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dimanche 11 août 2024

Attention !

 


  Vue en vente ces jours-ci sur internet, cette paire du 3 c. rouge orange YT 278A qui a réussi à attirer quelques enchérisseurs avec son piquage atypique : 45 enchères pour 25 euros !

Le souci, c'est que le qualificatif qui lui convient en réalité est : BIDON !

  Ce timbre n'a été imprimé qu'en typographie rotative. La presse Chambon réalisait à la fois l'impression et la perforation, sur des rouleaux de papier gommé, et débitait des feuilles de 100.

Premièrement, il est techniquement impossible de faire passer une 2ème fois la feuille dans la machine pour qu'elle soit à nouveau perforée avec un décalage.

Deuxièmement, la machine perforait dans le même temps la dentelure horizontale et a verticale, contrairement à ce que voudrait laisser croire cette paire, sur laquelle seul le piquage vertical est doublé. C'est bien entendu le piquage vertical non centré qui a été ajouté frauduleusement.

Pour rappel, le peigne qui perforait la bobine ligne par ligne et de bas en haut par rapport aux timbres, avait cette forme :


  Si vous regardez attentivement sur le bas, vous remarquerez que les fausses perforations se terminent anormalement.


J'avais déjà rencontré ces autres exemples de falsification, plus réalistes :

Sauf qu'ici les perforations verticales devraient être elles aussi doublées 

Et qu'ici celles du haut et du bas devraient être parfaitement superposables, ce qui n'est pas le cas. (il s'agit probablement d'un fragment à l'origine non dentelé puisque l'on connait pour ce timbre des feuilles entières non dentelées)


  Pour obtenir ce que les amateurs nomment un piquage à cheval, ou piquage en croix, il faut que survienne au sein de la rotative un décalage de la bobine de papier tout juste imprimée, dans le sens horizontal, vertical, ou bien dans les deux sens, par rapport à l'appareil fixe responsable des perforations. Ceci était possible avec ces presses rotatives, mais bien moins fréquemment et de façon moins franche qu'avec les presses à plat sur lesquelles la feuille était positionnée manuellement.

   Les exemples suivants vous montrent le résultat d'un tel décalage, et vous constaterez qu'il est le plus souvent vertical, du fait de l'avancement un peu aléatoire parfois de la bobine dans la presse :







Retenez que les importants décalages horizontaux sont toujours suspects : le papier était certainement assez bien guidé latéralement dans la presse.

*****

  Je vous ai dit qu'il était impossible que la feuille soit perforée 2 fois. Ce bloc tendrait à infirmer cette règle, raison pour laquelle je l'ai acheté, sans réfléchir :

Les perforations sembles authentiques, parfaitement superposables.

Il s'agit bien du type IIA rotatif.

MAIS on devrait voir sur la droite la seconde perforation verticale !

Bidon également donc. Trop beau pour être vrai !

******

  Il pouvait arriver que le mécanisme de perforation dysfonctionne encore plus, en sautant une ligne ou plusieurs, comme en témoigne l'existence d'authentiques non dentelés accidentels dont je vous rappelle l'extrême rareté en rotatif.

C'est ainsi que ce jour-là de 1931, le bas d'une feuille du 75 c. lilas-rose YT 202 s'est retrouvé non dentelé (les 6 dernières rangées plus précisément) donnant naissance à cette merveille de coin daté unique :

Et cela fait plus de 50 ans que j'attends de croiser l'autre coin de ce bas de feuille, avec le numéro...

Même une photo me ferait plaisir.