philatélistes ignorent. 
Toutes moins courantes que la plupart des grandes raretés connues de la philatélie française !


N'hésitez pas à cliquer ci-dessous sur "Aucun commentaire" 
pour me contacter et me faire part des pièces similaires 
ou d'autres que vous connaitriez.

lundi 2 août 2021

Ils sont forts ces Américains !

 

  Depuis que le web existe, je reconnais que je passe beaucoup de mon temps libre à farfouiller un peu partout dans ses méandres, et j'y trouve souvent des informations ou des documents originaux et instructifs, sans parler des timbres eux-mêmes, pour approfondir mes connaissances.

Concernant le matériel et les méthodes de fabrication de nos objets de collection préférés, je suis toujours étonné de la précision des textes de l'époque que l'on peut ainsi facilement se procurer de nos jours. Les descriptions y sont remarquables.

Bien évidemment, il n'en est pas de même des images dont la diffusion était bien plus restreinte, et dont la qualité laisse parfois à désirer. Même avec beaucoup d'efforts, je n'ai toujours pas réussi à visualiser parfaitement comment se faisait l'impression elle-même, c'est à dire comment une gravure + de l'encre + du papier aboutissaient à une feuille de timbres...

  Hier, en raison du mistral qui m'avait fait renoncer à mon bain de mer quotidien, je suis tombé sur une image de piètre qualité mais que je ne connaissais pas, laissant deviner certaines des étapes de la fabrication des timbres en 1909 !


  Heureusement, après un simple clic, j'avais la source d'où celle-ci avait été extraite : une revue existant d'ailleurs encore de nos jours, le "Scientific American", du 29 mai 1909.

Google me met alors directement en relation avec le site de cette revue, un site admirable contenant les archives numérisées de tous les numéros parus, avec leurs tables des matières.

Le plus beau, c'est qu'avec un peu de patience, j'ai pu remonter jusqu'au numéro en question, datant de plus d'un siècle. En cliquant sur le lien, on me propose même d'en acquérir la version téléchargeable pour la modique somme de 8 dollars. Une affaire !

Je clique, je paye, et HOP ! la revue est dans mon ordinateur et je la feuillette : c'est magique !

  On y trouve des articles très variés, plus ou moins scientifiques sur beaucoup de sujets. Le texte de celui qui nous intéresse est très précis, mais ne nous apprend pas grand chose sur le plan technique que nous ne sachions pas déjà. 

En revanche, on peut y lire que 2 700 000 000 timbres sont sortis de l'atelier  en 1907

dont 1 500 000 000 à 10 c.  

+ 50 000 000 de timbres pour les colonies,

+ 20 000 000 cartes postales + 45 000 000 carte lettres + les pneumatiques et les mandats.

Et que le salaire journalier y était de 2 francs pour les enfants, contre 3,25 à 5,25 francs pour les femmes, et 10 francs pour les hommes. Vive l'égalité des sexes !


Ainsi le timbre français avait un coût de revient de 20 centimes le mille, ce qui fait dire à l'auteur que celui à 10 c. est vendu 500 fois ce qu'il coûte !

  En revanche, les photos sont magnifiques !

On voit que les enfants étaient encadrés par des adultes auprès des machines, ici à l'entrée des feuilles dans la machine à gommer :


Et qu'ils se débrouillaient très bien tout seuls à l'autre extrémité de la machine, pour les récupérer une fois sèches, et les empiler soigneusement :

Admirez toutes ces feuilles de 300 qui défilent sur le séchoir !

En revanche, il n'y a que des hommes autour des machines à perforer :


Les femmes, nous l'avons déjà vu, étaient pour leur part occupées à l'étage au-dessus à trier, compter, et vérifier le tirage.

  Mais là ou je trouve que j'en ai eu pour mes 8 dollars, c'est avec cette dernière image, montrant les graveurs en plein ouvrage, avec leurs loupes et leurs outils. Du jamais vu !


