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samedi 16 décembre 2023

Algérie : je vous ai coooompris !

 

  D'où l'importance de connaître le mode de fabrication de nos timbres !

Dans une vente sur offres clôturée ces jours-ci, j'avais repéré deux variétés spectaculaires, proposées à des prix assez raisonnables.

1) Une surcharge étonnamment imprimée au verso, le timbre portant la signature d'un illustre et ancien expert :



Un exemplaire similaire s'était d'ailleurs vendu très cher il y a quelques années (448 euros !) avec deux fois la même  signature, et surtout, cela a son importance, une bande publicitaire :

Le timbre est bien au type IIB spécifique des carnets.

2) Un manque d'impression, avec une surcharge intacte :

Les deux lots ont trouvé preneur...

J'ai cependant la quasi certitude que l'un des deux est absolument "bidon" !

*****

   Il faut savoir que le 30 c. bleu était imprimé aussi en feuilles par une presse rotative, ainsi que sa surcharge, en un seul passage, avec 2 couleurs différentes. Les presses de l'époque ne pouvaient pas faire mieux que 2 couleurs. 

Du coup, la surcharge était obligatoirement de la même couleur que la date et le numéro de feuille, situés en bas dans la marge, respectivement à droite et à gauche.

Ce que montre parfaitement ce bloc avec coin daté :


  Le papier (déjà gommé et livré en rouleau) était inséré dans la machine pour recevoir ces deux impressions successives, puis la machine coupait instantanément les feuilles de 100, après les avoir perforées. 

Et on confectionnait donc à la sortie de la presse, des paquets de 100 feuilles de 100.

Il est absolument impossible que la moindre feuille puisse passer une seconde fois sous la presse, (qui plus est retournée coté gomme) pour y recevoir une seconde surcharge. Même si on voulait le faire intentionnellement, cela ne serait pas possible techniquement.

  En revanche, pour les carnets, les 2 impressions se faisaient sur une presse à plat, rendant possible la manipulation responsable de cette variété, à mon avis plus intentionnelle qu'accidentelle...

*****

  Concernant l'autre bloc, du 60 c. Semeuse lignée, le manque d'impression ne touche que le timbre lui-même, ce qui est en général dû à l'interposition, au moment de l'impression, d'un petit morceau de papier égaré, venu se coller là malencontreusement, et qui serait parti ensuite.

Pour ce timbre imprimé en rotatif, la surcharge a été apposée secondairement, feuille par feuille, et sur une presse à plat. On voit bien que son encre est différente de celle du numéro, qui est nettement plus claire. 

 C'est d'ailleurs ce qui a permis l'existence d'une des plus rares variétés de la collection au type Semeuse, dont nous avons déjà parlé ici : la surcharge renversée sur ce 60 c. violet.

Si le papier incongru était resté entre les deux opérations, la surcharge serait évidemment partielle à cet endroit. Il faut croire qu'il a été retiré entre les deux opérations.

   L'autre possibilité, serait un défaut d'encrage du cylindre, toujours en rapport avec un petit corps étranger collé au mauvais endroit, empêchant l'encre violette de se déposer sur le métal du galvano. 

L'existence temporaire de ce corps étranger pourrait certes expliquer l'impression partielle, sur laquelle la surcharge aurait été apposée normalement. Mais je n'y crois pas trop.

  La forme même de ce manque d'impression est plus que suspecte, puisque l'on voit qu'elle suit en bas le contour du timbre, sans atteindre les parallélogrammes situés en-dessous. C'est trop beau pour être vrai ! Ces parallélogrammes font partie du cylindre, ils sont encrés en même temps, et je ne vois pas pourquoi le manque d'encrage se serait arrêté ainsi : il devrait logiquement s'étendre à leur niveau. Il n'y a rien pour l'arrêter ainsi au bord inférieur du timbre. 

Reconnaissez que le morceau de papier suspecté aurait eu une forme bien particulière, et qu'il se serait positionné miraculeusement ainsi.

  De plus, en zoomant, on devine la valeur faciale et l'avant de la Semeuse, faiblement visibles malgré tout à cet endroit-là :


S'il n'y avait pas eu d'encrage, le manque serait uniforme, et on n'y verrait que le papier, resté vierge ! 

Comme sur cet exemple :


  Alors que sur ce bloc, la supercherie entreprise n'a pas réussi à effacer complètement l'encre violette qui existait bel et bien, et qui a dû subir l'action d'un composé chimique quelconque, utilisé pour faire croire à un défaut d'impression.

  Comme par hasard, vous remarquerez que l'encre des lettres de la surcharge a un peu bavouillé en bas à ce niveau, alors que ce n'est pas le cas sur les autres timbres, argument supplémentaire si besoin était.

  On voit aussi que la rangée de droite et séparée des deux autres au niveau de la dentelure, et qu'une consolidation a été nécessaire au dos. Comme si le bloc avait été déchiré lors de la manœuvre.

  Du coup, je pense que l'acheteur ne pourra pas prononcer à propos la célèbre phrase du Général De Gaulle choisie pour cet article !


   C'est ma conviction, mais je suis très curieux d'avoir votre avis !

(cliquez sur "Aucun commentaire" ci-dessous)



2 commentaires:

Gérard Gomez a dit…

Bonjour Frédéric.
Bravo pour ton analyse que je partage sans réserve.
Amicalement, Gérard GOMEZ.

semeuse13 a dit…

Merci Gérard !