Rechercher dans ce blog

Nombre total de pages vues

mercredi 19 mai 2010

Au bon temps où un demi-timbre à 15 centimes en valait dix !

Comme quoi il valait mieux être débrouillard à l'époque dans l'Océan Indien !






L'agent des Postes embarqué à bord de ce joli paquebot a dû être bien embêté un matin de novembre 1905 en trouvant désespérément vide la case du tiroir où il avait l'habitude de ranger ses timbres à 10 centimes. Plus un seul, tous vendus la veille !
" Merde ! " s'est-il sûrement exclamé.

D'autant plus que les clients passagers devaient être nombreux à se présenter à son guichet pour pouvoir affranchir les jolies cartes postales destinées à leurs familles ou amis.
Cartes souvent touristiques, achetées en souvenir d'une excursion, à Madagascar par exemple, et très impatiemment attendues par leurs destinataires en métropole.


En revanche, ce ne sont pas les timbres à 15 centimes qui manquent !
Et qui ne servent pas à grand chose en plus !
Alors, une idée astucieuse lui vint.
Peut-être avait-il entendu parler d'un précédent similaire survenu à un de ses collègues, et auquel l'administration postale avait brillamment su faire face ?

Ou bien était-il philatéliste en plus d'être ingénieux ?

Le voilà qui prend consciencieusement sa paire de ciseaux, et qui se met à découper quelques timbres à 15 centimes dont il n'aura vraisemblablement pas l'usage, pour les transformer en timbres à 10 centimes !


Il va même jusqu'à faire passer les cartes postales une à une dans sa bonne vielle machine à écrire et tape lui même à l'encre violette la mention que vous voyez sur cet exemple :





" Affranchissement spécial faute de timbres à 10 cent. "

Ceci afin d'éviter que l'on puisse croire à une tentative de fraude de la part de l'expéditeur.
Belle conscience professionnelle !
Il faut croire qu'il ne devait pas être trop débordé non plus...


Toujours est-il que ces courriers ont été acheminés régulièrement. Mission accomplie !
La preuve, on en trouve encore :



Mais à votre avis, est-ce que chaque timbre coupé en deux permettait à cet employé de s'enrichir sur le dos de ses clients ?

Si il vendait ses deux moitiés de timbre 10 centimes chacune, cela pouvait facilement lui rapporter à chaque fois 20 centimes, donc 5 centimes de bénéfice pour sa poche.
Ce qui aurait été un salaire bien mérité, ne trouvez-vous pas ?


En plus, il n'était pas obligé de le déclarer : qui allait venir le contrôler à l'autre bout du monde ?
Faut pas pousser non plus !

On peut même penser qu'il a très bien pu inventer toute cette histoire de pénurie de timbres dans un but inavouable d'enrichissement personnel, si l'on a mauvais esprit !

Ou bien alors était il si obsessionnel qu'il détruisait l'autre moitié de chaque timbre ?
Mais alors, dans ce cas, c'est la Poste qui en aurait été de sa poche !
Peu probable ! me direz-vous : on ne va pas se mettre à vendre les timbres au rabais pour autant !

Nul ne sait le fin mot de l'affaire, mais toujours est-il que ces courriers ont été appréciés par les philatélistes de l'époque, et le sont encore aujourd'hui.
Ils ne sont cependant pas courants.


Le bénéfice éventuel pour l'employé, aussi bien que la perte possible pour l'administration, n'ont pas dû être bien importants de toute façon.

Pas de quoi en faire une histoire, sauf si on est collectionneur...

mardi 11 mai 2010

Oh la jolie boulette !

Tous les philatélistes amateurs du type Semeuse connaissent par coeur le jour où cette jolie silhouette féminine, célèbre allégorie de la République Française, a commencé à affranchir le courrier dans notre pays : il s'agit du jeudi 2 avril 1903 !

Son charme va rapidement opérer, et son règne durera jusqu'à la seconde guerre mondiale, établissant ainsi un record encore inégalé de nos jours !

Elle sera même choisie à nouveau en 1960 à l'occasion de l'arrivée du nouveau franc.


Lors de la mise en vente aux guichets de la Poste, les gens se sont paraît-il bousculés, notamment dans les bureaux Parisiens, pour être les premiers servis et acquérir ce nouveau timbre à 15 centimes, destiné à affranchir les lettres simples pour l'intérieur : la Semeuse lignée était née, ainsi nommée à cause des lignes de fond qui faisaient mieux ressortir son relief : une prouesse due au grand talent d'Oscar Roty et Eugène Mouchon, ses créateurs.

On trouve donc assez facilement des courriers postés ce jour-là. Ils sont d'ailleurs assez recherchés par les collectionneurs, comme tout premier jour d'émission d'un timbre.


Est-ce l'émotion due à cette grande nouveauté qui a fait trembler ce jour-là les doigts d'un employé du bureau de la rue Jouffroy ?

Ou bien un moment d'inattention alors que comme chaque matin il mettait à jour la date sur son tampon ?

Ou bien a t'il été victime la veille d'un poisson d'avril ? Nul ne le saura jamais !


Errare humanum est...




Toujours est-il que cette lettre postée à destination de Sarlat se retrouve bel et bien affranchie d'un de ces tout nouveaux timbres, accompagné de son pont millésimé 3 (pour 1903), et oblitérée du 2 février 1903 au lieu du 2 avril !

Une jolie pièce pour ma collection : il s'agit très certainement de la plus précoce oblitération connue sur un timbre au type Semeuse !
Et même mieux puisque le timbre n'existait pas en février !


Mais, me direz-vous (les plus ingénieux d'entre vous) : pourquoi cet employé ne se serait-il pas trompé dans le réglage de l'année, plutôt que dans le mois ?
Une erreur survenue le 2 février d'une des années suivantes serait bien entendu restée sans le moindre intérêt pour la postérité.
Il aurait tout aussi bien pu se tromper à la fois dans le jour et dans le mois.
Rien ne dit que cette lettre a effectivement été postée le jour de l'émission du timbre.

Et bien si ! Il suffit de retourner la lettre pour s'apercevoir qu'elle est bien arrivée en Dordogne le lendemain de ce fameux premier jour : le 3 avril 1903 à Sarlat, preuve irréfutable qu'elle n'a pu être postée à Paris que la veille ! Le cachet de la Poste faisant foi.


Comme quoi le postier de Sarlat, en apposant son coup de tampon au verso, a permis de transformer l'erreur de son collègue Parisien, qui aurait très bien pu ne rester qu'anecdotique, en une belle curiosité pour philatéliste ! Que sa mémoire en soit remerciée !

Sed perseverare diabolicum...