  Celui de gauche s'occupe manifestement d'une partie d'un cylindre. Matériel probablement destiné à la machine que voici, destinée à l'impression des mandats postaux :


En effet, les presses rotatives pour les timbres n'existaient pas encore. Et leurs cylindres seront d'un diamètre bien plus petit.

  Tandis que celui de droite rectifie un galvano de 50 destiné à l'impression à plat, peut-être après l'avoir nettoyé avec la brosse posée devant lui à côté d'un autre galvano de 50, ou bien découpé avec la scie à chantourner accrochée au mur derrière :

C'est beau de voir ça !

  Personnellement, je lui trouve un bon air de ressemblance avec Louis-Eugène Mouchon, le graveur de l'atelier l'époque, qui avait 66 ans en 1909. Ce serait extraordinaire, non, si c'était lui ?

En voici un portrait, plus jeune, pour comparer :


Qu'en pensez vous ?


mardi 20 juillet 2021

Un joli scoop !


  Tout en restant modeste comme il se doit, je pense que ce scoop là est assez intéressant, et je suis assez fier de vous le révéler ici ! Et j'attends vos commentaires avec impatience (cliquez au bas de cet article).

Ce n'est pas tous les jours que l'on découvre quelque chose de neuf concernant les Semeuses. Je ne me souviens même pas de quand date la dernière vraie révélation, ni à qui on la doit. Probablement à Monsieur Pierre De Lizeray, grand connaisseur qui les a si bien étudié, et dont les publications font encore référence aujourd'hui.

  Comme souvent, il s'agit d'un timbre courant : la Semeuse à 15 c. brun-lilas YT n°189. Ce timbre a eu une longue durée d'utilisation et a été imprimé sous la forme de feuilles, de carnets, d'entiers postaux et de roulettes. La seule véritable rareté qu'on lui connaisse est son préoblitéré YT n°53 en bande de 11 pour roulettes (11 timbres sont nécessaires pour prouver qu'une bande verticale n'a pas pu être découpée dans une feuille, puisque ces dernières de 100 timbres ne pouvaient donner au maximum que des bandes de 10). C'est une de roulettes les plus rares, une quinzaine de connues peut-être ?

D'ailleurs, certains se sont efforcé de trouver de minuscules détails permettant de reconnaître les timbres issus de ces roulettes rotatives, mais sans jamais y parvenir : impossible de les identifier pris isolément, ils ressemblent trop à ceux des feuilles au type I.

  Car ce timbre est connu et répertorié avec 2 types faciles à distinguer :

-le type I pour les carnets, les roulettes et les premières feuilles rotatives de 1925 à 1936

-le type II pour les dernières feuilles rotatives de 1935 à 1938, un peu moins courant donc

  Là où cela a commencé à me chiffonner, et vous commencez à me connaître comme passionné des coins datés et des carnets, c'est que les feuilles (et les roulettes) n'ont été imprimées qu'en rotatif, alors que les carnets datant pourtant de 1929 (nous y reviendrons) l'ont été à plat.

Carnets à plat au type I

Coin daté de feuille rotative au type I

  Il est impossible techniquement que le même matériel ait pu être utilisé pour ces deux présentations. Pas plus que pour les roulettes d'ailleurs, dont le type n'a jamais pu être caractérisé.

  C'est en tombant sur un vieux courrier, échangé entre deux philatélistes de l'époque que ce fait que je connaissais a soudain provoqué un déclic : on devrait en théorie pouvoir différencier les timbres des carnets de ceux des feuilles au type I ! 

Mais alors, pourquoi personne ne s'y est jamais essayé ? Il est vrai que ces carnets dont le tirage a été assez faible sont un peu les malaimés des collectionneurs, et qu'ils ne sont pas rares du tout de nos jours, car les philatélistes de l'époque les avaient repérés et mis de côté. Peut-être les a t'on négligé à tort, en oubliant de les regarder de plus près ?

  Me voilà donc à glisser dans mon scanner un carnet et un coin daté, pour en obtenir des images en  haute définition. Puis à placer côte à côte les images d'un timbre de chaque. Voici le résultat :


 N'y a t'il rien qui vous saute aux yeux ?
Moi oui : même sans zoomer ni cliquer sur l'image, celui de droite est plus grand, nettement !

Voici ce que donnent les mesures du cadre : 22,3 x 18,4 mm pour l'un et 22,7 x 18,9 mm pour l'autre, ce n'est pas rien comme différence !

Comparons ensemble, en superposant le plus grand et le plus petit :

Plus large !

    
Et plus haut !

Pour moi, "il n'y a pas photo !"

Par ailleurs, la valeur faciale semble située plus bas sur le timbre des feuilles, et une dernière mesure vient le confirmer : 0,2 mm de différence :

  Que ceux que cela intéresse fassent comme moi, 

et ne se gênent surtout pas pour me faire part de leurs conclusions !

  Pour ma part, je pense que l'on peut dorénavant parler d'un type IA pour les carnets, et d'un type IB pour les feuilles, que l'on peut parfaitement ainsi distinguer.

  De plus, cette distinction présente tout de même un certain intérêt, même pour les philatélistes non spécialistes : les timbres issus des carnets sont infiniment plus rares que ceux des feuilles.

Quelques milliers de carnets contre des centaines de milliers de feuilles de 100 !

  Notons que les oblitérés issus de carnets sont encore plus rares que les neufs, puisque ces carnets ont souvent été conservés intacts. Ou bien collectionnés sous forme de publicitimbres.

Mais, dès à présent, vous n'avez plus besoin de les chercher avec leurs bandelettes publicitaires !

*****

  Voici, pour finir, un extrait du courrier du 7 février 1929 qui m'a en réalité mis sur la piste :


Adressé à Maurice Digeaux, célèbre négociant spécialisé dans les carnets
par l'administrateur-directeur de la maison Pierre Virgile Chareyre, 
philatéliste lui aussi !

*****

  Pierre de Lizeray, toujours lui, dans son étude sur les poinçons du musée postal, décrit 3 poinçons pour ce 15 centimes : 2 correspondant au type I et un au type II. Il pense qu'un des deux du type I est précoce, prévu pour la cette valeur qui n'a finalement pas fait partie de la série émise en1907 (imprimée à plat bien entendu). Peut-être a t'il servi pour nos carnets ???


jeudi 15 juillet 2021

Tout est bidon !

 

  Depuis plusieurs années, je passe quelques minutes par jour à chercher sur eBay, des timbres pour ma collection. J'en ai trouvé à l'époque (comme disent les anciens). Mais on en voit de moins en moins. Pourtant le marché philatélique n'est pas mort. D'autres sites et de nombreuses ventes publiques regorgent de pièces intéressantes.

Mais ces derniers temps sur eBay, les seuls timbres que l'on trouve facilement sont les faux. Tous très grossiers, et même pas capables de tromper les vrais collectionneurs. Le plus étonnant étant que certains se vendent ! Il y a donc un marché !

  Mais, là, je pense avoir trouvé un "must" : absolument tout est faux, une vraie caricature !

Oh, le joli préoblitéré que voilà !

(je ne l'ai pas acheté)

  Le timbre est faux, plutôt pas trop mal rendu, mais sa dentelure est ratée. Normalement, un bas de feuille de ce timbre imprimé à plat ressemble à ça, sans aucune inscription :


  La dentelure descend jusqu'au bord sur les vrais. 
Et il n'y a évidemment pas les parallélogrammes imprimés sous les timbres. 
On les trouve exclusivement sur les timbres imprimés par les presses rotatives, et ils sont caractéristiques des coins datés. 
Ceux-ci n'ont d'ailleurs existé qu'à partir de mars 1922 !

Sur les coins datés aussi, la dentelure descend jusqu'au bord, soit dit en passant...

La date est donc bidon elle aussi. Tout comme le papier et la gomme :


On voit nettement au dos, que la date a été frappée par une machine moderne.

  Alors pourquoi tant d'ignorance ? Pourquoi se donner du mal pour créer une telle chose qui ne cherche même pas à ressembler au timbre copié ? 
Et pourquoi donc le mettre en vente ?
Espère t'on vraiment lui trouver un acheteur ? Oui, oui, il y en a !

Il est vrai que le vendeur précise bien dans sa description qu'il s'agit d'un faux. 
Pour éviter d'être traité de malhonnête j'imagine.
Pour faire croire que ce n'est pas lui qui l'a fabriqué peut-être ?

Le site laisse faire, puisqu'il touche une commission sur ces ventes. 

  A ce jour, ils sont déjà 3 à se le disputer : avec 4 enchères et un prix de 3,50 euros. 
Si tous les cons étaient philatélistes, ceux-ci habiteraient la rue Drouot à mon avis.

INCROYABLE !

Mais les enchères sont peut-être elles aussi bidons ?
Espérons...

Si vous êtes intéressés, il vous reste encore quelques heures pour les rejoindre !


jeudi 6 mai 2021

PAR AVION

 

  De nos jours, plus personne ne prend la peine d'inscrire cette mention sur son courrier tellement le transport aérien s'est généralisé pour relier deux régions lointaines, voire deux continents. Ni sa rapidité ni sa fiabilité ne sont plus à démontrer. Mais il n'en a pas toujours été ainsi.

  Vous avez certainement en mémoire les aventures des grands pionniers de l'aviation qui ont laissé leurs noms dans l'Histoire, et dont les exploits ont fait rêver plusieurs générations. Nous en avons déjà relaté ici quelques épisodes, auxquels notre courageuse Semeuse avait pris part. Principalement dans la période entre les deux guerres, l'aviation ayant largement profité du conflit de 14-18 pour évoluer, se moderniser et devenir un moyen de transport bien plus fiable qu'à ses débuts.

  Avant la première guerre en revanche, prendre son envol sur des machines particulièrement sommaires et fragiles, et réussir à atterrir ensuite sans trop de dégâts restait un exploit ! Les meetings aériens avaient un succès fou, et le public se bousculait pour admirer le spectacle de ces pilotes, pour partager leurs frissons, et s'émerveiller devant leur courage et leur agilité.

C'est en 1909 que Louis Blériot réussit la traversée de la Manche avec un vol de 37 minutes pour 35 Km, mais il faudra attendre 1927 pour que Charles Lindbergh traverse l'Atlantique, en 33 heures !

*******

  Pour le transport du courrier sur de longues distances, la voie ferroviaire et la voie maritime étaient les seules à se partager le marché comme l'on dit, et depuis longtemps. Au prix d'une certaine lenteur bien entendu, mais tout le monde s'en satisfaisait puisqu'il n'y avait pas d'autre choix.

Jusqu'à ce que l'idée d'utiliser l'avion se mette à germer dans l'esprit de quelques administrations postales. Et la France était alors à la pointe de la modernité !

  C'est en Inde en février 1911, à l'occasion d'une exposition internationale agricole, d'industrie et des transports, qu'un Français transporta pour la toute première fois du courrier sur une dizaine de kilomètres à bord de son biplan, avec l'aide de l'armée britannique.

En France, le premier vol postal "officiel" date de juillet 1912 autour de Nancy : trois sacs de dépêches sont transportés sur 27 Km. 

On ne peut pas dire que le service rendu pour d'aussi courtes distances fut véritablement remarquable, mais l'idée était lancée, et notre Semeuse était déjà de la fête, accompagnée d'une vignette spécialement émise, vendue 25 centimes au profit de l'aviation militaire :


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   C'est finalement en octobre 1913 qu'eut lieu la première liaison postale aérienne, expérimentale certes, mais apportant réellement un service utile au transport du courrier.

Le courrier à destination des Antilles partait alors de Pauillac tout près de Bordeaux, sur la rive gauche de l'estuaire de la Gironde. Venant de Paris, il était normalement transporté jusqu'à Pauillac par le train du soir, juste à temps pour être embarqué le lendemain sur un paquebot de la Compagnie Générale Transatlantique assurant régulièrement la traversée, tous les quinze jours. 

Ce qui fait que pour le courrier centralisé à Paris après le départ du train, ne pouvant donc être acheminé à temps pour la traversée, il en résultait un retard considérable ! Car il fallait alors attendre le paquebot suivant. 

Retard que le Ministre responsable ne pouvait accepter, d'où son idée d'utiliser l'avion, seul moyen capable d'acheminer assez rapidement ce courrier le jour même, avant le départ du paquebot.

  La presse en parle dès le 12 octobre (La Liberté) :


  C'est donc au matin du 15 octobre avant 7 heures, en présence d'Alfred Massé, matinal Ministre du commerce, de l'industrie, des postes et télégraphes, et fier d'être à l'origine de cette expérience, que le courrier arrivera par une automobile postale à l'aérodrome de Villacoublay, situé au sud-ouest de la capitale. 


L'avion choisi est un Morane-Saulnier G. "Les Françaises" emportera un sac d'une dizaine de kilos de courrier, et il sera piloté par le lieutenant de cavalerie Emmanuel Ronin.

On le voit ici signer la prise en charge du courrier.


 Après quelques péripéties et environ 500 Km de vol, il atterrira à 14 h.15 à Saint Julien Beychevelle, près de Pauillac, puis les sacs postaux seront acheminés par une voiture des postes jusqu'au paquebot "PEROU" qui pourra aussitôt lever l'ancre, en tout début d'après-midi.

  A son bord, notre Semeuse bien entendu. 

Compte-tenu de leurs destinations toujours "exotiques", bien peu en sont revenues, mais quelques rares lettres ou cartes postales font encore aujourd'hui la joie d'heureux collectionneurs, dont je fais désormais partie. 

Ici, une lettre postée à Paris le 14, à destination de Mana en Guyane, sur laquelle on notera l'absence de surtaxe, alors que celle-ci avait été envisagée. Cachets oblitérant de Paris 5 - avenue de la République - 18 h. 30, puis Paris R.P. Etranger au dos, après le départ du train du soir.


C'est la toute première utilisation de la griffe "PAR AVION" !

Avec cachet maritime octogonal "Bordeaux à Colon LD n°1 du 15.10.1913

Et arrivée à Cayenne le 9 novembre.
On note que le destinataire était un surveillant militaire, probablement responsable de l'un de bagnes.


Le Musée Postal expose pour sa part une carte postale ayant fait le même voyage, mais jusqu'à La Martinique, sur laquelle la griffe "PAR AVION" est en noir (le bureau de départ n'étant pas le même) :


On en connait d'autres pour La Guadeloupe, comme cette lettre :



Plusieurs n'ont jamais atteint leur destinataire et sont revenues en métropole 
avec la griffe "Retour à l'envoyeur".

Si certains de nos lecteurs ont des images à nous faire partager, je les en remercie par avance...

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 La revue "L'aérophile" du 1er novembre relatera merveilleusement cette aventure, avec d'émouvantes photographies :


Tout ceci restera hélas sans suite, probablement à cause du début de la guerre. Et il faudra attendre la fin des hostilités pour que la poste aérienne prenne son envol...

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MERCI à tous les correspondants qui ont eu l'amabilité de partager avec moi ces documents d'époque, et aux sites internet consacrés à cette épopée, dans lesquels j'ai également puisé des informations précieuses. Vous pouvez aussi cliquer sur ce lien :

Article paru à l'occasion du centenaire de ce vol

A noter que La Poste Française avait émis dès 1978 un joli timbre commémoratif :